FNH N° 1026 _1

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BOURSE & FINANCES

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 10 ET VENDREDI 11 JUIN 2021

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Financement du NMD «Le schéma classique est dépassé» ◆ Il est essentiel d’investir de nouvelles pistes plus innovantes. ◆ Sans de nouvelles réformes, le système fiscal actuel serait incapable d’accom- pagner le NMD. ◆ Le point avec Youssef Oubouali, professeur de droit fiscal.

surtout que les ambitions sont très importantes. Pour relever les différents défis, le schéma classique de financement est dépassé. Il faut dès lors inves- tir de nouvelles pistes plus innovantes. F.N.H. : Les besoins de financement identifiés dans le rapport seront- ils à la hauteur des dif- férents défis à relever ? Y. O. : L’amorçage du NMD est tributaire de ressources additionnelles importantes. Le rapport sur le NMD a établi que les évaluations prélimi- naires font état de besoins de l’ordre de 4% du PIB annuel- lement en phase d’amorçage (2022-2025) et de 10% du PIB en rythme de croisière à l’hori- zon 2030. Les objectifs ciblés sont sur- tout ceux ayant une conno- tation sociale comme l’ensei- gnement, la santé, la protec- tion sociale ou la jeunesse, qui ont besoin de fonds consé- quents. Il s’agit non seulement de rattraper le retard accusé pendant de longues années, mais également d’accélérer les réalisations et de com- bler les différents manques à gagner. D’autres projets budgéti- vores comme ceux relatifs à la mobilisation des ressources hydriques, de l’énergie, du transport et de la transforma- tion digitale sont également au programme. Mais encore

faut-il leur créer un modèle de financement approprié. A ce niveau, le rapport évoque des généralités, sans proposer des formules bien précises. F.N.H. : Le rapport met l’accent sur l’efficience des ressources bud- gétaires allouées et la bonne gouvernance. Est-il possible de réus- sir ce défi ? Y. O. : C’est un constat qui a été relevé dans d’autres rap- ports et conclusions aupara- vant, sans pour autant que la situation ne change. L’exemple typique est celui des secteurs sociaux où le Maroc a, depuis l’indépen- dance, mobilisé d’importantes ressources, mais les déficits existent toujours. Alors que d’autres pays ont dépensé moins et ont pu réaliser des résultats tangibles. C’est bien de mobiliser des ressources budgétaires, encore faut-il bien les dépenser. Tous les bailleurs de fonds publics, privés et les partenaires du Royaume sont toujours dispo- sés à accompagner les projets à caractère socioéconomique, mais ils formulent des réserves au niveau de l’exécution des programmes. Les défaillances du système, qu’elles soient administratives, législatives, fiscales ou réglementaires créent des dégâts collatéraux et des perturbations majeures, aboutissant au final à des

Propos recueillis par C. Jaidani

Finances News Hebdo : Le rapport sur le NMD (Nouveau modèle de développement) pré- senté dernièrement a consacré un chapitre sur le financement. Quelle en est votre lec- ture ? Youssef Oubouali : Le rap- port s’est beaucoup étalé sur le diagnostic des différentes problématiques, parfois avec des constats déjà connus et révélés auparavant. Alors que pour le financement, véritable nerf de la guerre pour mener à bien la vision, il n’a consa- cré que quelques pages. Il a également donné une grande priorité au financement public, sans pour autant s’intéresser avec beaucoup d’attention au financement privé. Il a toute- fois fait référence à la mobili- sation des ressources d’em- prunt auprès des marchés des capitaux, des partenaires et des bailleurs de fonds inter- nationaux, à la condition que le chemin du développement proposé soit crédible et que les ressources mobilisées soient destinées spécifique- ment à des projets ayant pour objectifs de booster la crois- sance et réduire les inégalités sociales. Le financement du NMD est un axe stratégique pour réus- sir les différentes projections,

résultats peu reluisants.

F.N.H. : Quid du volet fiscal ? Le système exis- tant actuellement est-il adéquat pour accompa- gner le NMD ? Y. O. : En dépit de plusieurs réformes entamées depuis 2000, le système fiscal maro- cain présente toujours des lacunes et des limites qui ont été largement débattues lors des dernières assises de la fiscalité, organisées en mai 2019 à Skhirat. Le même évé- nement s’est achevé en fixant plusieurs recommandations pour remédier à ces dysfonc- tionnements ou améliorer le système. Outre les disposi- tions techniques ayant trait à l’aménagement des taux, l’as- siette, il est utile de renforcer l’équité fiscale, les droits des contribuables, parachever le processus de dématérialisa- tion et la professionnalisation des métiers et, surtout, lutter contre l’informel. ◆

Les objectifs ciblés sont surtout ceux

ayant une connota-

tion sociale comme l’en- seignement, la santé, qui ont besoin de fonds consé- quents.

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