FNH N° 1017

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CULTURE

FINANCES NEWS HEBDO

MERCREDI 31 MARS 2021

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Exposition

◆ De Gallery Kent, les lauréats de l'Institut national des beaux arts de Tétouan (INBA) ainsi qu'un de leur professeur vont poser leur tente à l'Institut Cervantes qui vient d'être rénové. ◆ Outre ces jeunes créateurs, l’Institut invitera également de grosses pointures telles que Ouezzani, Amrani, Selfati, Benkirane. L’INBA ou l’enfance de l’art

Par R. K. Houdaïfa

E n des temps bénis, les cultures espagnole et marocaine s’entremêlaient, s’interpéné- traient, s’agrégeaient, tissant ainsi les fils d’or d’une civili- sation brillantissime. Quoique « depuis qu'un peintre espagnol, ‘granadino y tetuaní’, Mariano Bertuchi, a créé dans les années 1940 la première institu- tion pour peintres au Maroc », le lien s’est distendu. Chacune d’elles s’est

emmurée dans son particu- larisme. C’est de ce constat qu’a germé l’idée féconde de mettre sur pied une col- laboration entre cette école

Sala de expo- siciones de Cervantes.

mythique et incontournable des artistes de Tétouan, Gallery Kent, et l’Institut Cervantes, dont le dessein avoué est de faire renouer les deux cultures avec leur vocation à l’échange mutuel. Et sur- tout, permettre à « l'Institut Cervantes de Tanger d'être à l'écoute de ce que font les jeunes marocains aujourd'hui ». L’intention était noble, restait à lui don- ner corps. Il y a un an, on estima qu'une exposition de jeunes peintres émanant de ladite institution constituerait un prélude entraînant. Une affaire ronde- ment menée par Aziza Laraki, qui en fit une question d'honneur. Grâce à sa curiosité inlassable des autres, à sa disponibilité constante et son impec- cable urbanité, elle avait su nouer des amitiés indéfectibles avec nombre d'artistes et tisser des « partenariats entre institutions privées et publiques... lorsqu’elle rencontre Xavier ». Aussi, n'eut-elle aucun mal à les convaincre. Baptisée éloquemment «INBA Generation», l'exposition rassemble huit artistes (Hajar el Moustaassim,

Rahma Lhoussig, Reda Boudina, Ziad El Manssouri, Aziz Oumoussa, Kamal Afassi, Ahmed Khiri et Anass El Kho) sans qu'aucun thème commun n'ait présidé à leurs exhibitions conjointes. Et pourtant, tous sont habités par la même préoccupation : prouver que l’art saura toujours braver les tempêtes rugissantes qui s'acharnent sur lui, et qu'il battra encore pavillon haut. Dans cet argumentaire, présenté sous forme d'un concert de couleurs et de lumières, les jeunes peintres jouent superbement leurs partitions. Situé à la lisière du figuratif et de l'abstrait, leur art suggère que «l'essentiel est invisible pour les yeux», pour reprendre l'aphorisme du renard du Petit Prince . Probablement par souci de sauve- garder les «espaces du dedans» face au pouvoir asphyxiant du visible, du

«c'est tout vu». Ici, la perception immé- diate, littérale, n'est pas de mise, tant les «sujets» figurés se donnent à voir comme des métaphores interpré- tables. A la généreuse manifestation, Abdelkrim Ouazzani, Ahmed Amrani, Faissal Benkiran, Ilias Selfati et Omar Saadoune ont apporté un écot subs- tantiel autant que divers. Au sortir de cette 2 ème édition (ainsi que 2 ème session), où l'on découvre tant de levain pour un dialogue fruc- tueux entre les deux pays - et surtout, pour un dialogue entre trois généra- tions d’artistes marocains -, on ne peut qu'applaudir des deux mains la louable initiative prise par une femme et quelques hommes de bonne volonté. ◆ *Jusqu’au 16 avril, à Galerie Cervantes. Rue de Belgique n°9. Tanger.

Situé à la lisière du

figuratif et de l'abstrait, leur art suggère que «l'essen- tiel est invi- sible pour les yeux», pour reprendre l'aphorisme du renard du Petit Prince.

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