FNH N° 1043

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FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 11 NOVEMBRE 2021

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Expositions Balbzioui, à cor et à cri

Indubitablement peintre et dessinateur, il s’évertue dans un registre néo-expres- sionniste et crée un monde se situant à la lisière du réel et de l’imaginaire, dans un entre-deux ouvert à tous les vents. La peinture de Yassine est celle du témoi- gnage. Comment l’art pourrait-il ignorer que nous vivons une époque formidable de haines, de guerres, d’injustices ? Le cynisme du constat froid n’étant pas sa tasse de thé, il a mis sa peinture au service de l’humain soufrant. Si ses sujets se trouvent dans une pos- ture absurde et étrange, voire transformée en fantôme, c’est pour refléter l’humaine condition. Mais dans sa dérision, son idio- tie, son grotesque… dans son anima- lité, tout court. Et, le plus souvent sous le couvert du masque. Dans ses peintures, mains, verres, fleurs, capuches, arcs-en- ciel ou peu importe quel motif, bardent les visages. L’expo, intitulée «Ermites», présente une

série de ses récents travaux, essentiel- lement composée de peintures et d’une sculpture en bronze. « Ce titre paradoxal, un ermite par définition ne pouvant vivre que seul, est le résultat d’une réflexion de l’artiste sur l’idée utopique de vivre simul- tanément en ermite et collectivement, un regard philosophique en référence à ce monde d’aujourd’hui où les informations contradictoires sont constantes », lit-on dans la fiche de présentation dudit solo- show de l’artiste. L’artiste plasticien pluridisciplinaire Yassine Balbzioui, né en 1972, puise son inspiration dans le quotidien pour donner forme à l’informe. Avec une palette de verts profonds traités comme un appel vers les grands espaces de dame Nature, il met à la portée de nos regards des scènes qui semblent venues d’un autre univers, et où il invite ses personnages à un huis clos à la fois psychodramatique et drôle. ◆

Y assine Balbzioui rechigne, pour des raisons obscures, à exposer sur son sol natal. A force, sa peinture, quand bien même elle serait plébiscitée sous des cieux distants, reste méconnue au Maroc. Chapeau bas à la galerie Shart

qui a réussi le coup d’éclat de mettre le grappin sur ce volage adorateur de mille horizons nouveaux. Une pluie de figures invite à (re) découvrir cet homme d’exi- gences et à déguster sa fervente leçon de peinture.

*A galerie Shart (Casablanca), jusqu’au 20 novembre 2021.

Des Timgharin en force Et c’est parti pour une découverte des cultures numériques ! M ise en orbite par la Fondation Al Mada à la Villa des arts de Rabat, le group-show «Tamghart (Femme N otre époque, parlons-en. La société tout entière, ses rap- ports de production écono-

en Amazigh)» se veut une célébration de la vie moyennant un déluge de supports, de matières, de formes et de couleurs. Métisse, singulière et universelle, cette exposition nous plonge dans l’univers personnel de trois artistes aux parcours distincts et aux expres- sions spontanées, mais dont l’approche humaine demeure la même pour combattre « l’immense cacophonie du siècle, la tristesse et l’absence de sens ». Pour sa part, Rim Laâbi propose deux ins- tallations faisant étalage d’une trentaine d’œuvres sur papier, à la fois des traces de mémoire et des lignes de force. Quant à Farah Chaoui, ses toiles et sculptures sont nettement expressionnistes. Monia Abdelali, elle, offre à voir neuf sculptures faites avec de l’argile – qui a été enroulé à la fin avec du car- ton recyclé pour avoir un coté ludique. Ses personnages loufoques que l’on dirait sortis des bandes dessinées, mettent au pilori les injustices sociétales et pointent intrinsèque- ment du doigt la condition féminine. ◆

mique, ses habitudes de communica- tion et d'information, sa conception des savoirs et de la connaissance, sa manière d'écrire - et de s'écrire, de penser et de créer -, mute sous l'effet des machines numériques. L'art n'y échappe pas. Bien au contraire. Voilà ce que propose l’Ins- titut français (IF) de Casablanca avec l’exposition « Escape, voyage au cœur des cultures numériques ». Histoire de décliner les changements de notre époque; et ce à travers une tren- taine de créations mêlant œuvres d’art numérique, web documentaires, jeux vidéo, expériences en réalité augmentée. Tout au long du mois de novembre, l’IF donne accès aux arts et cultures numériques et invite les visiteurs à découvrir des dispositifs innovants et des esthétiques renouvelées. A ceux nés avec le Web, le minitel ou

la télévision, on tend à vous montrer que les machines de communication agissent sur ce que l'on dit, que la science et les technologies pro- duisent un imaginaire et qu'elles en dépendent aussi… « Escape, voyage au cœur des cultures numériques » invite à mieux comprendre les bouleversements causés par la révolution numérique

et explore les grandes notions qui la composent. Dans une époque qui nous incite sans cesse à nous connecter, on vous propose, ici, de regarder le monde numérique avec un œil critique, à faire un pas de côté et échapper un instant à son emprise, à retrouver notre libre arbitre; à appuyer sur la touche «Escape». ◆

*Jusqu’au 31 décembre 2021

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