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SAM ALLONS

01 | 2024

NOTRE PAIN QUOTIDIEN

ÉDITORIAL

SOMMAIRE 02 Éditorial Tobias Göttling

Tobias Göttling Rédacteur du SAM Allons

03 Pris sur le vif Hansjörg Mannale

Ce qu’il nous faut pour vivre « Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien. » Tout le monde connaît cette phrase du Notre Père. Elle contient bien plus qu’une simple demande spontanée de nourriture et de pain au sens littéral. Elle exprime à la fois une de- mande et une confiance sincère en Dieu qui pourvoit : avec tout ce dont nous, les humains, avons besoin chaque jour. Mais comment concilier cela avec le fait que cette de- mande ne se réalise pas, ou du moins pas encore, pour de nombreuses personnes qui vivent dans une pauvreté ex- trême et souffrent de la faim ? Accusons-nous Dieu, accu- sons-nous l’injustice de ce monde dans lequel la moitié la plus pauvre de l’humanité ne dispose que de 1% de tous les biens, alors que les 1% les plus riches possèdent en- viron 50% de la fortune totale ? Plus de 700 millions (!) de personnes souffrent de la faim, alors qu’il y aurait en fait suffisamment de nourriture, de connaissances et de ressources pour tous. Il ne sert à rien de se contenter de se plaindre et de rester dans un sentiment d’impuissance. Ce qui est utile, c’est que des gens se mettent à l’œuvre pour changer les choses avec les moyens dont ils disposent. C’est pourquoi je suis impressionné lorsque des personnes comme l’ancien président de SAM global, Daniel Berger, « laissent tomber » leur carrière et leur pays pendant des années et partent, par amour pour leurs prochains, accom- pagner leurs semblables sur le chemin d’un avenir meil- leur. Lorsque nous reconnaissons notre prochain dans des personnes étrangères, défavorisées et dans le besoin et que nous sommes en route avec elles vers une vie dans la di- gnité, alors la mission que Jésus nous a confiée et dont Il a été l’exemple, s’accomplit. Je suis aussi impressionné lorsque des personnes font des dons pour des projets si importants, et partagent ainsi ce qui leur a été donné, par amour pour Dieu et pour leurs prochains. Ou encore lorsque des chrétiens se laissent gui- der et font vivre aux gens les promesses de Dieu au milieu d’un monde brisé et injuste.

04 Le thème du titre : un agro- nome avec une vision Daniel Berger, notre ancien président

06 ProAGRO,

l’histoire d’un succès Zaoro M., directeur de ProAGRO, Guinée

08 Des solutions pour faire face au changement climatique Sosthène N., agroéconomiste, Burkina Faso

09 Pour que TOUS aient assez à manger Jonathan O., directeur du CEFM, Burkina Faso

10 Excellent « eggscellent » & bénéfique ! David Keller, responsable pays

11 Le Sertão brésilien recom- mence à fleurir ! Martin et Susanne B., Brésil

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PRIS SUR LE VIF

12 Une alimentation variée pour une bonne santé Emanuel W., Guinée

L’Afrique au fil du temps Il y a 30 ans, ma femme et moi étions engagés dans le nord du Cameroun. Début novembre 2023, je me suis rendu au Burkina Faso avec Andreas Zurbrügg et Helmut Grob, dans un pays aujourd’hui peu sûr. Du temps où j’étais en Afrique, il y avait certes des vols et des cambriolages, mais nous pouvions nous déplacer en toute sécurité dans le pays, sans le danger de terroristes tuant des gens ou les faisant fuir. Entre-temps, on ne peut plus faire de visites qu’à proximité de la capitale et dans une autre grande ville. Dès notre arrivée, le responsable du réseau d’écoles chrétiennes est venu nous chercher. Grâce à des in- vestissements d’organisations, ils ont acheté des ter- rains pour construire un centre de formation et d’administration. Aujourd’hui, beaucoup plus de décisions sont prises sur place qu’à mon époque. Le projet agricole que SAM global soutient depuis un an est géré par une organisation partenaire locale. Le res- ponsable, Sosthène N., est très bien formé et dispose de connaissances approfondies. Il a à ses côtés trois forma- teurs et une formatrice qui parlent parfaitement le français. Équipés de motos, ils se rendent dans les villages. L’ob- jectif du programme de formation est de proposer diffé- rentes méthodes, par exemple l’utilisation du compost, pour produire plus de nourriture sur de petites surfaces. Pendant mon engagement, j’ai dirigé un projet de construc- tion de puits au Cameroun avec deux collaborateurs. J’al- lais encore moi-même dans les villages pour établir des contacts, j’achetais et transportais le matériel, je super- visais le travail et gérais les finances. Maintenant, nous nous sommes engagés là-bas pour soutenir nos parte- naires et discuter ensemble des objectifs et du financement. Une chose m’a frappé : on peut maintenant acheter presque partout de l’eau potable en bouteille ou en sac plastique. Mais de nombreux problèmes subsistent. Les terres cultivables sont détruites par de mauvaises méthodes de culture. Les déchets plastiques sont souvent jetés dans la nature. Malheureusement, l’insécurité dans le pays com- plique tout. Les églises africaines font cependant parfois mieux que nous en Europe. Là-bas, les communautés se développent, alors que les nôtres stagnent souvent, ou même rétrécissent.

