FNH N° 1018

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BOURSE & FINANCES

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 8 AVRIL 2021

www.fnh.ma

◆ De récents textes réglementaires ont enfin permis le démarrage de la titrisation dite synthétique au Maroc, ce qui va permettre aux acteurs du secteur financier de dégager des fonds propres et renforcer leur rôle dans le financement de la relance. ◆ Houda Chafil, Directeur général de Maghreb Titrisation, acteur de référence en la matière au Maroc, nous explique les enjeux de ce mécanisme. La titrisation dans les starting-blocks Financement de la relance

Propos recueillis par A. Hlimi

Finances News Hebdo : Nous connais- sions la titrisation «classique», mais pas la titrisation synthétique. En quoi consiste ce mécanisme ? Houda Chafil : La titrisation synthétique est le dernier-né de la titrisation au Maroc. En effet, nous sommes passés par plusieurs étapes sur ce marché, avec une première loi en 2001, puis une réforme en 2008 et la loi de 2013 qui a véritablement ouvert ce marché, avec l'élargissement de la titrisation à différents initiateurs et à différents types d'actifs sous-jacents et de titres à émettre, avec la possibilité notamment d'émettre à l'étranger, les sukuk, etc. Mais la loi de 2013 ne pouvait pas être appliquée en totalité car elle renvoyait à des textes d'application supplémentaires sur certains sujets comme la titrisation synthé- tique. Laquelle a nécessité près de 7 ans pour être en partie opérationnelle, avec un arrêté ministériel publié en septembre 2020 qui concerne la garantie du risque de finan- cement. Maintenant, pour répondre à votre ques- tion, je rappelle que la titrisation classique consiste en l'acquisition temporaire ou défi- nitive d'actifs par un fonds de titrisation qui va procéder à l'émission de titres sur le marché des capitaux pour l’acquisition de ces actifs. A Maghreb Titrisation, nous avons réalisé beaucoup d’opérations de titrisations clas- siques, avec comme actifs sous-jacents des créances bancaires, commerciales, des actifs immobiliers et même le droit d’usufruit dans le cadre des certificats de sukuk sou- verain. Cette forme de titrisation classique permet de sortir les actifs concernés du bilan des établissements initiateurs et de bénéficier d'une trésorerie immédiate. A la différence de la titrisation classique, la

A la diffé- rence de la titrisation classique, la titrisation synthétique permet à l’établisse-

ment ini- tiateur de

garder dans son bilan les engagements dont le risque

de finance- ment a été transféré.

titrisation synthétique permet à l’établisse- ment initiateur de garder dans son bilan les engagements dont le risque de financement a été transféré. La titrisation synthétique n’apporte donc pas de cash à l’établisse- ment initiateur. Elle l’aide plutôt à améliorer ses ratios prudentiels et garantir le risque de son portefeuille client. F.N.H. : Pouvez-vous nous présenter un exemple ? H. Ch. : Prenons le cas d'une banque qui opte pour une titrisation synthétique de ses

créances. L'opération consiste en un trans- fert du risque de financement lié à ce porte- feuille de créances à un fonds de titrisation. Le FPCT devient ainsi une sorte de «garant» vis-à-vis de l’établissement initiateur et sup- porte de ce fait tous les retards ou défauts de paiement des engagements des clients de l’établissement initiateur envers ce der- nier. Pour l'établissement initiateur, qui est une banque dans notre exemple, la créance demeurant dans son bilan va continuer à lui générer des intérêts, et donc du PNB. En revanche, elle n'aura plus besoin de mettre

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