FNH 1005

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ECONOMIE

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 7 JANVIER 2021

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Immobilier

◆ Plusieurs contraintes risquent de perturber le marché et retarder la relance. ◆ Les mesures initiées par la tutelle et celles contenues dans la LF 2021 sont insuffisantes pour donner une nouvelle impulsion à l’activité. Très peu de visibilité pour 2021 A l’instar de plu- sieurs secteurs, l’immobilier a été frappé de plein fouet par immobilier et professeur uni- versitaire. En effet, la LF 2021 a pro- longé au 30 juin 2021 la réduction des droits d’enre- gistrement pour les achats immobiliers instaurée dans Par C. Jaidani

la crise sanitaire et écono- mique en 2020. Au cours de la période du confinement, le nombre de transactions (tous segments confondus) a sensiblement diminué. La période post-confinement a connu un certain rebond, mais il reste insuffisant pour rattraper le retard accusé. Espérant une reprise, les opérateurs tablent sur l’an- née 2021 pour voir la situa- tion revenir à la normale. Interrogés à ce sujet, des professionnels du sec- teur n’ont pas caché leur scepticisme, estimant qu’il n’existe pas assez de visibi- lité et que la relance est peu probable au moins pour le premier semestre. «Avant la covid-19, l’immobilier était déjà en crise. La pandé- mie n’a fait qu’accentuer la morosité de l’activité. Pour 2021, il ne faut pas espérer grand-chose, surtout que les mesures annoncées par la tutelle et celles de la Loi de Finances 2021 ne sont pas assez importantes ou innovantes pour donner une nouvelle impulsion au sec- teur. Si reprise il y a, elle ne sera effective qu’à la fin de 2021 ou en 2022» , sou- ligne Driss Effina, expert en

la LF rectificative 2020. Cette disposi- tion prévoit une baisse de 50% pour les actes portant acquisition à titre onéreux, des ter- rains nus destinés à la construction de loge- ments ou de locaux à usage d’habitation sans que le montant

En difficulté pour écouler un impor- tant stock de pro- duits immobiliers, certains promoteurs ont décidé de réduire leur pro- gramme d’investis- sement.

de base imposable total ne dépasse 4 millions de DH. La LF 2021 a également vali- dé l’extension du cadre fis- cal des Organismes de pla- cement collectif immobilier (OPCI) pour concerner éga- lement les locations à usage d’habitation. «Ces mesures ont une portée limitée. Il est temps de lancer des dispo- sitions au profit de la classe moyenne ou une nouvelle formule pour le logement social» , souligne Effina. Il précise par ailleurs que «les taux d’intérêt demeurent élevés au Maroc dans le secteur immobilier compa- rativement à d’autres pays. La baisse du taux directeur n’a pas été répercutée. En outre, les organismes de financement deviennent fri- leux et très regardants sur le profil des acquéreurs. Certains pays comme l’Es-

pagne ont fait de l’activité un levier de croissance». Effina relève d’autres contraintes qui sont d’ordre structurel et qui risquent de retarder la relance du secteur, comme la len- teur dans la délivrance des autorisations ou l’arrêt des dérogations de construire octroyées par le minis- tère de l’Intérieur. Les gros investisseurs ont besoin de ces dérogations pour pou- voir lancer leurs projets. Le même sentiment d’inquié- tude est relevé chez d’autres professionnels. Au niveau des agents immobiliers, on affirme que le niveau des transactions est en berne et que les indicateurs actuels laissent présager que 2021 sera également difficile. «Le marché est perturbé à cause d’un stock important

de biens immobiliers qu’il faut liquider. Plusieurs pro- moteurs ont dû revoir à la baisse leur prix pour pou- voir vendre, surtout dans les petites et moyennes villes. Même à Casablanca et Rabat, cette tendance s’af- fiche de plus en plus dans les nouvelles zones urbanis- tiques comme Bouskoura, Rahma ou Nouaceur», affirme Mohamed Lahlou, président fondateur de l’As- sociation marocaine des agents immobiliers (AMAI). Il explique que «la plupart des ménages sont lourde- ment endettés et leur pouvoir d’achat est faible. Cela les rend inéligibles au crédit. Il faut un volontarisme politique pour investir de nouvelles pistes plus innovantes afin de donner au secteur un nouvel élan» . ◆

Les taux d’intérêt demeurent éle- vés au Maroc dans le secteur

immobilier comparati-

vement avec d’autres pays.

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