13 Rester fidèle, même quand la route est dure Gitte D., Guinée

14 Au comité depuis 2022 Ruth Berney, Suisse

15 Possibilités d’engagement Nos offres d’emploi, à transmettre plus loin

16 Au gré des événements Des nouvelles toutes fraîches

18 Pouls financier

Peter Röthlisberger, co-resp. finances

Page titre Les étudiants du CEFM au Burki- na Faso ne peuvent plus travailler les champs pour des raisons de sé- curité. Mais le château d’eau fi- nancé par SAM global leur permet désormais de cultiver des légumes - pour leur propre subsistance et même pour les vendre afin de les aider à financer leurs études. Nous essayons ainsi de faire au mieux, malgré la situation difficile.

Hansjörg Mannale a dirigé, dans les années 90, un projet d’alimentation en eau avec VIA

Pour des raisons de sécurité, nous ne mentionnons pas les noms de famille de nos collaborateurs et collaboratrices à l’étranger.

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UN AGRONOME AVEC UNE VISION

Tobias Göttling : Cher Daniel, l’expé- rience de ta vocation en a déjà impres- sionné plus d’un. Qu’est-ce qui t’a pous- sé et t’a donné le courage de quitter la région d’Appenzell dans ta dernière tranche de vie professionnelle et de dé- ménager en Guinée ? Daniel Berger : Lorsque nous étions jeunes mariés, nous nous sommes inté- ressés à un engagement missionnaire. À l’époque pourtant, aucune porte ne s’est ouverte. Une condition préalable aurait été une formation théologique. Je me suis donc concentré sur mon mé- tier d’agronome et j’ai eu de grandes sa- tisfactions et de bons postes. De manière tout à fait inattendue, j’ai reçu, à l’âge de 60 ans, la demande de SAM global pour un engagement à l’étranger comme conseiller agricole en Guinée. La possibilité d’apporter mes connaissances dans un engagement m’a fasciné, mais au départ, nous n’étions pas sûrs que ce soit le bon chemin pour nous. Dans la prière et au travers d’amis, nous avons reçu une confirmation très claire que nous avons finalement consi- dérée comme un appel de Dieu. Quels étaient tes buts et qu’avais-tu à cœur pour les gens en Guinée ? Et com- ment as-tu mis cela en œuvre ? Ma motivation était d’aider à amélio- rer les conditions de vie des populations pauvres. L’approvisionnement en nour- riture est un des soucis premiers dans ce pays. J’ai vu que les plus grands pro- blèmes étaient le manque de connais- sances, les mauvais rendements et l’éro- sion. Nous nous sommes concentrés sur la région forestière de la Guinée, là où il y a beaucoup d’églises, à qui je me suis d’abord consacré. Des pasteurs, la di- rection des églises et une organisation à l’époque encore débutante ont été très intéressés par notre collaboration. Le projet s’est développé très rapidement, tellement que cela m’a parfois presque

SAM global a plus de 130 ans d’expérience dans la coopération au développement. Au cours des quelque 40 dernières années, l’orga- nisation s’est professionnalisée sans pour autant abandonner son ADN chrétien : Nous servons tout un chacun, selon l’exemple de Jésus-Christ. Une attention particulière est toutefois accordée à ceux qui sont en marge de la société : les personnes en danger (vulnérables), exclues, touchées par la pauvreté, l’exclusion et l’injustice (selon la Bible : les pauvres, les malades, les fugitifs, la veuve et l’orphelin, qui ont faim de justice). Il s’agit de rassasier les affamés (Objectif de Développement Durable : éradication de la faim) et de guérir les malades (santé et bien-être), d’ai- der les pauvres (éducation de qualité) et de rendre justice aux personnes (paix, justice et institutions fortes). Non seulement SAM global ne veut laisser personne sur le carreau, mais nous prenons au sérieux les besoins multiples des gens. Là encore, Jésus est un modèle pour nous : Il n’a pas uniquement répondu à leurs questions spirituelles, mais il a aussi guéri les malades ou nourri les affamés, prenant en charge leurs besoins à tous les niveaux. Le travail de SAM global se caractérise par l’intégration de ces aspects globaux des besoins humains dans le travail. Au cours de toutes ces années, cela a touché des personnes ainsi que leur entourage et a conduit à des changements de vie positifs.

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dépassé. Mais le succès dans la région nous a portés toujours plus loin.

tion m’avait trompé en mettant de côté pour lui des ordinateurs portables tout neufs. Cela a mené à une séparation et a presque coûté la vie au projet. Mais le départ du premier président a ouvert la voie à un nouveau dirigeant très ca- pable, un chrétien engagé doué d’un talent de leadership. Nous avons fina- lement considéré que le départ du pre- mier président était conduit par Dieu dans le but de nous protéger. Comme avez-vous vécu la vie en Gui- née, toi et ton épouse Margrit, et com- ment a-t-elle ressenti cette période ? Quel a été son investissement ? Nous nous sommes sentis étonnam- ment bien. Très vite, nous avons tous les deux enseigné des branches pra- tiques à l’école biblique de Télékoro. Les familles des étudiants nous tenaient à cœur. Nous voyions le potentiel de ces jeunes qui seraient disséminés dans tout le pays pour s’engager et avoir une in- fluence sur leurs villages. Il y avait aus- si les défis de la pauvreté et la détresse autour de nous. Les demandes quoti- diennes d’aide ou de crédit nous ont mis à rude épreuve, mais c’était aussi une confrontation avec une réalité amère. Nous avions souvent des visites, en par- ticulier d’étudiants de l’école biblique. Pour eux, nous étions des enseignants, des conseillers et des aides dans le be- soin. Nous avions également de bonnes relations avec beaucoup de pasteurs. Comment avez-vous vécu le retour au pays et qu’est-ce qui est devenu impor- tant pour vous après cet engagement ? Le retour ne nous a pas posé problème. Nous nous sommes réjouis de nos pe- tits-enfants qui nous avaient manqué en

