FNH N° 1016

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BOURSE & FINANCES

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 25 MARS 2021

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Perspectives économiques

◆ La Banque centrale s’attend à une année 2021 meilleure que prévue en termes de croissance. ◆ Pour les exercices à venir, les finances publiques resteront sous pression, avec des niveaux de déficit et d’endettement élevés. Optimisme ambiant pour 2021 S ans surprise, Bank Al-Maghrib a obser- vé une pause dans sa politique moné- taire pour ce premier Par Y. Seddik

apporté des révisions aux hypo- thèses retenues dans le scénario de décembre dernier, en y rajou- tant ces nouveaux paramètres. Résultat des courses : l’institu- tion monétaire table désormais sur une croissance de 5,3% pour 2021, après une forte récession de 7% en 2020, la plus forte jamais enregistrée depuis le début de la compilation des comptes nationaux. Abdellatif Jouahri, wali de Bank Al-Maghrib, a estimé que la relance économique ne sera totale que lorsqu’on aura touché l’immunité col- lective. C’est-à-dire, lorsque nous aurons vacciné entre 70% et 80% de la population ou 20 millions de personnes. Pour lui, «le 5,3% de croissance annoncé est d’abord déterminé de façon essentielle par le niveau de la récolte et l’augmentation de la valeur ajoutée agricole, qui progresserait de 17,6%, sous l’hypothèse d’une production céréalière prévue autour de 95 MQx». Malgré la reprise économique qui se profile, les incertitudes ne se dissipent pas. Toujours lucide et pragmatique, le wali a pré- venu qu’ «un niveau exception- nellement élevé d’incertitudes persiste, en lien notamment avec l’évolution de la situation et les capacités actuelles de produc- tion des vaccins ainsi que les délais de leur livraison». Les finances publiques sous pression Après s’être établi à 7,6% du PIB en 2020, le déficit budgé- taire devrait revenir à 7,2% du PIB en 2021, au lieu de 6,5%

Conseil de l’année 2021, avec un taux directeur maintenu à 1,5%. Un statu quo qui intervient après une année où la Banque centrale a déployé un arsenal de mesures permettant de maintenir l’éco- nomie à flot. Des mesures qui avaient été saluées et qui ont pris le temps de se répercuter sur la sphère réelle, et particulièrement sur les coûts de financement. En effet, sur l’ensemble de l’an- née 2020, les taux débiteurs ont baissé de 49 points de base en moyenne. Les TPME ont le plus profité de la situation, avec une baisse de 119 pbs des taux débi- teurs appliqués par les banques. Cet élément a sans doute influé le choix monétaire du Conseil, qui a estimé «que l’orientation de la politique monétaire reste lar- gement accommodante, assu- rant des conditions de finance- ment adéquates».

Après s’être établi à 7,6% du PIB en 2020, le déficit budgé- taire devrait revenir à 7,2% du PIB en 2021, au lieu de 6,5% prévu en décembre.

prévu en décembre. Ces pré- visions incorporent une légère progression des recettes fis- cales, tenant compte des projec- tions de BAM de la croissance économique plus optimistes que celles retenues en décembre. Du côté des dépenses, celles d’investissement et de com- pensation en particulier ont été revues à la hausse. Pour 2022, le déficit hors privatisation est estimé à 6,7% du PIB. La consé- quence directe de l’aggrava- tion du déficit budgétaire est évidemment l’endettement du Trésor. Depuis 2015, celui-ci se stabilisait autour de 65% du PIB. Selon les estimations de BAM, l’endettement du Trésor aurait augmenté à 77,4% du PIB en 2020, et devrait atteindre 79% en 2021, puis 81,3% en 2022. «D’un seul coup (entre 2019 et 2020 : ndlr), nous avons pris plus de 10 points sur l’endettement. Il y aura aggravation de la dette du Trésor jusqu’en 2022» , a sou- ligné le wali. Notons enfin que sa composante intérieure progres-

serait de 58,4% du PIB en 2020 à 58,5% en 2021, et se situerait à 60,2% en 2022. La dette exté- rieure du Trésor passerait de 19% du PIB en 2020 à 20,5% en 2021, puis à 21,1% en 2022. Pressions désinflationnistes en 2020 Le Conseil a également noté que sous l’effet des pressions désinflationnistes émanant de la demande, l’inflation est restée faible en 2020. Avec la reprise de l’activité et l’augmentation des cours internationaux du pétrole et de certains produits alimen- taires, elle devrait s’inscrire en hausse, tout en demeurant à des niveaux modérés, passant à 0,9% en 2021, puis à 1,2% en 2022. Sa composante fon- damentale connaîtrait une évo- lution similaire, s’établissant à 1,2% en 2021 après un taux de 0,5% en 2020, puis s’accélérant à 1,5% en 2022. Des prévisions qui devront rassurer les opéra- teurs, s'il le fallait, sur l'orienta- tion des taux à court terme. ◆

Pour Bank Al-Maghrib, plusieurs éléments renforcent l’optimisme quant à une reprise plus vigoureuse de l’activité éco- nomique en 2021.

Reprise économique vs immunité collective

En ce qui concerne la croissance, le déploiement du vaccin contre la Covid-19, le maintien prévu des mesures de soutien budgé- taires et monétaires, les condi- tions climatiques favorables et les effets positifs escomptés de la mise en place du Fonds Mohammed VI pour l’investis- sement renforcent l’optimisme quant à une reprise plus vigou- reuse de l’activité économique. La Banque centrale a d’ailleurs

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