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ECONOMIE
FINANCES NEWS HEBDO
MERCREDI 31 MARS 2021
www.fnh.ma
Politique de revenus
◆ La contraction de la demande intérieure et la détérioration de l’indice de Gini incitent à mettre en place une politique active des revenus. ◆ Mais le contexte de crise reste un prétexte pour y surseoir. L’horizon temporel s’éloigne davantage
crise pandémique qui a fra- gilisé le tissu entrepreneurial. D’où l’incertitude qui entoure le timing de la hausse du Smig pour améliorer un tant soit peu les revenus des salariés modestes et précaires. En se référant aux comptes
La crise, un prétexte pour accélérer le rythme Cette crise est une occasion pour l’Etat d’accélérer la dyna- mique réformatrice, salutaire pour l’émergence du Royaume qui a l’ambition de jouer les premiers rôles sur le continent africain. D’après les experts du haut-commissariat au Plan (HCP), la pandémie a brisé le trend baissier de la pauvreté et celui de la vulnérabilité et des inégalités sociales au Maroc. A titre illustratif, le taux de vulnérabilité a plus que dou- blé, passant de 7,3% avant le confinement à 16,7% pendant le confinement. Ceci dit, les aides publiques ont atténué les effets du confinement sani- taire sur les niveaux de vie des ménages. Pour preuve, le taux de pauvreté absolue a été réduit de 9 points à l’échelle nationale, passant de 11,7% avant le transfert des aides publiques à 2,5% après le transfert. Toujours est-il que les aides directes lors du confi- nement ont été ponctuelles et suspendues après quelques mois. Au final, au-delà de la conjonc- ture économique difficile et des finances publiques à la peine actuellement, la mise en place d’une politique active de la hausse des revenus dépend tout d’abord de la volonté poli- tique de l’Exécutif qui, jusque- là, avance de façon timorée sur le sujet. Sur les dix dernières années, le salaire moyen des fonctionnaires n’a progressé que de 2,21% par an pour se situer à 8.147 DH en 2020. ◆
nationaux des secteurs institutionnels de 2019, le revenu mixte, y compris l’excédent brut du service de logement, a contribué au revenu disponible brut (RDB) des ménages à hau- teur de 42,1%, les reve-
La contribution de la rémunération des salariés au revenu disponible brut des ménages a été de 47,7% en 2019.
nus de la propriété nets, les prestations sociales et autres transferts nets à 27%. Ces données montrent le caractère opportun et pertinent d’amélio- rer les prestations sociales et autres transferts nets d’origine publique. Or, l’on constate un retard pénalisant dans la mise en place du Régime social unique (RSU), censé permettre d’améliorer les conditions de vie des ménages modestes via, entre autres, un meilleur ciblage et une aide financière directe. Il est aussi utile de noter que les impôts sur le revenu et le patrimoine et les cotisations sociales ont contri- bué négativement à 16,8% au RDB en 2019. Dans ce cadre, la dernière étude du haut-commissa- riat au Plan (HCP) révèle une donne qui interpelle. Le niveau de vie a augmenté au Maroc en dirham constant à un taux annuel de 2,7% entre 2013 et 2019. Ce qui représente un rythme inférieur à celui de la période 2007-2014 (3,6%).
population donnée. Il varie entre 0 (égalité parfaite) et 1 (inégalité extrême). Faudrait-il le préciser, au Maroc en 2019, les 20% des personnes les plus aisées ont totalisé 46,1% de la consommation totale des ménages. Pour avoir un ordre de grandeur, et si l’on se réfère à l’année 2019, une période normale (antérieure à la crise sanitaire), le revenu disponible brut (RDB) des ménages s’est accru de 4% pour atteindre 743 milliards de DH. La contri- bution de la rémunération des salariés à ce revenu a été de 47,7%. C’est dire la centra- lité de la variable salariale pour l’amélioration des reve- nus. Or, toutes les personnes qui suivent l’actualité écono- mique du pays savent que le patronat marocain (CGEM) est favorable au gel de l’aug- mentation du Smig (+5%) qui devait intervenir en juillet 2020 (www. fnh.ma). Et ce, jusqu’à nouvel ordre en raison de la
D epuis plusieurs années mainte- nant, nombreux sont les écono- mistes convaincus de l’impératif pour l’Etat de mettre en place une politique active pour la hausse des revenus faibles et moyens. Les objectifs derrière cette volonté sont, entre autres, la stimula- tion de la demande intérieure, principal pilier de la croissance économique du Royaume, l’amélioration de l’indice de Gini, qui s’est hélas détérioré sous l’effet de la crise sanitaire (www. Laquotidienne.ma), et l’amélioration de l’épargne nationale pour le financement des projets structurants sur le long terme. Pour rappel, l'indice (ou coefficient) de Gini est un indicateur synthétique permettant de rendre compte du niveau d'inégalité éco- nomique et sociale sur une Par M. Diao
Le niveau de vie a augmen- té au Maroc en dirham constant à un taux annuel de 2,7% entre 2013 et 2019.
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