Arts
Des vernissages disparus des calendriers
Daoudi . Des gens qui s’intéressent à l’art ne pouvant plus se rendre dans les galeries, pourront alors passer par ces canaux. Ceux-ci deviennent aujourd’hui les portes d’entrées aux galeries ». Cela constituera d’autres archives que les simples catalogues imprimés, et s’adressera à un plus large public, au- delà de ceux qui pouvaient venir en per- sonne. Ce qui fait dire à Abla Ababou, autre galeriste à Rabat, qu’« une exposi- tion virtuelle permettra de démocratiser l’art. Même si une exposition virtuelle ne remplacera jamais une exposition traditionnelle ». Le site Internet de la Fondation natio- nale des musées n’a pas été le seul à enregistrer des records de fréquentation durant le confinement. Partout dans le monde, l’offre en ligne des musées et des galeries d’art a été prise d’assaut. Tous les musées dignes de ce nom proposent désormais des salles d’expo- sition virtuelles. Dans le même temps, les réseaux sociaux ont permis aux musées, même les plus engoncés dans leur prestige, de communiquer avec leur public de façon moins institutionnelle, plus participa- tive, plus détendue. Empêché de se rendre dans des lieux d’exposition, le public ne renonce pas à assouvir sa soif d’art. u
L e 16 mars, le commu- niqué est tombé dans les boîtes mails avec un léger «ping», mais son écho fut retentissant dans le monde de l’art. Musées et galeries fermèrent boutique avec des conséquences qu’on imagine désastreuses pour les artistes, les enca- dreurs, les régisseurs, les auteurs, les commissaires… Beaucoup de galeries d’art étaient déjà au bord de l’asphyxie financière, la plupart ne possédant pas la trésorerie nécessaire pour survivre à une ferme- ture de 3 mois. « On essaie déjà de voir comment on va survivre. On n’est pas forcément à l’abri durant cette période. Nous piochons dans nos réserves, essayons de vendre ce que nous pouvons vendre, de régler les artistes », nous racontait le galeriste Hicham Daoudi, l’un des grands du marché. Et d’ajouter que « nous avions une expo de Fatiha Zemmouri qui venait de démarrer, et nous devions avoir une grande expo de Hassan Bourkia. Celle-ci est décalée et c’est dommage, parce que c’est une expo qui a pris deux ans de préparation. Nous étions très enthousiastes à l’idée de pouvoir montrer les recherches de cet artiste qui, pour nous, est l’un des grands artistes de notre scène contemporaine. Vente en ligne, fin des vernissages, recul des foires… : la pandémie a contraint les galeristes à revoir leur modèle.
Le Comptoir des Mines Galerie est de nouveau ouvert et présente sa nouvelle ex- position «Ré- sistance d’une promesse».
Malheureusement, ce plaisir n’est que décalé et nous espérons découvrir Bourkia ». Passé la sidération, le monde du marché de l’art se voit contraint de s’interroger sur ses usages passés et sur l’«après» : après la réouverture d’abord, après la crise sanitaire ensuite. L’exposition grand spectacle ne sera plus possible comme avant : l’accord paraît unanime sur ce point en raison de la pandémie. Galeries et musées ont été fermés et ont enregistré de lourdes pertes financières. Mais beaucoup conti- nuent à vivre, à la fois en interne et vers le public, par la diffusion de contenus sur leur site web et les réseaux sociaux. « Les plateformes virtuelles existent depuis un certain nombre d’années, mais aujourd’hui, elles vont prendre une importance considérable, dit Hicham
Une exposition virtuelle permettra de démocratiser l’art. Même si elle ne rempla- cera jamais une exposition traditionnelle.
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FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°39 ]
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