Sur quels points forts durant ton temps d’engagement peux-tu te retourner et pour quoi es-tu reconnaissant ? Les points forts ont toujours été pour moi les visites des champs, en particu- lier quand j’ai pu voir des champs de démonstration juste avant la récolte et voir la joie des villageois. Avec notre or- ganisation partenaire, nous avons aussi eu accès à des villages entièrement mu- sulmans ou animistes. Nous avons été bien accueillis. Durant mes voyages, j’ai pu aller dans des régions très reculées, ce que j’ai considéré comme un privi-

Guinée. Comparé à notre vie jusque-là, notre engagement n’a duré qu’un temps limité. Notre expérience en Guinée nous a rendu plus conscients de la chance que nous avons ici. Cela nous remplit de re- connaissance. Nous savons aussi que des chrétiens d’ailleurs ont besoin de notre solidarité. Tu es issu d’une église FEG. Quelle a été pour toi et ta famille la signification de la foi chrétienne ? La foi en Dieu et en Jésus Christ a tou- jours joué un grand rôle dans notre vie. L’Église et la Mission étaient au centre de nos vies et nous avons régulièrement participé au culte avec nos enfants. Ils y ont reçu une base de foi stable et ont vécu de belles amitiés. Cela a toujours été important pour nous. Les fruits en sont visibles jusqu’à aujourd’hui. Nous avons également vécu beaucoup de re- lations amicales dans la communauté. Au final, l’église a été pour nous notre base d’envoi et nous a aussi accompa- gnés durant cet engagement en Guinée. Merci à Daniel pour l’interview.

lège. L’enthousiasme de mes collabora- teurs m’a aussi motivé.

Quelles ont été les difficultés auxquelles tu as dû faire face avec le projet et les partenaires locaux ? J’ai eu un grand choc lorsque j’ai ré- alisé que le président de l’organisa-

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ProAGRO Guinée L’HISTOIRE D’UN SUCCÈS

Des effets clairement visibles

Les activités du projet se concentrent sur une agriculture triplement durable :

Une production durable grâce à l’amélioration des sols et à l’intro- duction de nouvelles techniques de production par le biais de forma- tions théoriques et pratiques, de champs de démonstration, de sys- tèmes d’irrigation, de maraîchage biologique, de sylviculture avec re- boisement, de foyers à bois éco- nomes améliorés et bien d’autres choses encore. Une gestion durable par l’initiation et la gestion de banques de céréales, par la formation des cadres et par des crédits pour la construction de bâtiments de stockage. Une alimentation saine et le soutien aux enfants malnutris en leur four- nissant des aliments pour nourris- sons. Cela comprend également l’encadrement de groupes d’en- traide pour la production de soja, de moringa, de maïs et d’autres cé- réales, ainsi que notre engagement à sensibiliser les gens à une alimen- tation équilibrée.

Daniel Berger félicite le président de la banque de céréales de N’Zon

Le projet ProAGRO en Guinée, initié par SAM global en 2010, a connu un développement réjouis- sant. Lors du lancement, Daniel et Margrit Berger se sont enga- gés sur place pendant quatre ans et demi pour la mise en place. De- puis leur retour en Suisse en 2014, le projet se poursuit et se déve- loppe de manière autonome sous direction guinéenne, avec l’ac- compagnement et le soutien de SAM global et, depuis août 2014, de l’organisation humanitaire alle- mande Pain pour le Monde.

la représentante des projets vis-à-vis de l’extérieur. SAM global a joué, outre le soutien financier, le rôle d’accompagna- teur et de mentor. Ceci ayant été mis sur pied dès le départ avec des personnes lo- cales, il n’a pas été nécessaire de passer la main ou de le remettre en mains gui- néennes, ce qui est probablement l’une des raisons de son bon développement et de sa continuité. L’implication des ac- teurs locaux, avec leurs expériences et leur savoir-faire, est particulièrement im- portante pour SAM global. L’objectif central de ProAGRO est de contribuer à l’amélioration de la sécu- rité alimentaire en Guinée. C’est pour y parvenir que le projet a démarré en 2010 dans la région forestière. En 2016, une extension a eu lieu à Télimélé, dans le Fouta-Djalon. En 2020, deux préfec- tures de Haute-Guinée ont suivi. Au- jourd’hui, nous travaillons dans neuf préfectures : • en Région Forestière : Kissidougou, Gueckédou, Macenta, N’Zérékoré, Lola et Yomou • en Haute Guinée : Kankan et Ké- rouané • et en Moyenne Guinée : Télimélé.

Une collaboration fructueuse

La base du projet ProAGRO a été la collaboration avec l’OGDC (Organisa- tion Guinéenne pour le Développement Communautaire). Fondée en 2009 par de jeunes diplômés universitaires, cette organisation a pour but d’effectuer des missions pour des projets de dévelop- pement et de servir ainsi le pays. Nous croyons que cette idée a été inspirée par Dieu pour encourager les jeunes et leur donner une chance. Une collaboration a été mise en place au début. L’OGDC était l’organisatrice et

