FNH N° 1064 VE

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ECONOMIE

FINANCES NEWS HEBDO

DU 28/29/30 AVRIL 2022

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Encadrement des marchands ambulants

◆ Le phénomène continue de perturber le circuit organisé et la circulation. ◆ Un recensement et des études sur cette population s’imposent pour trouver des solutions. L’impasse !

«Pour résoudre un problème, il faut l’ana- lyser, le diagnostiquer, avoir des données fiables pour pouvoir dégager des solutions. Jusqu’à maintenant, nous ne connaissons

pas quel est le nombre exact des marchands ambulants au niveau national, ni leur répartition dans les villes, le genre de commerce qu’ils exercent et encore moins leurs lieux d’activité», souligne Abdessamad Haikar, député PJD. «Le problème implique plusieurs départements et collectivités locales.

L’exode rural, le chômage et la

conjoncture diffi- cile ont renforcé la population des mar- chands ambulants.

Outre celui du Commerce et de l’Inté- rieur, d’autres administrations ou interve- nants sont concernés, comme l’ONSSA ou l’INDH. Il faut une approche intégrée et concertée et minutieusement préparée, selon les conclusions des études menées. L’exécution des programmes doit être supervisée par le wali ou le gouverneur et ne doit pas être temporelle afin d’atteindre les objectifs escomptés. Il faut également s’inspirer des expériences réussies de pays comme la Turquie. Mais avant tout, pour réussir une telle stratégie, il faut une volonté politique» , a-t-il ajouté. Les autorités locales de Casablanca veulent relancer un ancien projet conçu en 2016 pour organiser les marchands ambu- lants. Le programme avait pour objectif d’identifier les marchands ambulants et de les réorienter par la suite vers le circuit formel. Au départ, il faut donc absolu- ment passer par l’étape du recensement, ensuite exiger une autorisation préalable qui fixe certaines conditions, comme la signature d’un engagement sur l’honneur de ne vendre que les produits conformes aux normes marocaines en matière d’hy- giène et sûreté alimentaires, de ne pas perturber la circulation ou les autres com- merces. Ils doivent aussi adhérer à l’assu- rance maladie obligatoire (AMO). Pour les séduire, les autorités devront pro- poser certains éléments d’intéressement comme leur recasement dans des lieux dédiés, la subvention de leur matériel de mobilité…. ◆

Pour sa part, le ministère de l’Intérieur, en partenariat avec les collectivités locales, a mis en œuvre un programme pour le regroupement des marchands ambulants dans des marchés pilotes. «C’est une expérience qui n’a réussi que dans des lieux limités, surtout dans les arrondissements qui ont vu une implica- tion forte du gouverneur, à l’exemple de Bernoussi. Par contre, dans d’autres lieux, de nombreux bénéficiaires ont préféré céder leurs commerces pour revenir à leur activité initiale. Certaines personnes ont bénéficié de ces commerces sans pour autant être éligibles. Pour des consi- dérations électorales, les présidents des communes et les membres du bureau ont favorisé celles qui leur sont fidèles», souligne Ahmed Belghiti de l’Union démo- cratique des commerçants et artisans (UDCA). Plusieurs partis veulent interpeller le gou- vernement à ce sujet pour avoir des expli- cations sur l’échec des stratégies mises en place. Le but étant de dégager les enseignements qui s’imposent et lancer des pistes de réflexion avec les acteurs concernés pour proposer des recomman- dations.

T ous les ministres qui se sont succédé à la tête du département de l’Industrie et du Commerce ont réalisé des résultats remar- quables dans le premier dépar- tement et n’ont pas pu atteindre les objectifs escomptés dans le deuxième. Et pour cause, le premier s’active dans un environnement organisé et structuré et le deuxième est plus dominé par l’infor- mel. L’activité des marchands ambulants demeure la plus compliquée et la plus déli- cate à restructurer. Le phénomène a pris des ampleurs alarmantes, surtout avec l’occupation du domaine public, causant des désagréments pour les riverains et impactant sérieusement le trafic routier et la sécurité des piétons. Certains quartiers deviennent infréquen- tables et sont redoutés par les transpor- teurs et les taxieurs. Le gouvernement a lancé différentes stratégies et programmes pour organiser l’activité, mais les résultats n’ont pas suivi. Le plan Rawaj 2009-2013 a profité essen- tiellement à la grande distribution et s’est avéré un fiasco pour les autres segments. Par C. Jaidani

Le ministère de l’Intérieur, en partena- riat avec les collectivités locales, a mis en œuvre un programme pour le regrou- pement des marchands ambulants dans des mar- chés pilotes.

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