ARTS
LOUISE VIEN, UNE ARTISTE INSPIRÉE PAR SA CULTURE
CRISTIANA MANDRU cristiana.mandru@eap.on.ca
Dans toutes ses démarches artistiques, un fil conducteur guide cette artiste métisse franco-ontarienne : c’est le raffinement des formes et des textures, à travers la profondeur du regard fixé dans l’intemporel. Sa Vérité ancestrale, titre de la nouvelle exposition au Centre Culturel Le Chenail, de Hawkesbury, c’est que nous existons tout comme des arbres, avec nos racines — c’est- à-dire nos familles —puissamment ancrées dans le même sol qui abrite nos ancêtres. «Je veux amener l’observateur dans le pré- sent, tout en réalisant que c’est dans le passé. Je veux que les gens en soient imprégnés et qu’ils fassent partie intégrante de la peinture. Le temps n’existe pas, parce que lorsqu’on vit dans le moment, on n’a plus de futur, on n’a plus de passé. Même le présent semble ne plus être là,» décrit-elle son processus esthétique. Déjà, à l’âge de six ans, fort intéressée par la peinture, elle a commencé à suivre des cours au Centre culturel de Timmins, sa ville natale dans le nord de l’Ontario. La peinture, le dessin, l’aquarelle, la sculp- ture même ont commencé à la passionner et vers 12 ans, elle avait déjà fait sa première rasade, ou perlage autochtone, formé de perles de verre ou d’émail utilisé pour la fabrication des colliers ou des bracelets de pacotille. La senteur du cuir l’attirait en lui rappelant ses premières expériences artis- tiques au Centre culturel de Timmins. Dans son enfance, samère l’a initié à d’autres artistes, en l’amenant voir des expositions dans les écoles secondaires, les galeries, partout où il y avait des vernissages. Elle a même exposé en groupe dès un jeune âge au centre culturel de Timmins. « L’art faisait tellement partie de ma vie que je ne voyais pas où je commençais et où je finissais. » Plus tard, quand elle a déménagé pour aller étudier la conception graphique, d’abord au Collège Algonquin à Ottawa, et par la suite, à La Cité collégiale, elle a continué à peindre à l’huile. C’est dans l’Est ontarien qu’elle a
Louise Vien, devant quelques-unes de ses peintures employant une technique autochtone, lors de l’exposition Vérité ancestrale, dimanche dernier. —photo Cristiana Mandru
développé son amour pour l’acrylique, qui présentait d’importants avantages, à ses yeux, par rapport à l’huile : beaucoupmoins de temps pour sécher les couches de peinture qu’elle utilisait et pratiquement aucune odeur forte. En revanche, elle a dû apprivoiser la technique qu’elle utilise aujourd’hui dans
ses peintures à l’acrylique, puisqu’elle sèche très rapidement, comparé à l’huile. Ses peintures de la nature ou des animaux se rassemblent incroyablement à des pho- tographies, par le détail que l’artiste y met, à tel point que l’on doit se rapprocher pour voir qu’ils sont, en effet, des peintures. L’effet produit c’est une sorte de lumière chimérique que les champignons semblent répandre. « J’aime que les gens questionnent l’œuvre. En questionnant, tu commences à avoir une appréciation plus forte pour l’œuvre. Avec une appréciation de l’œuvre, tu commences à apprécier l’agilité de l’artiste.» De l’agilité, il en faut lorsqu’on travaille avec unmédiumcomme l’acrylique, qui n’est pas facile, surtout lorsque l’artiste s’ambitionne à trouver lamême souplesse et liberté d’expres- sion desquelles elle jouit enmaniant l’huile. Présentement, l’artiste travaille sur un grand projet, notamment sur l’histoire d’un voya- geur et les lettres de celui-ci à sa bienaimée. Le voyageur c’est son ami de longue date, Christian, unmaitre de canotage, fabriquant des canots de vitesse, dont l’amour pour les canots et pour l’eau l’a profondément inspiré à s’embarquer dans cette initiative. C’est une recherche de soi-même à travers l’histoire du grand voyage qu’il a fait à partir de Montréal en remontant les Grands Lacs. «Ça me touche beaucoup, parce qu’on est quasiment de la même souche, on a les mêmes idées, le même amour pour l’envi- ronnement. Avec ce projet, je veux que le
monde découvre la beauté primordiale qui resplendissait dans notre pays au tout début.» Le style qu’elle aime par-dessus tout c’est le réalisme. Il est impératif pour l’artiste que le monde qu’elle dépeint à travers ses œuvres rassemble au détail le plus raffiné possible. Sa devise? «C’est trop beau pour que ce soit vrai, » c’est ce qui l’attire, ce qui la pousse à l’extrême d’elle-même. Son intention est que les gens se rapprochent de ses peintures, éblouis, afin de discerner si elles sont réelles ou pas, qu’ils s’émerveillent le temps de ce contact et qu’ils gardent cet étonnement avec eux longtemps après. Son ambition primordiale c’est de rendre cette rencontre entre le spectateur et son œuvre intemporelle. Les adaptations techniques de l’art autoch- tone, Mme Vien a dû les apprendre par elle- même, à faute de trouver des livres sur le sujet. Ses ancêtres constituent un aspect très important dans sa vie, ce qui l’amène à craindre de ne pas le perdre. Son identité métisse est un héritage qu’elle veut laisser aux prochaines générations, à travers la pérennité de son œuvre. «Chez les autochtones, on sait que c’est très important de se souvenir de nos ancêtres parce qu’on est le rêve de nos ancêtres. Je vis à travers mon œuvre. Je sais que les morceaux deviennent de l’héritage, parce qu’à un moment donné, je ne serai plus là.» Selon sa conception artistique, qui la
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