Cette petite fille bénéficie du programme contre la malnutrition

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Vivre la durabilité, et non se contenter d’en parler Le projet AGRO en Guinée existe de- puis 13 ans déjà. Aujourd’hui, le constat est clair : les activités ont contribué de manière significative au renforcement de la sécurité alimentaire dans les ré- gions concernées. Les effets sont mul- tidimensionnels, en voici un aperçu : • Géographiquement, le projet couvre neuf des 33 préfectures de Guinée, soit 27% du pays. • 25 jeunes professionnels ont ob- tenu un emploi fixe et un revenu régulier. • Les rendements dans les champs des bénéficiaires sont passés de 1,5 tonne par hectare à 3,5, voire 4,5 tonnes. • Les techniques d’agriculture d’une part écologiques de préservation des sols et d’autre part équitables, se répandent. • L’agroforesterie et la sensibilisation à la préservation de la Création contribuent à une meilleure com- préhension de l’environnement. Chaque année, des actions sont menées dans environ 36 groupes, avec le souci d’améliorer concrè- tement l’environnement sur place. • Des centaines d’enfants malnutris ont déjà pu être aidés. • 60 groupes ont créé une banque de céréales. C’est un investissement pour l’avenir qui profitera encore à de nombreuses personnes. • 43 bâtiments de stockage ont été construits avec des crédits du fonds Ernesto. Le bilan intermédiaire est éloquent : plusieurs milliers (!) de bénéficiaires sont touchés chaque année par ProA- GRO. Nous en sommes très reconnais- sants à Dieu.

Des PERSPECTIVES au lieu du manque de vision Le contexte de ProAGRO Guinée : La population rurale de Guinée vit en grande partie de petite agriculture. Elle est formée et accompagnée pour pra- tiquer une paysannerie plus durable et productive, ce qui améliore petit à pe- tit les conditions de vie de nombreuses personnes. L’agriculture guinéenne produit normalement en premier lieu des aliments pour l’autosuffisance de la famille. Cependant, le manque de moyens et de connais- sances fait que les rendements dans les champs sont souvent très mauvais et que les familles peuvent à peine en vivre. Les pratiques traditionnelles, comme la culture sur brûlis, sont à l’origine d’un appauvrissement des sols et de dom- mages dus à une érosion accrue. De nombreux paysans sont contraints d’aban- donner, le cœur lourd. Nombre d’entre eux s’installent dans les grandes villes déjà surpeuplées, où ils n’ont guère de chances de trouver un bon travail et où les conditions de vie sont souvent misérables. Un autre problème est l’alimenta- tion peu variée et déséquilibrée, qui a des conséquences négatives, sensibles surtout pour les femmes et les enfants. Beaucoup se nourrissent presque exclu- sivement de riz. Selon le rapport mondial sur l’agriculture 2022, plus de trois milliards de personnes (!) ne peuvent pas se permettre de manger sainement. Rien qu’en Afrique, des centaines de millions de personnes souffrent de la faim.

ProAGRO forme des collaborateurs guinéens comme conseillers et anima- teurs de cours dans le domaine de l’agri- culture et de la nutri- tion. Après la for- mation, ceux-ci se rendent dans des villages pour ap- prendre à la popu- lation à améliorer ses méthodes de culture, et ainsi augmenter ses récoltes et accé-

Trois agronomes et le propriétaire du champ de riz

Zaoro M., Directeur de ProAGRO, Guinée

der à une alimentation plus équilibrée. Grâce à l’amélioration des moyens de subsistance, les habitants ont une perspective de vie à la campagne et ne doivent pas déménager dans les grandes villes surpeuplées où un avenir incertain les attend. Les causes de l’exode rural sont ainsi active- ment combattues. Un avenir positif sur place devient possible.

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DES SOLUTIONS POUR FAIRE FACE AU CHANGEMENT CLIMATIQUE

Le Burkina Faso perd chaque année environ 100 000 hectares de terres arables à cause du changement climatique. Il est indéniable que le secteur agricole est particulièrement touché par ses effets. La nature semble avoir perdu son équilibre, car les conditions météorologiques sont de plus en plus fluctuantes. En témoignent les nombreuses périodes de sécheresse et les inondations de plus en plus fréquentes, qui se traduisent par de maigres récoltes. Pourtant, plus de 80% des gens vivent de l’agriculture et la population connaît une forte croissance.

LE CONTEXTE : Dans notre projet d’amélioration des rendements sur les pe- tites surfaces cultivées (PARA-PS), nous nous engageons à : • La sensibilisation dans les villages qui ont accueilli des personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays afin d’augmenter les rendements agricoles. • La formation de groupes, composés de personnes ré- sidentes et de personnes déplacées, qui souhaitent travailler ensemble. • La formation de conseillers et conseillères agricoles aux techniques de production respectueuses de l’en- vironnement. Les personnes ayant suivi cette formation sont soutenues dans la mise en œuvre de ce qu’elles ont appris dans leurs villages ou sur leurs lieux d’en- gagement et dans la transmission de leurs connais- sances à d’autres. • La formation à la production d’engrais biologiques et d’insecticides biodégradables. • L’initiation à la création de jardins dans de vieux pneus, des bidons et des champs clôturés, ainsi que la réali- sation d’expériences de différentes techniques agroé- cologiques. Dans la phase suivante du projet, SAM global soutient également la construction et la rénovation d’infrastructures pour le stockage de produits maraîchers et céréaliers, ain- si que la promotion de groupes d’épargne et de coopé- ration pour les femmes et les jeunes. Concrètement, nous avons aidé plusieurs groupes dans différents villages à pré- parer leurs champs pour la production de céréales. L’ap- plication de la technique dite du zaï permet de mieux re- tenir l’humidité et favorise en outre la fertilité du sol. Nous avons également enseigné et mis en pratique la fabrica- tion et l’utilisation d’insecticides bio. Les plantes poussent et les gens sont très heureux de pou- voir contribuer à l’approvisionnement de leur famille avec leurs propres mains et les connaissances nécessaires. Les projets ont toutefois besoin d’un soutien financier urgent pour pouvoir être poursuivis.

