E CONOMIE
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FINANCES NEWS HEBDO
JEUDI 10 SEPTEMBRE 2020
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Relance économique
◆ Les mesures restrictives répétitives plombent la reprise tant attendue et sapent le moral des chefs d’entreprises. ◆ Faudrait-il que l’Etat recadre sa politique de santé publique pour enfin libérer l’économie ? La machine fortement grippée P arler de reprise écono- mique dans le contexte ressemble presque à une incongruité. L’espoir né après le déconfinement Par D. William Le chef du gouverne- ment, Saad Eddine El Otmani, et son équipe sont
désormais confrontés à une levée de boucliers face à la multipli- cation des mesures restrictives,
s’est transformé petit à petit en une profonde désillusion pour les opérateurs économiques. Entre la forte dégradation de la situation épidémiologique au Maroc et les durcissements des mesures restric- tives par les autorités, la machine économique est actuellement bien grippée et les entreprises luttent davantage pour survivre que pour profiter d’une hypothétique relance. De relance, les chefs d’entreprise n’en parlent plus. Ils n’y croient guère. Ils ont le moral dans les chaussettes. Pourtant, de multiples outils incita- tifs ont été mis en place par les pou- voirs publics afin de leur permettre de reprendre une activité normale. Il faut noter, à ce titre, que des milliers d’entreprises ont déjà eu recours aux mécanismes de garantie mis en place par la Caisse centrale de garantie. En effet, «Relance TPE» et «Damane Relance» ont profité à pas moins de 15.183 entreprises, pour un total de 22,4 milliards de DH de crédits ayant bénéficié de ces garanties exceptionnelles, soit un montant global d’engagements s’élevant à 19,7 milliards de DH. Mais le contexte sanitaire actuel bride toute initiative, les plonge dans une profonde incertitude et affaiblit davantage une économie déjà en léthargie. D’ailleurs, lundi, les autorités ont haussé le ton et ini- tié plusieurs restrictions dans la pré- fecture de Casablanca. Une mesure qui s’ajoute à d’autres similaires déjà prises dans plusieurs autres
lesquelles brident la reprise.
villes. Comment espérer alors ne serait-ce qu’un frémissement de l’économie dans pareil contexte ? «Nous devons gérer l’économie dans un climat d’incertitude et sou- vent de désordre. Ce qui ne favo- rise pas un climat de confiance, si nécessaire pour la relance» , ana- lyse à ce titre Mohamed Berrada, professeur à l’université Hassan II (voir pages 18/19). Clairement, la gestion de la crise sanitaire a fortement pris le pas sur les impératifs économiques. Avec pour conséquences la multiplica- tion des secteurs en difficulté. L’Etat devra encore passer à la caisse L’Etat ne dispose pas d’un budget élastique pour soutenir continuel- lement les entreprises, les salariés, l’informel, bref l’économie en géné- ral. Le Roi l’avait d’ailleurs rappelé lors de son discours prononcé à l’occasion de la Fête du Trône. «Cet appui ne peut continuer indé- finiment, car les aides accordées par l'Etat excèdent ses ressources»,
avait souligné le Souverain. Force est néanmoins de consta- ter que le gouvernement, qui avait déployé un plan de soutien jusqu’en juin, est contraint de faire une ral- longe. Le secteur touristique, très sinistré à cause de cette crise sani- taire, vient d’ailleurs de bénéficier d’une aide spécifique. La Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) a ainsi lancé, mardi, un portail électronique réservé à la déclaration des salariés des entre- prises du secteur touristique et des professionnels éligibles à l’indem- nité forfaitaire financée par le Fonds spécial pour la gestion de la pan- démie du nouveau coronavirus. A ce titre, les entreprises concernées pourront déclarer leurs salariés et les stagiaires sous contrat insertion pour bénéficier, entre autres, d’une indemnité mensuelle de 2.000 DH devant être servie durant la période allant du 1 er juillet à fin décembre 2020. De telles mesures risquent malheu- reusement de se multiplier pour éviter au Maroc une crise sociale
majeure, dans ce contexte sani- taire très préoccupant marqué, d’ailleurs, par la prolongation de l’état d’urgence sanitaire jusqu’au 10 octobre. Alors, faudrait-il que le gouverne- ment recadre sa politique sani- taire afin de pouvoir enfin «libé- rer» l’économie ? C’est l’avis de la Confédération générale des entre- prises du Maroc, qui pointe du doigt les incohérences des autori- tés dans cette phase de gestion de la crise (voir page 22). Une posture que semble partager l’ancien ministre, expert en straté- gies de développement et président de l’Alliance des économistes isti- qlaliens, Abdellatif Maâzouz. Selon lui, «le gouvernement n’a pas su mettre suffisamment à profit les grands acquis des trois premiers mois de la crise, bien au contraire. Les principales raisons en sont l’im- provisation, le manque de coordi- nation entre les différentes compo- santes du gouvernement et l’insuf- fisance de sa communication avec les citoyens» (voir pages 20/21). ◆
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