D EVELOPPEMENT DURABLE
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JEUDI 11 NOVEMBRE 2021 FINANCES NEWS HEBDO
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◆ L’Accord de Paris, une prouesse diplomatique majeure que la COP26, sous le leadership du Royaume-Uni et de Boris Johnson, entend relancer pour redonner du sens concret à la lutte contre les effets nocifs du changement climatique. ◆ Les engagements et initiatives climatiques du Maroc en Afrique et dans le monde rappelés dans le discours royal lu par le chef du gouvernement devant les chefs d’Etat réunis à Glasgow. ◆ Les travaux sur le changement climatique de l’Institut royal des études stratégiques mettent en valeur l’expertise marocaine. ◆ Entretien avec Taoufiq Boudchiche, économiste et ancien fonctionnaire international. «Le Royaume est bien outillé pour appréhender les enjeux climatiques» COP26
Propos recueillis par Ibtissam Z.
Finances News Hebdo : Quelles sont les nouveautés attendues de la COP26 ? Taoufiq Boudchiche : De manière géné- rale, les rencontres multilatérales sur le climat sont toujours des moments impor- tants sur le plan diplomatique, car elles sont le lieu de négociations intergouverne- mentales toujours complexes et difficiles, étant donné les intérêts contradictoires que cristallise la lutte mondiale contre le réchauffement climatique. Dans l’histoire des COP depuis la pre- mière rencontre sur le climat organisé en 1995 à Rio, sous l’égide des Nations unies, certaines COP sont plus marquantes que d’autres par l’importance des enjeux négo- ciés. Par exemple, la COP21, qui a abouti à l’accord de Paris, accord qualifié à l’époque «d’universel et ambitieux», engageant, quoique de manière non contraignante, les 195 Etats et gouvernements sur des objec- tifs et des actions de lutte contre le climat, a été une sorte de «miracle et de prouesse diplomatiques». Il faut rendre hommage à la diplomatie française de l’époque d’avoir facilité et permis d’aboutir à un accord historique sur le climat de cette dimen- sion. Maintenant, il s’agit de le concréti- ser. Depuis, les négociations piétinent sur des questions importantes telles que l’aide promise aux pays du Sud pour limiter les impacts négatifs du changement climatique et pour qu’ils mettent en œuvre des straté- gies d’adaptation.
Les COP sont des masto- dontes diplo- matiques. Un pays seul ne peut faire entendre sa voix dans le concert des intérêts mul- tiples et com- plexes qui s’en- trechoquent à ces occasions.
Cette COP26 sera également un moment important dans le cycle des négociations climatiques. Elle était très attendue pour plusieurs motifs. Le premier et non des moindres est le retour de la superpuissance américaine dans l’Accord de Paris conclu en 2015 dans la ville lumière. C’était le premier accord qui engageait les 195 Etats et gouvernements dans des objectifs de limitation des émissions de CO2 pour sau- ver la planète du réchauffement climatique. Le réchauffement, on le sait aujourd’hui, confirmé à travers des données probantes
des scientifiques, est le résultat de l’action humaine. Ce retour des Etats-Unis, com- biné à l’engagement personnel du président Biden sur les questions climatiques, redy- namise la lutte mondiale contre le réchauf- fement climatique après la parenthèse du président sortant Trump. Celui-ci avait acté, non sans triomphalisme, le retrait des Etats- Unis de l’Accord de Paris, à la grande satis- faction des intérêts des climato-sceptiques ou de ceux dont les intérêts à court terme pouvaient se sentir menacés, comme les pays pétroliers ou les utilisateurs massifs
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