Face à ce problème, l’agri- culture conventionnelle a at- teint ces dernières années des limites économiques et éco- logiques encore plus contrai- gnantes. Les récentes crises sanitaires et alimentaires ont mis en évidence la vulnérabi- lité d’une économie dépen- dante du marché extérieur,

qui dicte à la fois la production et les habitudes alimentaires. Nous devons développer des techniques pour nous adapter au mieux aux circonstances. Dans ce contexte, il est difficile pour l’agroécologie de convaincre la jeune génération, à coups de pioche et de pelle, qu’un autre monde est possible. L’approche de la production intégrée repose sur des solutions naturelles et conduit à des comportements qui protègent les écosystèmes afin de produire de manière durable. L’introduction de nouvelles techniques de culture nous permet de mieux protéger l’environnement et d’en profiter nous-mêmes à long terme. En outre, nous avons besoin de soutenir le déve- loppement de chaînes de valeur locales et régionales. Au Burkina Faso, face à l’urgence, certains acteurs se forment pour développer des solutions innovantes. Le BIR KOOM, dé- veloppé par l’organisation WITY-AGRO, en est un exemple. C’est un engrais liquide naturel, un biofertilisant, idéal pour les plantes. Il convient à tous les types de cultures, est biodégra- dable et disponible à un prix abordable. Il est temps d’entamer la transition vers l’agroécologie, pour le bien de l’humanité.

Sosthène N. est agroéconomiste et coordinateur de l’organisation de développe- ment agricole WITY-AGRO

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POUR QUE TOUS AIENT ASSEZ À MANGER ProBAAGI Burkina Faso

INFO : En 2020, le Burkina Faso était loin derrière, au 185 ème rang sur 191 de l’Indice de Développement Humain. Il fait partie des pays les plus endet- tés du monde. Environ 80% de la po- pulation burkinabée travaille dans l’agriculture. Beaucoup parviennent à peine à se nourrir et à nourrir leur famille. Les monocultures et l’utilisa- tion d’engrais chimiques qui en dé- coule sont la norme. Les sols épuisés, l’érosion et les extrêmes climatiques entraînent de mauvais rendements. Depuis 2016, des centaines de mil- liers de personnes ont été chassées de leurs villages. Beaucoup ont per- du leurs biens et leurs champs. Selon les estimations de l’ONU, la population du Sahel devrait doubler d’ici 2050. La situation alimentaire va donc s’aggraver de manière dras- tique. C’est pourquoi SAM global a décidé de mettre à la disposition du Burkina Faso les connaissances ac- quises dans le cadre du projet ProA- GRO, qui a connu un grand succès en Guinée. Nous avons urgemment be- soin d’un soutien financier supplémen- taire pour la mise en place du projet « Augmentation du rendement sur les petites surfaces cultivées », axé sur les

En raison de l’insécurité, nos étu- diants du CEFM, le centre de for- mation au travail transculturel, ne peuvent plus rien cultiver en de- hors de l’enceinte de l’école – pas même dans leurs propres champs chez eux, car le chemin qui y mène est trop dangereux en raison des mines. Grâce à la collaboration entre les direc- tions des écoles, nous avions pu utiliser pendant longtemps un terrain appar- tenant au centre de formation théolo- gique de Niendouga. Mais maintenant, celui-ci a besoin de son terrain et nous sommes confrontés à une situation en- core plus grave. En raison des rende- ments considérables du jardin sur le terrain de notre école, rendu possible grâce à SAM global, nous avons décidé de faire cultiver des légumes par toutes les familles du centre. SAM global a eu connaissance de notre situation et a décidé de financer la construction d’un autre château d’eau, plus grand. Sans eau, pas de croissance : pour ob- tenir un bon rendement, il est absolu- ment nécessaire d’avoir suffisamment d’eau, surtout pendant la période de plantation et avant la récolte. Nous de- vrions commencer en mai, mais il y a peu de précipitations à cette période et le château d’eau existant est trop pe- tit pour répondre à nos besoins en ir- rigation. De septembre à décembre, il ne pleut presque plus. Or, c’est juste- ment la période où les besoins sont les plus importants en raison des nombreux mariages et fêtes. Et comme il y a plus de familles à approvisionner que l’an- née précédente, nous avons également besoin de plus d’eau. C’est pourquoi la construction d’un deuxième château d’une plus grande capacité était néces- saire.

personnes en fuite, ain- si que du projet « Per- maculture ». Merci pour votre aide !

Lorsque nous avons eu l’idée de la culture de légumes pour tous les étu- diants, nous avons prié pour cela. Nous avons ensuite établi un devis pour le fo- rage et le château d’eau afin de savoir de combien d’argent nous avions be- soin. Nous avons continué à prier et à frapper aux portes. SAM global a com- pris notre demande et a assuré le finan- cement du projet. Dès que nous l’avons su, nous nous sommes mis au travail. Nous avons contacté la personne qui nous avait fait le devis et avons concré- tisé le projet le plus rapidement possible.

Un grand merci pour ce précieux soutien.

