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ECONOMIE
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JEUDI 11 NOVEMBRE 2021
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du budget de la santé (Entre 3,5 et 8,7%, avec une moyenne de 7,2%). Cela classe notre pays parmi les plus mauvais élèves du monde (103ème rang sur 171 pays). Et malheureusement, nous sommes aussi mal classés dans notre conti- nent (13 ème rang en Afrique). Ce taux de 8,7% est largement en dessous du taux recommandé par l’Organisation mondiale de la santé (12%), et surtout de celui de la déclaration d’Abuja de l’Union africaine (15%), pour faire face aux défis sanitaires, et notamment les plus urgents et améliorer notre système de santé qui a souffert de nombreuses accumulations et d’un important retard de l’offre des soins par rapport aux besoins du pays. Ceci est d’autant plus vrai que le Maroc s’est engagé dans la réalisation d’un chantier historique et ambitieux qui est l’extension de la couverture sanitaire à 22 autres millions de citoyens. Chantier sur lequel le Roi Mohammed VI a insisté, lors de son discours de l’ouver- ture de la 1 ère session de la 1 ère année législative de la 11 ème législature, le 8 octobre dernier. Or, il s’agira de finan- cer de manière soutenable l’inclusion de 22 millions de personnes dans la couverture sanitaire universelle, mais aussi les besoins croissants de finan- cement en raison du vieillissement de la population marocaine et de l’aug- mentation des infections de longue durée (Diabète, hypertension etc.) et des infections lourdes et coûteuses (Cancers...), ainsi que pour faire face à d’éventuelles épidémies, notamment la Covid-19, et toutes autres urgences de santé publique auxquels notre pays pourra être confronté. Dans ce cadre, le plus grand enjeu auquel est confronté notre système de santé est à la fois d’augmenter son budget tout en assurant une gestion efficiente des ressources disponibles et leur optimisation. Concernant le financement de la santé, logiquement, le budget du ministère de la Santé doit être situé entre 41 et 50 milliards de dirhams et non pas à 23,5 milliards, sachant qu’il restera encore à chiffrer avec plus de précision les besoins en diagnostics et en soins des 22 millions de citoyens qui restent à inclure dans la couverture sanitaire universelle (CSU).
Evolution annuelle des budgets généraux, des budgets du ministère de la Santé et de leurs rapports*
(En milliards de dirhams)
PLF 2016 PLF 2017 PLF 2018 PLF 2019 PLF 2020 PLF 2021 PLF 2022
Budget général
216,9
398,3
223,0
243,6
250,6
254,3
270,4
Budget ministère de la Santé (M.S)
14,3
14,1
14,8
16,3
14,3
19,8
23,5
Personnel du (M.S)
7,5
7,5
7,9
8,6
10,9
10,4
11,4
Matériel et dépenses diverses du (M.S)
4,3
4,3
4,3
4,5
0,0
5,1
5,3
Investissements (M.S)
2,5
2,4
2,6
3,3
3,4
4,2
6,9
Dépenses (M.S) / Budget général
6,6% 3,5% 6,6% 6,7% 5,7% 7,8% 8,7%
(*) : Sources : PLF 2016, PLF 2017, PLF 2018, PLF 2019, PLF 2020, PLF 2021 et PLF 2022
F.N.H. : L’élargissement de la cou- verture médicale à 22 millions de nouveaux bénéficiaires est un défi immense. Comment l’Etat va pouvoir honorer cet engage- ment ? A. B. : Intégrer 22 millions de personnes dans la couverture sanitaire universelle, dans un esprit d’égalité des chances à l’accès aux diagnostics et aux soins pour éviter à tout prix un système de santé à deux vitesses. On doit tirer les enseignements du Ramed où les «ramé- distes» n’avaient pas la liberté de se soigner hors des hôpitaux, mal équipés et manquant cruellement de person- nel, contrairement aux bénéficiaires de l’AMO. Ils étaient acculés à se soigner uniquement dans ces structures, même en cas d’absence de spécialistes ou de pannes du matériel. Ils avaient bel et bien bénéficié d’un service médical gra- tuit, mais souvent inexistant. Ils ont dû faire face à des rendez-vous médicaux espacés, pouvant parfois dépasser les 6 mois, voire plus. Il faut rappeler que notre système de santé souffre d’abord d’un problème de gouvernance, auquel s’ajoutent le problème de budget et celui de l’insuffisance des ressources humaines. On ne peut réformer notre système de santé sans s’attaquer en premier aux problèmes de gouvernance qui impactent la qualité et la quan- tité des services rendus à la population. Cette réforme constitue indiscutable- ment le chantier le plus important auquel doit s’attaquer le ministère de la Santé, en plus du problème budgétaire.
F.N.H. : Le PLF 2022 prévoit une reforme du système de santé basé sur 4 axes, notamment la valorisation des ressources humaines et la poursuite du pro- gramme de réhabilitation des hôpitaux. Est-ce une équation difficile à résoudre ? A. B. : Pour ce qui est de la réhabi- litation des hôpitaux, c’est un chan- tier relativement simple car il suffit de mettre des moyens financiers suffisants pour construire de nouvelles infras- tructures hospitalières ou pour amélio- rer et équiper celles qui existent déjà. Condition nécessaire mais non suffi- sante, car sans personnel soignant pour prendre place dans ces infrastructures, on risque de se retrouver avec des murs vides et donc inutiles. Le volet de la valorisation des ressources humaines reste le véritable défi qui se pose. Notre pays souffre d’une grande carence en ressources humaines, et notamment au niveau du secteur public. Déjà, en 2017, le ministre de la Santé de l’époque, Houcine El Ouardi, avait souligné que 28% des médecins et 43% des infir- miers seront retraités et partiront à l’horizon 2030. Il avait également révélé que plus de 900 démissions par voie judiciaire avaient été enregistrées par des médecins résidents contractuels et les départs définitifs vers l’étran- ger. Comment remplacer alors tous ces départs et augmenter globalement les effectifs des professionnels de la santé ? Les solutions à court terme passent, d’une part, par le recrutement des
Notre sys- tème de
santé souffre d’abord d’un problème de gouver- nance, auquel s’ajoutent le problème
de budget et celui de l’insuffi- sance des ressources humaines.
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