SPÉCIALE EDITION COVID-19
“I l faut tout d’abord maîtriser la situation épidé- miologique et faire un pilotage intelligent pour apprendre à vivre avec le virus sans subir ses effets néfastes à grande échelle. Il faut aussi mobiliser tout le monde autour de la même démarche. Un ennemi commun nécessite un effort national unifié. Du point de vue économique, il faut qu’on injecte suffisam- ment de liquidité dans l’économie pour lui donner un coup de fouet nécessaire pour sa relance ! Aussi, faut-il mettre en place des indicateurs comme l’emploi, les réserves en devises, la rentabilité fiscale, la sécurité alimentaire et la sécurité sanitaire dans la priorisation de l’action gouverne- mentale de soutien aux secteurs. Enfin, il faut donner une attention particulière aux secteurs structurants comme le secteur du tourisme : sauver le tou- risme aura un impact salvateur sur l’artisanat, l’aérien et l’industrie culturelle et créative». LAHCEN HADDAD Député istiqlalien et ancien ministre A chaque chose malheur est bon. Tout le monde s’accorde aujourd’hui sur la nécessité de mettre un place un nouveau modèle de développement (NMD), qui marque une véritable rupture avec le modèle en cours et dont on a mesuré les limites et les insuffisances. Le NMD doit mettre l’homme et la nature au centre des pré- occupations de l’activité économique. En d’autres termes, la satisfaction des besoins sociaux de la population doit être le mobile fondamental de la croissance et non la réalisation du profit. Un modèle à la fois économique, mais aussi écologique. L’Etat et le secteur public doivent être réhabilités. La crise que nous vivons, a montré la nécessité d’un Etat fort, stratège, régulateur, mais démocratique. On préconisera une complé- mentarité entre l’Etat (et le secteur public) et le secteur privé, conformément au principe de «subsidiarité». A chaque fois que l’entreprise privée serait en mesure de réaliser un bien marchand répondant au meilleur rapport prix qualité, qu’elle le fasse. Mais dès lors qu’il s’agit de biens publics non marchands comme l’éducation, la santé, l’énergie, l’eau, le transport public ou de certaines activités stratégiques pour le pays (comme les télécommunications et le numérique à titre d’exemples), c’est le secteur public qui doit avoir la prééminence. Par ailleurs, vu son coût élevé pour l’économie et son caractère néfaste pour la société, il faut bannir à jamais l’économie de rente et combattre l’esprit de rente qui se propage dans notre société comme un virus. Eradiquer la gangrène de la corruption et protéger toutes les personnes qui la dénoncent. ABDESLAM SEDDIKI Economiste et ancien ministre
A cet égard, nous avons besoin d’une justice réellement indé- pendante pour consolider l’Etat de droit et mettre fin à tous les arbitraires, y compris de la part de l’administration. Enfin, nos institutions, à tous les niveaux, doivent être fortes et crédibles. C’est le seul moyen de réconcilier le citoyen avec le politique et d’en faire un acteur du changement. Il faut espé- rer que la Commission spéciale du modèle de développement (CSMD) que préside M. Chakib Benmoussa aille dans ce sens. Notre pays a besoin d’un changement, d’un vrai changement et non d’un simple lifting au niveau de la méthode de réfléchir et de la manière de faire et d’agir».
112 FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°39 ]
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