Jonathan O., directeur du CEFM, centre de formation évangélique pour le travail transculturel

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EXCELLENT « EGGSCELLENT » & BÉNÉFIQUE

Jamais je n’aurais imaginé que ma femme et moi allions créer une ferme de poules pondeuses. Cependant, durant notre long sé- jour au Cambodge, nous avons eu à cœur de soutenir les personnes vivant à la campagne dans l’ex- trême pauvreté. Au moyen d’une analyse de la situation, nous avons déterminé ce qui pourrait les faire progresser. Nous voulions investir en collaboration avec et les Cambodgiens pour faire une différence. Par la collaboration et au travers de notre vie, nous vou- lions rendre l’amour de Dieu vi- sible. C’est ainsi que nous avons commen- cé à produire à la campagne des œufs de grande qualité, baptisés de manière créative « eggscellent », et à les vendre à des hôtels, restaurants, supermarchés urbains qui attachent de l’importance à la qualité ainsi qu’à une production agricole saine et respectueuse du bien- être animal. Cela a été l’heure de nais- sance de ce projet qui, depuis, est dirigé exclusivement par des Cambodgiens, en trois endroits. Ils sont coachés en ligne lors de séances hebdomadaires depuis SAM global à Winterthour. La vision d’eggscellent est d’être une entreprise sociale qui se développe et ainsi de- vienne une bénédiction pour d’autres. Lorsque nous nous engageons dans des projets de développement, nous n’ou- blions pas les aspects de la formation et de la santé. Souvent, les familles qui s’occupent d’agriculture au Cambodge se trouvent souvent dans l’extrême pau- vreté. Les enfants doivent très vite aider, ne vont pas régulièrement à l’école et n’arrivent ainsi pas à se créer un meil- leur avenir dans un monde qui change si vite. En cas de maladie ou de mau- vaise récolte, beaucoup de familles s’en- foncent toujours plus profondément dans la pauvreté et les dettes.

massive de pesticides. Le bien-être ani- mal est aussi pris en compte. À cela s’ajoute que nos poules vivent dans un élevage au sol conforme aux besoins de l’espèce, ce qui contraste nettement avec les poules pondeuses en batterie qu’on trouve dans le pays. « eggscellent » doit être un lieu où les collaboratrices et collaborateurs puissent être accompagnés dans leur vie, qui leur permette d’apporter une contribution positive, de cultiver des re- lations, de générer un revenu, de pou- voir envoyer leurs enfants à l’école, d’élargir leur horizon et de recevoir la possibilité de décider de manière auto- nome ce qu’ils veulent croire. Nous avons également quelques groupes de femmes qui tissent à la main pour les supermarchés des emballages pour les œufs avec des feuilles de palmiers et qui ainsi bénéficient au moins d’un petit re- venu – tout à fait dans le sens de : « Je te bénirai et tu seras une source de bé- nédiction » (d’après Genèse 12.2). Nous voulons être connus pour un bon service et les œufs que nous vendons doivent parler d’eux-mêmes par leur excellente qualité. Même s’il est très bon qu’eggscellent couvre maintenant de manière autonome les dépenses de toute l’exploitation par la vente, les dé- fis économiques sont malgré tout dif- ficiles à relever, par exemple lorsque la clientèle fait soudainement défaut, parce qu’un responsable d’hôtel fait des économies et préfère acheter des œufs meilleur marché que les nôtres. Nous devons sans cesse nous battre pour nos ventes et le maintien des emplois utiles et équitables qui y sont liés.

D’un autre côté, de nouvelles opportu- nités apparaissent : plus de personnes s’intéressent à l’agriculture et préfèrent les produits locaux à ceux importés. Et de plus en plus, particulièrement en Asie, les gens sont sensibilisés et sou- haitent pour leurs familles des produits agricoles sains, cultivés sans utilisation

L’idée est simple : Provoquer un changement durable grâce au travail. Les 15 collaborateurs cambodgiens gèrent la ferme et les centrales de distribution de manière autonome. L’équipe de la ferme tient à travailler dans le respect de la création de Dieu : les hommes, les animaux et la na- ture, et à apporter ainsi une contri- bution positive à leur environne- ment en se basant sur des valeurs chrétiennes telles que l’honnête- té, la fiabilité et l’amour du pro- chain. Parallèlement, un meilleur élevage permet de prévenir les risques d’épidémies.

David Keller, responsable de pays pour l’Asie, il a créé le projet et le développe depuis plus de 10 ans

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fleurir

Le Sertão brésilien recommence à

Il existe de grandes différences de nature du sol ici au Sertão. Cela tient entre autres à la manière dont il est cultivé. De nombreux agricul- teurs travaillent encore de façon traditionnelle : la forêt de brousse est coupée, puis défrichée par le feu, et la plantation se fait pendant la saison des pluies. Chaque an- née, une nouvelle parcelle de terre

est brûlée, car ce type d’agricultu- re ne permet qu’un seul cycle de ré- colte, et ce pour longtemps. La plu- part des champs sont ensuite soit laissés à la nature, avec repousse de la forêt, soit ensemen- cés avec de l’herbe.

racines de manioc et autres. Chaque an- née, les rendements augmentent et les ef- forts sont ainsi ré- compensés. Une autre méthode est l’agroforesterie. Elle consiste à planter ensemble des plantes de petite, moyenne et

semaine) ». De cette manière, le pay- san et sa famille produisent suffisam- ment pour se nourrir et ont du four- rage pour leur bétail. Cette agriculture familiale produit des céréales, des fruits, des baies, des légumes, des plants, de la viande, du poisson, de l’huile et des herbes, tout en créant un environne- ment agréable. Ce système est durable dans tous ses aspects et indépendant des engrais et des traitements chimiques. Avec le temps, l’agriculteur réussit tel- lement bien qu’il peut vendre une par- tie de sa production. La sécheresse dans la région du Sertão est une réalité et les gens ont beaucoup détruit, non seulement dans la nature, mais aussi au sens moral : dans les re- lations familiales et dans la communau- té villageoise. La nouvelle génération veut s’amuser, faire la fête et changer souvent de partenaire. Le respect et la responsabilité envers Dieu et les autres sont devenus des mots étrangers. Nous essayons également d’améliorer ce type de sol en l’arrosant de bonté et en y semant le meilleur : le message de Jé- sus-Christ. C’est ainsi que commence à pousser une nouvelle perspective de vie, qui se manifeste souvent aussi dans l’agriculture. Lorsque cela se produit, nous louons Dieu et pouvons dire que l’investissement de plusieurs années a porté ses fruits et que le Sertão com- mence à fleurir.

