FNH N° 1018

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CULTURE

JEUDI 8 AVRIL 2021 FINANCES NEWS HEBDO

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tout effet de masque : elles se veulent au-delà du constat, du côté d'une révélation simple qui mesure le poids des élé- ments et l'évidence des êtres. Leurs images sont un prisme sans spectacle. D'autant que le regard est franc et direct. Mais aussi chargé d'émotion, pétri de générosité, débordant d'humanité. Multiple, diverse et talen- tueuse, la photographie marocaine s'est faite une place au soleil dans le paysage artistique. Des ouvrages de belle fac- ture lui ont été dédiés, des vocations se font jour, un musée lui est entière- ment voué, et l'horizon se dégage sur des perspec- tives prometteuses. Pour des bribes d’histoires Le musée de la Fondation Abderrahman Slaoui accueille «Tempus Fugit». Une exposition qui, pla- cée sous le commissa- riat de M’hammed Kilito, rassemble les travaux de huit photographes maro- cains (Walid Bendra, Hicham Benohoud, Imane Djamil, Seif Kousmate, Mehdy Mariouch, Fatima Zohra Serri, Yzza Slaoui et Yassine Toumi) réali- sés durant les périodes de confinement et de deconfinement. « Ce pro- jet met un accent parti- culier sur la narration (...) Chaque photographe a eu carte blanche pour docu- menter cette période et en offrir sa propre vision, son analyse personnelle. Changement de percep- tion de l’espace et du temps, de rapport aux autres et à nous-mêmes. Entre photo journalisme,

jeux graphiques, mises en scène, expérimenta- tions artistiques et poé- sie, ‘Tempus Fugit’ croise et entremêle des instants de vie, archives contem- poraines qui révèlent diverses facettes du Maroc actuel», explique M’hammed Kilito. A bonne distance(s) Des rues de Wuhan aux avenues de New York, en passant par les temples de Thaïlande, les balcons de Paris, les terrasses de Rabat ou les forêts d’Ama- zonie, la pandémie de la Covid-19 a embrouillé nos habitudes et transformé nos vies. Tous les jours, les reporters de l’Agence France-Presse (AFP) s’évertuent à témoigner des effets de la pandé- mie, «raconter ses petites histoires et ses grands soubresauts, donner un visage à l’ennemi invi- sible», lit-on dans la fiche de présentation de «A bonne distance(s)» . Avec plus de 200 images, cette expo, organisée par l’Insti- tut français du Maroc ainsi que la Fondation nationale des musées du Maroc, et présentée par l’AFP sur trois sites à Rabat, se veut, d’après les organi- sateurs, «la plus monu- mentale jamais proposée au public par l’agence». ◆ *«Tempus Fugit», jusqu’au 20 mai, au musée de la Fondation Abderrahman Slaoui, à Casablanca. * «A bonne distance(s)», jusqu’au 30 juin, à Rabat sur les grilles du jardin d’es- sai botanique, devant l’Ins- titut français et sur l’espla- nade du Fort Rottembourg.

C’est lorsqu’on fait des toits un lieu de vie. Ne pouvant faire le mur pour jouer dehors – couvre-feu oblige -, le toit de leur immeuble demeurait la seule échappatoire. © Mehdy Mariouch

N’y a-t-il pas meilleur endroit que le cœur d’une métropole pour sentir les palpitations d’un pays ? C’est au beau milieu du centre-ville, au croisement d’artères bétonnées, que Walid Bendra tire le portrait de l’architecture urbaine évidée de ses habitants. © Walid Bendra

ados privés d'avenir, les femmes répudiées, les ressorts du désenchante- ment et le désir d'émi- grer qui agite la jeunesse marocaine, de même que les rides disgracieuses des vieux immeubles, naguère éblouissants, aujourd'hui voués à une mort certaine… On ne peut soupçonner nos photographes de misérabilisme aigu. Ils ne font que refléter une sombre réalité, dont sont souvent tenus à l'écart touristes et amateurs de pittoresque clinquant. Leurs images refusent

Cérémonie collective de mariage de la secte Moon dans un centre de congrès (Gapyeong / Corée du sud). © AFP

Un ténor français, Stéphane Sénéchal, chantait de sa fenêtre tous les jours à 19h durant le confinement général (Paris/ France). © AFP

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