FNH N° 1010

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ECONOMIE

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 11 FÉVRIER 2021

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niques des professionnels de la santé pour l’usage de la télémédecine, il faudra orga- niser des formations de différents niveaux : formation par apprentissage, formation de courtes durées axées sur un équipement précis ou adapté à un projet donné, forma- tion continue accélérée ou étalée, la mise en place de Diplômes universitaires (D.U) spécialisés ou de Masters professionnels avancés. Il est aussi primordial d’inté- grer des modules de télémédecine dans le cursus des professionnels de la santé, médecins, pharma- ciens, infirmiers, mais aussi dans les cycles d'ingénieur biomédical. A notre connaissance, à ce jour au Maroc il existe deux seules for- mations de télémédecine, dont un D.U à la Faculté de médecine de Casablanca et un Master à l’Uni- versité Mohammed VI des sciences de la santé (UM6SS). F.N.H. : Quels pourraient être les freins face à l'émergence de la télémédecine au Maroc ? H. G. : De façon plus générale, les freins à un déploiement plus vaste et rapide de la télémédecine sont d’ordres technique, mais aussi éthique, juridique, économique et sociétal. Il est fort de noter que la plu- part des initiatives de télémédecine au Maroc n'ont pas dépassé la phase pilote. Un certain nombre de défis restent à sur- monter, notamment l'absence de stratégie nationale dédiée e-santé, manque de cla- rification concernant certains aspects du cadre juridique, inadéquation de l'infras- tructure informatique dans bon nombre d’hôpitaux publics, et surtout le manque de personnel qualifié pour la mise en place de projets de télémédecine. D'autres ques- tions éthiques à résoudre concernent les droits des patients, les normes de qualité et la propriété des données. Du côté réglementaire, des améliorations importantes, à notre sens, devraient être apportées à la loi, notamment concernant les questions de la tarification et du rem- boursement. Il faudrait aussi préparer une réglementation claire de remboursement des actes de télé-expertise pour que cette autre composante de télémédecine puisse prendre son chemin dans le système de santé digitale au Maroc. Il faudrait réfléchir à un modèle économique pertinent, per- formant et viable. A cet égard, les acteurs technologiques et investisseurs sont invi- tés à participer à cette nouvelle transfor- mation digitale du secteur de la santé. ◆

Un certain nombre d’initiatives de télémédecine ont été lancées depuis une vingtaine d'années au Maroc et concernent divers domaines tels que la télé-patho- logie, la télé-oncologie, et la télé-radiologie.

F.N.H. : Les professionnels de la santé devront maîtriser l’outil informatique afin de mener à bien leurs missions. Comment renforcer leurs compétences sur ce volet-là ? H. G. : Les plateformes technologiques destinées au secteur médical libéral se multiplient. Les hôpitaux privés, mais aussi publics s'intéressent de plus en plus à l'implémentation de la e-santé et la télé- médecine. Aussi, est-il fort de constater que des systèmes de gestion de l'infor- mation sanitaire sont mis en œuvre dans un nombre croissant d'hôpitaux publics et privés à travers le pays. De même, si les dossiers médicaux électroniques ne sont pas encore une pierre angulaire essentielle pour soutenir les services de soins de santé, la prise de conscience de la nécessité de passer au dossier médi- cal digital gagne du terrain. Tous ces éléments démontent l’importance crois- sante qu’occupent les TIC dans le système de santé. Afin de garantir l'adhésion des professionnels de la santé aux différents niveaux, il faudrait les impliquer dès l'étape de conception du passage au digital et la mise en place de programmes de télémé- decine, y compris veiller à avoir leurs avis sur le choix du matériel et équipements informatiques. En effet, la transformation numérique peut s’apparenter à un chan- gement d’habitudes de travail, et dans ce contexte les aspects techniques peuvent revêtir une importance capitale. Afin de renforcer les compétences tech-

santé du patient. Les données de santé sont des données personnelles particu- lières, car considérées comme sensibles. Elles font l’objet d’une protection spé- cifique par les textes afin de garantir le respect de la vie privée des personnes. La CNDP collabore avec les différents acteurs concernés (ministère de la Santé, Autorité de contrôle de l’assurance et de la prévoyance sociale (ACAPS), assurances, mutuelles, caisses de retraite, conseils ordinaux (médecins, pharmaciens, den- tistes), et Agence nationale de l’assurance maladie (ANAM)) pour recenser toutes les spécificités du secteur de la santé et accompagner sa mise en conformité en matière de protection des données médi- cales à caractère personnel et d’en assurer une meilleure protection. Le personnel médical et de santé devraient être sensibilisés à ces aspects-là. Notamment le fait que la protection des données s’applique aux traitements infor- matiques, mais aussi aux dossiers papiers où la transmission des données de santé des patients doit être limitée aux seules personnes qui sont autorisées à y accéder au regard de leurs missions. La CNDP et les acteurs de santé devraient se mettre d’accord sur une définition des données de santé et en informer de façon claire les professionnels de la santé et les patients. Il faudra renseigner ceux-ci de quelles informations est-il possible de collecter et transmettre aux professionnels, orga- nismes ou autorités qui le demandent.

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Afin de garantir l'ad- hésion des profession- nels de santé aux différents niveaux, il faudrait les impliquer dès l'étape de conception du passage au digital et la mise en place de pro- grammes de télémédecine.

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