Malheureusement, nous constatons régulièrement dans les villages que de nombreux agricul- teurs ont perdu leur motivation pour la culture, pour diverses raisons. Nous nous sommes demandé comment nous pouvions les aider. Il ne sert à rien de se contenter de leur montrer de nou- velles techniques ou même de les im- poser. Nous devons d’abord gagner la confiance d’un agriculteur en lui ren- dant visite et en découvrant sa situation et ses difficultés. Et comme ici on ap- prend en voyant des modèles qui fonc- tionnent, nous les invitons à participer à nos projets agricoles, avec la devise « viens et vois ». Dans certains villages, des agriculteurs ont déjà commencé à cultiver autrement, devenant des mo- dèles pour les autres. Deux fois par an, nous organisons une semaine d’expérimentation pour for- mer des responsables et des agriculteurs prêts à servir dans les villages. Au lieu de brûler, nous préparons la terre arable avec de la matière orga- nique et utilisons exclusivement de la poudre de calcaire pour équilibrer le pH. Nous améliorons une partie des champs en y plantant des légumineuses, du tithonia, du moringa, de l’herbe à éléphant, de l’herbe de Mombasa, des

haute taille. Les grandes plantes, les arbres et les arbustes aident les petites et vice versa. Le climat s’améliore dans de telles plantations, il y a plus d’eau dans le sol, les parasites ne peuvent pas se propager aussi facilement et la diver- sité des plantes offre protection et com- plémentarité. Une telle méthode de travail nécessite une planification et un changement de mentalité. Un cycle fécond se développe entre l’eau, les animaux d’élevage, le fumier, le compostage, les jardins et la production des champs ; tout nourrit l’homme, l’animal et le sol. Le nou- veau système de plantation ne se met pas en place en quelques jours, mais se construit petit à petit. Toute la famille est impliquée dans ce précieux travail. Notre devise est la sui- vante : « planter chaque jour, entre- tenir chaque jour, tailler chaque jour et récolter chaque jour (six jours par

Martin et Susanne B. vivent au Brésil et participent au projet ProSERTÃO de SAM global. L’objectif est de servir la population pauvre du nord- est du Brésil de manière globale et d’améliorer ses conditions de vie.

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UNE ALIMENTATION VARIÉE POUR UNE BONNE SANTÉ ProTIM 2-2-2 Kissidougou

même quand nous savons que ce serait mieux pour notre santé. Nous sommes heureux de pouvoir rester ici durant un certain temps et d’avoir réussi à comprendre pourquoi certaines habi- tudes sont ce qu’elles sont. Lorsque j’étais enfant, nous mangions encore des pommes de terre trois fois par jour. Maintenant, je n’en mange plus que deux fois par semaine. Nous sommes convaincus que de nombreux Guinéens et Guinéennes auraient moins de pro- blèmes de santé si leur régime alimen- taire était un peu plus varié. Mais dans un pays pauvre, le changement des ha- bitudes alimentaires ne peut se faire qu’à travers le portemonnaie : nous avons donc à cœur de présenter des mé- thodes de culture abordables, qui dans le meilleur des cas permettront aux agriculteurs de réaliser une plus-value avec les mêmes charges financières que pour la culture du riz. Nous sommes confiants que notre Père dans le ciel est à nos côtés et offre les idées appropriées au moment oppor- tun. Un effet collatéral agréable de la culture du maïs est que les poules se dé- veloppent d’une façon fabuleuse lors- qu’il y a suffisamment de grains dans les environs.

Dans un pays dans lequel la po- pulation préfère manger du riz trois fois par jour, 365 jours par an, il est difficile d’amener de la nouveauté dans l’assiette. Nous essayons tout de même. Notre stratégie consiste à encourager la plantation de nouvelles cultures à travers une mécanisation simple. Je m’étonne toujours des heureux « hasards », que Dieu permet. Il y a quelques années, nous avons pu acheter un vieux semoir pas très loin de notre atelier. L’idée est alors venue de l’utili- ser pour semer du maïs. De plus, nous avons reçu d’un ami suisse une bineuse pour lutter contre les mauvaises herbes. Les premiers résultats étaient encoura- geants, mais personne n’était vraiment intéressé par des plantations de maïs. Alors que je croyais déjà que ce projet s’arrêterait, un responsable de l’office de l’agriculture est venu nous trouver, qui voulait semer quelques hectares de maïs. Simultanément, d’autres clients ont montré de l’intérêt – et même un institut de recherche en agriculture, qui travaille dans deux autres préfec- tures, nous a demandé si nous pou- vions semer du maïs pour eux. Heu- reusement, d’autres semoirs à maïs sont arrivés à Kissidougou depuis, même si au début personne ne savait s’en servir. Étant donné que nous – encore un de ces « hasards » – étions justement en train d’aborder la technique du semoir dans notre programme de formation, la théorie a pu faire place à la pratique et nous avons pu mettre en service les dif- férents outils. Nos cellules grises ont été mises à rude épreuve durant un certain

temps, vu qu’il existe tout de même des différences notables entre la compré- hension des techniques européennes, américaines et du Proche-Orient. Mais les résultats sont encourageants. Le but premier de notre venue à Kissi- dougou n’était pas de modifier les ha- bitudes alimentaires, mais lorsqu’on peut joindre l’utile à l’agréable et que le résultat est positif, cela nous réjouit doublement. Démontrer en théorie ce qu’est une alimentation saine apporte peu. Nous aussi, nous avons de la peine à changer nos habitudes alimentaires,

