FNH N° 1129

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CULTURE

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 16 NOVEMBRE 2023

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artisans éblouissants des seventies « riches en parcours individuels, vocations et recherches venant élargir les horizons de la création et témoignant ainsi pour les décennies suivantes – entre vieilles dis- putes et nouvelles actions – de la concrète, définitive et multiforme présence de la peinture et de l’art contemporains au Maroc », comme l’écrit Toni Maraini. La relève, so what ? Aux générations des Melehi et Belkahia, des Kacimi et Miloud, des Benbouchta et El Alj, succède celle d’Erruas, avec brio, comme le prouve son rayonnement au- delà des frontières. Ils avaient alors entre 20 et 40 ans, et ils formaient la quatrième génération de la peinture contemporaine marocaine, mise sur la rampe de lance- ment par Ahmed Cherkaoui (1934-1967) et Jilali Gharbaoui (1930-1971). Ces artistes-là, se réjouissait le critique d’art Aziz Daki, « prennent le train de l’avant-garde occidentale. Ils ne sont pas entièrement dans la peinture, mais plutôt dans l’inclassable, le mélange des genres. Mohamed El Baz en est un fleuron. Il y a aussi les lauréats de l’Ecole des Beaux- Arts de Tétouan, Younès Rahmoun, Safaâ Erruas, Batoul S’Himi, Jamila Lamrani, et qui sont très bons ». De ces jeunes peintres, sachant peindre dans les règles de l’art, ou ne s’abandon- nant pas à la facilité vénale que constitue la carte postale, il en existe, au bas mot, une quarantaine : Amine Bennis, avec son univers coloré, qui n’est pas sans évoquer celui des adhérents au mouvement Cobra; Abdellah Elatrach et ses scènes de transe animées par des créatures fantastiques, des reptiles et autres animaux venimeux; Abdelmalik Berhiss, dont les tableaux sont peuplés de chimères et de monstres; Noureddine Chater éprouve un plaisir certain à transfigurer les lettres arabes; Larbi Cherkaoui en impose par son art consommé du signe; Ahmed El Hayani fait de la calligraphie la raison d’être de sa peinture; Salah Benjkan intrigue par ses formes «défigurées»; Saïd Qodaïd décrit avec un souci du détail des scènes cap- tées dans son pays; Khalid El Bekay sur- prend par la limpidité chromatique de ses compositions; My Youssef El Kahfaï surfe sur le spleen et la solitude à grand renfort de contraste entre tons vifs et sombres; Mohamed Nadif se dédie à la représenta- tion du corps féminin… Sans totalement bouleverser le paysage pictural, la jeune génération y apporte des touches nouvelles. La principale est

l’introduction par certains artistes de tech- nologies, telles que la vidéo, avoisinant la peinture, ou l’usage de la photographie mêlée à celle-ci. Les installations sont devenues des pratiques courantes chez un grand nombre de jeunes. Exercice dans lequel s’illustrent particulièrement Mounir Fatmi, Younès Rahmoun, Batoul S’himi et Mohamed El Baz - une autre grande pointure de l’art abstrait, dont l’esthétique minimaliste, support de son engagement en faveur des causes huma- nitaires, force l’admiration. Oui ! Pour autant, l’abstraction n’a pas été remisée au grenier par la nouvelle génération. Elle règne en partage avec sa rivale. Et elle possède de brillants ser- vants. Telle Safaa Erruas et ses toiles immaculées, fruits de son rêve d’en-

fant. A propos de cette jeune prodige, Nicole de Pontcharra, critique d’art, dit : « Elle incarne bien les vertus féminines qui, sans qu’il faille y voir la moindre mièvrerie, sont représentatives de ce que la femme porte en elle de capacité à s’émouvoir, à assumer des fardeaux, à donner d’elle- même, comme à s’extraire du réel par le rêve ». On peut en dire autant de Rita Alaoui et de ses toiles épurées aux conso- nances mutines et badines. De périodes novatrices, prolifiques, éclairées, l’histoire de la peinture maro- caine est constamment semée. Faute d’espace, il serait malaisé de les évo- quer toutes. Contentons-nous de répéter cette évidence : la peinture au Maroc ignore la léthargie et la sclérose, et sans cesse se renouvelle. ◆

La peinture au Maroc ignore la léthargie et la sclérose, et sans cesse se renouvelle.

Tout au long de ses 110 ans d’existence, Société Générale Maroc a toujours été animée d’une vision qui dépasse les frontières traditionnelles des métiers bancaires. La banque s’est inscrite depuis des décennies dans une tradition de mécénat culturel national, œuvrant pleinement en faveur de la pro- motion de l'art et de la culture. Dans la continuité de cette tradition de mécénat culturel, la banque annonce la création du Musée Société Générale Maroc. Espace d’expression artistique et de partage qui sera inauguré en 2024. Ce musée a été créé sous l’impulsion du président de la banque, Ahmed El Yacoubi, perpétuant ainsi une longue tradition de mécénat culturel initiée il y a de cela près d’un demi-siècle par son ancien président M’Hamed Bargach. Tradition qui a connu son essor sous la direction de l’ancien président, Abdelaziz Tazi, dont la passion pour les arts a contribué à la création de l’une des plus belles collections artistiques du Royaume. Situé au cœur du siège historique de Société Générale Maroc à Casablanca, le Musée incarne la volonté de la banque à œuvrer en faveur de la promotion des arts et de leur diffusion auprès de larges publics, avec la volonté de susciter de nouvelles vocations et favoriser l’émergence de jeunes talents. Vecteur de l’engagement culturel de la banque, la Fondation Société Générale Maroc multiplie les collaborations culturelles en accompagnant plusieurs musées marocains et étrangers par le prêt d’œuvres de sa collection, à savoir l’Institut du Monde Arabe Paris, le musée Reina Sofía Madrid, le département de la culture et du tourisme Abu Dhabi, le musée Tate St Ives, le musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain et le musée Bank Al-Maghrib. Un nouvel espace d’expression artistique et de partage en devenir Le Musée Société Générale Maroc

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