Argenteuil_2018_09_21

DOSSIER

SUBIR LES DÉFAILLANCES DU SYSTÈME DE SANTÉ

participant à un programme de plusieurs mois à l’Unité de réadaptation fonction- nelle intensive (URFI) du Centre Le Bouclier à Lachute. Grace Raymond se préparait alors à être séparée de sonmari, leméde- cin ayant prescrit une réadaptation d’un an et peut-être même plus. Le 22 mai 2018, Maurice Raymond a été admis dans une chambre de l’URFI. De semaine en semaine, il y a fait des progrès. Mais voilà qu’au bout de six semaines, on annonce que l’URFI sera réaménagée à Saint-Jérôme aumois d’octobre, mais que l’Unité de Lachute ferme immédiatement. Grace Raymond soutient que plutôt d’of- frir de relocaliser sonmari pour poursuivre sa réadaptation, l’équipe de professionnels l’a convaincue qu’elle serait capable de poursuivre les soins pour son mari à la maison. Aucun service à domicile ne lui a été offert non plus, ce qui aurait aumoins pu permettre à M. Raymond de conserver ses acquis. Mme Raymond rapporte pourtant qu’on l’avait rassurée, lorsque les rumeurs de fermeture avaient commencé à circuler, que tous les patients seraient relocalisés. Elle estime aujourd’hui que Le Bouclier savait déjà, lorsque la demande pour son mari a été effectuée à lami-mai, que l’URFI allait fermer ses portes à Lachute. « Ils savaient que Maurice aurait besoin d’être là plusieurs mois. Pourquoi ne l’ont-ils pas dit au début (que l’Unité fermerait) ? On aurait pu le placer ailleurs », a-t-elle déploré. PAS UNE URGENCE Le 4 juillet, Maurice Raymond est donc de retour chez lui, auprès de sa femme, dans leur appartement du 3 e étage de

Après avoir glissé, Maurice Raymond s’est retrouvé au sol, incapable de se relever. Il est resté ainsi pendant plus de deux heures. —photo fournie par Grace Raymond

Grace Raymond a plusieurs critiques à faire sur le système de santé par lequel son mari est malmené depuis plusieurs mois. —photo Evelyne Bergeron

l’immeuble Rotary à Lachute. Celle-ci l’aide du mieux qu’elle peut avec son fauteuil roulant et sa marchette. Mais un bon matin, en voulant se lever de son lit, M. Raymond glisse et se retrouve assis au sol. En raison de sa condition, il est incapable de se relever tout seul. « Le CLSCm’a toujours dit d’appeler tout de suite le 911 s’il tombait, de ne même pas essayer de le toucher », a indiqué la femme de 75 ans. Au bout du fil, la répar- titrice a rétorqué que M. Raymond n’était pas dans une situation d’urgence et que cela pourrait prendre trois heures avant que des ambulanciers puissent lui venir en aide. Bien qu’elle se sente démunie, Mme Raymond comprenait la situation. Elle a alors téléphoné à un couple d’amis qui habitent le même immeuble, Yvon et Johanne Laurin, pour demander de l’aide. Ceux-ci, qui étaient en voiture en route vers leur logement, ont remarqué qu’une ambulance était alors stationnée dans la cour du dépanneur situé à deux coins de rue de leur immeuble. Ils pouvaient même l’apercevoir de la fenêtre du salon de l’appartement du couple Raymond. Malgré un second appel au 911, la répartitrice a une fois de plus refusé de traiter le cas de M. Raymond comme une urgence. « S’ils avaient été occupés, j’aurais compris. Mais ils étaient là à ne rien faire », a reproché M. Laurin. Heureusement, près de deux heures plus tard, une visite de la préposée aux soins à domicile était prévue pour le bain de M. Raymond. Grâce à la connaissance technique de celle-ci et d’une ceinture de transfert à poignée, ils ont réussi en 10 minutes à sortir M. Raymond de sa fâcheuse position. Grace Raymond a été choquée dumanque de compassion des services de secours. « Une prochaine fois, je vais conter des menteries (au 911). C’est ça qui va arriver », a-t-elle déploré. RETOUR D’UNE PRISE ENCHARGE Trois jours après cet évènement, le CLSC a révisé l’évaluation de M. Raymond et a demandé à ce que celui-ci reçoive des soins et des services à temps plein. Il a donc été transféré à la Résidence Saint-Philippe à Brownsburg-Chatham. Et à la demande de sonmédecin, on a recommencé à lui offrir des services de physiothérapie à raison de deux jours par semaine. Bien qu’elle reconnaisse que sonmari est bien traité là où il est, Grace Raymond a espoir que sonmari puisse un jour retour- ner à la maison.

mois qui allaient suivre, voire l’année au complet, étaient censé être orientés vers une réadaptation intensive, après laquelle il pourrait retourner chez lui. Ça, c’était le plan initial. La situation a été toute autre. D’abord, l’opération a été reportée à quatre reprises pour finalement avoir lieu deux semaines plus tard. La première fois, c’était parce que M. Raymond avait pris des éclaircisseurs de sang (Aspirine). Mais les trois autres fois, la raison donnée était que la salle d’opération n’était plus disponible. Plus les jours passaient, plus M. Raymond avait peine à supporter la douleur. « Il avait tellement mal qu’il pleurait. Il vou- lait mourir », a raconté Mme Raymond. Après la quatrième annulation, celle-ci a perdu patience. Elle a réclamé haut et fort l’opération de son mari. C’est finalement vers une heure dumatin, le 5mai, qu’il est entré en salle d’opération où une équipe s’est affairée, pendant près de 10 heures, à améliorer sa condition. SE REMETTRE SUR PIED Maurice et Grace Raymond étaient alors prêts à tourner la page. L’opération avait eu lieu et M. Raymond se sentait mieux. Il était alors prêt à se remettre sur pied en

EVELYNE BERGERON evelyne.bergeron@eap.on.ca

Un homme de 77 ans, Maurice Raymond de Lachute, serait malmené par le système de santé québécois depuis les derniersmois. Les services d’urgence auraient refusé de lui porter secours. Il aurait perdu sa place en réadaptation intensive et son opération a été reportée à quatre reprises. « C’était l’enfer ! On était en train de devenir fou avec tout ce qui est arrivé », s’est exprimé son épouse, Grace Raymond, lorsque L’Argenteuil l’a rencontrée. Maurice Raymond souffre d’arthrose et d’arthrite rhumatoïde. Il a déjà subi une chirurgie, il y a une dizaine d’années, au bas de la colonne vertébrale, aux épaules et aux genoux. Une seconde chirurgie devait être effectuée au printemps, dans le haut de la colonne et dans le cou, pour soulager ses grandes douleurs. Le 18 avril 2018, il a été admis au Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM). Il devait entrer en salle de chirurgie quelques jours plus tard. Les

Made with FlippingBook - professional solution for displaying marketing and sales documents online