Emanuel W. est formateur dans les domaines de l’agricultu- re et de la mécanique

Tout dépend de la formation et de l’égalité des chances La Guinée est l’un des pays les plus pauvres dans le monde. L’une des raisons principales en est le manque de formation. Mal- gré une scolarité achevée, de nombreux jeunes et adultes ne savent ni lire, ni écrire, et les filles en particulier ne sont souvent pas du tout scolarisées ou alors retirées de l’école très tôt. Les femmes ont en général une mauvaise situation en Guinée : elles sont opprimées dans de nombreux domaines. 97% des filles ou jeunes femmes subissent des mutilations génitales et beaucoup souffrent des conséquences durant toute leur vie. Les autres problèmes sont la mauvaise couverture médicale, des brûlures fréquentes en cuisinant sur des feux ouverts et la malnutrition. Pour les jeunes, il existe très peu de possibilités de formation et de travail, ce qui ne leur laisse pratiquement aucune perspective. Le paradoxe : 12

Texte de ProTIM2-2-2 Conakry unique- ment dans l’édition imprimée.

malgré un taux de chômage élevé en Guinée, il est difficile de trouver des personnes prêtes à fournir un travail manuel. Parmi les plus jeunes, beaucoup partent dans les mines avec l’espoir de gagner davantage d’argent. Nous offrons à des jeunes gens qui n’ont pas de réussite à l’école et qui ne peuvent pas faire d’études, mais qui sont doués pour la pratique et volontaires, une formation duale en mécanique sur machines agricoles. Ils n’apprennent pas seulement la théorie, mais réparent des machines et des tracteurs et aident à la culture des champs ainsi que pour les récoltes et bien plus encore. Cette formation est très utile et appréciée. Simultanément, on réfléchit comment réaliser une mécanisation simple et adaptée dans l’agriculture, car avec le travail manuel seul, le riz produit localement ne peut plus tenir la concurrence au niveau du prix avec celui importé de Chine. 13

AU COMITÉ DEPUIS 2022 R u t h B e r n e y

PORTRAIT

Activités bénévoles et loisirs Membre active de l’église Stami à Lausanne Caissière d’une société de gym Garde de nos petits-enfants Loisirs : activités extérieures par beau temps, famille, lecture, natation Qu’est-ce qui me lie à SAM global ? Notre engagement avec SAM global à Conakry (Guinée, de 1999 à 2009). Nous restons liés à ce pays, à plusieurs anciens collaborateurs locaux et à certains collaborateurs de SAM global. Qu’est-ce que j’aime chez SAM global ? L’approche holistique : l’annonce claire de la Bonne Nouvelle qui va main dans la main avec l’engagement social. Nous avons pu constater à maintes reprises que s’engager en vaut la peine. Qu’est-ce qui me pousse à m’engager dans le comité de SAM global ? J’ai longuement réfléchi et prié à ce sujet avec Daniel, mon mari. En- semble, nous sommes arrivés à la conclusion que j’aimerais mettre mes connaissances, mon temps et mes capacités au service de SAM global. Faire comprendre aux gens, par un travail holistique, que Dieu les aime et s’intéresse à eux, nous tient à cœur depuis longtemps. Comme nous ne sommes plus engagés à l’étranger depuis 13 ans, j’aimerais contribuer à ce que d’autre gens puissent poursuivre ce mandat que Dieu nous a donné. Dans quelle direction est-ce que SAM global devrait se déve- lopper ? Garder le mandat principal en tête, développer le « Ministère d’Envoi », des finances saines.

Nom / Prénom Berney, Ruth Date de naissance 18.04.1961 Famille Mariée avec Daniel, 2 enfants adultes, 3 petits-enfants Formation / travail Infirmière

10 ans en Guinée avec SAM global (responsable de la maison d’accueil et de l’administration) Chez « Campus pour Christ » de- puis 13 ans, responsable de l’admi- nistration et de l’engagement d’été en contexte musulman

AMÉLIORATION DES CONDITIONS DE VIE

Après dix ans en Guinée, je remercie souvent Dieu pour mon lit chaud, pour les vê- tements, la nourriture et bien d’autres choses. Je me rends compte à quel point nous sommes privilégiés en Suisse. La Guinée est l’un des pays les plus pauvres du monde. De nombreuses personnes vivent littéralement au jour le jour. Une maladie ou un autre coup du sort devient un énorme fardeau pour toute la famille. Les habitants se nourrissent principalement de riz. La plupart ne peuvent s’offrir que des céréales importées bon marché, le riz local de bonne qualité étant rare et cher. Chaque année à Noël, nous achetions du riz gui- néen et apportions un sac de 40 kg à la maison de nos collaborateurs. Du riz complet, livré directement à domicile par le « patron » : c’était à chaque fois une grande fête. Nous sommes très heureux de voir que les projets agronomiques encouragent la pro- duction de riz (et de maïs, etc.) sain et que les gens bénéficient ainsi d’une meilleure qualité de vie. Si, en même temps, ils reçoivent et comprennent l’amour de Dieu, cela leur donne une perspective de vie pleine d’espoir.

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