FNH 1005

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ECONOMIE

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 7 JANVIER 2021

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Relance économique Les trois facteurs qui conditionnent la reprise en 2021

◆ Le rebond de la croissance économique annoncée au Maroc en 2021 dépend de plusieurs facteurs endogènes et exogènes. ◆ L’économiste Najib Akesbi livre les composantes de deux scénarios à garder à l’esprit au sujet de l’activité économique pour l’année en cours.

s’inscrivent dans une perspective plutôt optimiste. C’est-à-dire dans l’hypothèse où la pandémie est vaincue dans les mois à venir et sans trop de difficultés. F.N.H. : Quels sont les autres paramètres qui conditionnent le rebond de la croissance annoncé pour 2021 ? N. A. : La deuxième condition dépend à la fois des pouvoirs publics et du «ciel». Concrètement, la croissance sera aussi sujette à la mise en place ou non d’une véri- table politique de relance écono- mique et des principales réformes que l’Etat devait engager depuis longtemps. La principale question à se poser est de savoir si le gou- vernement mettra en place des politiques contra-cycliques afin de permettre à l’économie nationale de redémarrer en 2021. Et ce, sur des bases saines. Il est temps que l’Etat procède, par exemple, à la réforme fiscale. Un chan- tier qui a toujours été différé au cours des dernières années. Notre économie continue de dépendre de la récolte céréalière, donc de la campagne agricole, tributaire des aléas pluviométriques. Or, des incertitudes entourent éga- lement l’issue de la campagne agricole 2020-2021. Le mois de mars est une période détermi- nante pour la récolte céréalière. Il est donc encore prématuré de savoir si le niveau des précipita-

tions permettra d’avoir une bonne récolte céréalière. La troisième condition du rebond de la crois- sance a trait à la demande exté- rieure, ou l’économie mondiale. La reprise de l’économie euro- péenne en 2021 sera bénéfique à la demande extérieure adressée au Maroc. Le retour de la crois- sance sur le Vieux continent est de nature à tirer l’activité écono- mique au Maroc. Cependant, des incertitudes subsistent quant à la dynamique de la croissance euro- péenne pour l’année en cours. F.N.H. : Le temps est une variable cruciale en écono- mie. Selon vous, quel est le timing idoine pour sauver les meubles en 2021 ? N. A. : Au regard de ce qui pré- cède, il est légitime de tabler sur deux scénarios : l’un opti- miste et l’autre pessimiste. Si d’ici le mois de juin, le vaccin est suffisamment administré sans complications majeures afin que l’immunité collective puisse être atteinte, je pense que l’on pour- ra tourner la page de la Covid- 19. Dans ce cas de figure, il est possible que la reprise puisse intervenir à partir du deuxième semestre 2021. Toujours sur le registre du scénario optimiste en 2021, l’on s’attend également à ce que la Commission spé- ciale sur le nouveau modèle de développement émette des pro- positions qui tiennent la route.

Propos recueillis par M. Diao

Finances News Hebdo : Au regard de certaines prévi- sions officielles, le taux de croissance devrait enregis- trer un rebond autour de 4,7% du PIB en 2021 contre -6,6% pour l’année 2020. Accordez-vous du crédit aux différentes prévisions plutôt optimistes en dépit des incertitudes qui pré- valent à cause du corona- virus qui n’est pas encore vaincu ? Najib Akesbi : En matière de pré- visions économiques, les résultats sont à l’aune des hypothèses de départ qui les fondent. Les pers- pectives économiques de 2021 sont conditionnées par plusieurs facteurs majeurs. Le premier para- mètre n’est autre que l’incontour- nable épidémie du coronavirus. Il est clair que tout est permis ou non en fonction de la capacité des nations à vaincre ou non la pandémie. Au moment où nous réalisons cette interview, personne ne peut affirmer avec certitude que les vaccins mis au point per- mettront d’éradiquer au bout de quelques mois le coronavirus sans conséquences négatives sur les patients vaccinés. Sachant que la mutation du virus génère déjà des inquiétudes dans certains pays européens, principaux partenaires économiques du Maroc. Les pré- visions dont vous faites mention

F.N.H. : Qu’en est-il concrètement des compo- santes du scénario pessi- miste dont vous avez fait mention ? N. A. : Le scénario d’une écono- mie en berne risque de devenir une réalité si avant l’été la page de l’épidémie n’est pas tournée à cause, entre autres, de l’ineffi- cacité du vaccin, l’arrivée d’une troisième vague pandémique ou la survenance de complications liées au vaccin anti-covid-19 et la mutation du virus, comme évoquée plus haut. Les autres éléments de nature à inhiber la reprise en 2021 sont la séche- resse, qui impactera négative- ment la campagne agricole, et l’attitude attentiste du gouver- nement quant à la dynamique des réformes urgentes. Enfin, la dernière composante a trait toujours à la pandémie, puisque l’économie mondiale ne pourra pas repartir en 2021 sans l’éradi- cation de la pandémie, laquelle génère la restriction du com- merce et des activités, la ferme- ture des frontières, la limitation du tourisme et la contraction des IDE. ◆

Le scénario d’une éco- nomie en berne risque de devenir une réalité si avant l’été

la page de l’épidémie n’est pas tournée.

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