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CULTURE

DU 23 & 24 SEPTEMBRE 2021 FINANCES NEWS HEBDO

www.fnh.ma

Par C. Jaidani

(De gauche à droite) Imane Droby donnant à voir une femme dont le regard est convié à péné- trer à l'intérieur des êtres. Figure d'un autre monde, troublante à souhait, peinte par Omar Lhamzi.

la performance graphique. Apposant son blaze, discrètement et mystérieu- sement, dans les lieux et aux moments les plus impossibles, cet habitant de Mohammedia fait acte à la fois artistique et de rébellion contre l’ordre établi… Du tag au Street art, en passant par le graffiti De timide, et disons-le mot, frileux, à sa naissance, le mouvement ne cessera de s’amplifier. Partout au Maroc poussaient les tagueurs, graffeurs, pochoiristes et autres adeptes de la bombe aérosol comme primevères au printemps, au point de devenir innombrables au sens plein du terme. Ils envahissaient sans peur ni reproche, couleurs à la main, esplanades, allées des jardins publics, passages des immeubles et souterrains, au mépris des forces de l’ordre qui veil- laient à les en chasser. C’est dire qu’il y avait des Street artistes, mais il n’y avait pas encore un art urbain assumant sa destinée et imposant ses lignes de démarcation. Fallait-il attendre 2013 pour que la sauce Street prenne réellement ? Le salut vien- dra de l’EAC-L’Boulvart (Education artis- tique et culturelle), une association de

valeurs avant-gardistes ayant vocation à montrer

leurs, viennent dépister les intenses vibrations de

ce qui se fait de mieux en matière de musiques actuelles et de la culture urbaine au Maroc. Avec elle, le genre connaît réellement son essor en fomen- tant, à Casablanca, Sbagha Bagha , don- née la première fois sous forme d’une session Street Art en marge de la qua- torzième édition de L’Boulevard festival. Le coup d’essai fut un coup de maître. Dès lors, on se serre les coudes, on mul- tiplie les fresques, enjolivant de fond en comble l’espace public. C’est ainsi que Rabat a été demanderesse d’un festi- val similaire, d’autant plus que la ville souhaitait être vivifiée, car mal lotie en performances artistiques urbaines. Ce qui fut fait, en 2015, avec la complicité de la Fondation nationale des musées, dans le cadre du programme « Rabat ville lumière, Capitale marocaine de la cultur e». Le festival réussit haut la main son baptême de feu. Il enchaîna succès sur succès, à telle enseigne qu’il s’est hissé au rang des rendez-vous incon- tournables du genre à l’échelle mondiale. A chaque nouvelle saison, son lot de gigantisme. Pendant dix jours, une kyrielle de Street artistes, d’ici et d’ail-

la ville ainsi que de ses habitants pour les enfermer dans le temps sur le sup- port mural. Depuis son baptême de feu, la capitale cosmopolite a accueilli pas moins de quatre-vingt artistes; ce qui a permis la transformation d’une soixan- taine de façades savamment dispersées dans la ville. On y retrouve de très belles peintures murales monumentales, à l’es- thétique très maitrisée, et qui sont pour la plupart figuratives, si ce n’est pas question d’abstraction. « On n’est plus devant un tag underground – une bombe et un mur », nous fait savoir un amateur. On se retrouve devant des œuvres qui irradient la grâce. Heureux rbatis qui ont à se mettre sous la dent un morceau de choix, la sixième édition de Jidar-Rabat Street Art Festival (ex- Jidar, toiles de rue). Ajournée l’année dernière, aujourd’hui offerte, elle est revenue transformer, jusqu’au 26 septembre, la capitale pour son salut et notre bonheur, en ce qui en intensifie le plaisir, musée à ciel ouvert. ◆

Pendant dix jours, une kyrielle de Street artistes, d’ici et d’ail- leurs, viennent dépister les intenses vibra- tions de la ville pour les enfermer dans le temps sur le support mural.

*(A suivre sur : www.fnh.ma)

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