FNH N° 1146 Full

32

VENDREDI 29 MARS 2024 / FINANCES NEWS HEBDO

POLITIQUE

Diplomatie

Tebboune et le Maroc, une obsession unilatérale ! L orsque le régime algérien a décidé d’orga- niser des élections anticipées pour éven- tuellement offrir un second mandat à Abdelmadjid Tebboune, cette décision n’est pas passée inaperçue dans la plu- part des capitales de la région. Et pour cause. L’Algérie est une source d’an- goisses grandissantes pour son voisi- nage, et ses évolutions politiques propres provoquent un intérêt sécuritaire des plus aigus. est devenue l’unique choix diplomatique de l’appareil algérien, le seul levier de pro- pagande de l’Etat algérien, a tel point que pour exister politiquement sur la scène, il faut savoir exprimer un volume de haine à l’égard du Maroc et des Marocains.

De premier abord, Tebboune et son éven- tuel second mandat forcé serait une très mauvaise chose pour le Maroc et pour l’ensemble de la région. En cause, la pyro- manie du système, l’atmosphère d’agres- sivité qu’il installe. À y voir de plus près, cela peut dégager une autre impression. C’est dans les années Tebboune que le Maroc a réussi ses plus belles perfor- mances politiques et ses plus grandes distinctions diplomatiques. De manière froide et cynique, les Marocains peuvent se dire que le meilleur régime qui garantit à coup sûr l’isolement et l’impuissance du concurrent algérien est ce régime du duo Tebboune / Chengriha, qui travaille tous les jours à obérer les chances des Algériens. Un pays énergé- tique où il faut faire la queue pour obte- nir une cannette de lait ou une bouteille d’huile. Un pays-prison à ciel ouvert où un post sur les réseaux sociaux peut valoir une peine d’emprisonnement immédiate. Un pays dont le leadership n’est bienvenu nulle part comme s’il portait la gale. Dans cette perspective, pour les Marocains l’idéal serait que l’Algérie puisse enfanter un pouvoir sensible à l’unité et à la desti- née commune des peuples du Maghreb. Avec un visage et des postures plus conciliantes et plus intégrées. Au lieu de parier toujours des tensions et des rup- tures. En attendant que cette évolution histo- rique arrive, le Maroc aura à gérer un second mandat de Tebboune né dans les douleurs d’une césarienne politique, avec tous les défauts et les déformations possibles et imaginables, y compris celle de vouloir jouter la politique de la terre brûlée. ◆

Au Maroc particulièrement, avec lequel le régime algérien a fermé les frontières terrestres et rompu les relations diploma- tiques, entretenant des menaces guer- rières régulières, ce développement poli- tique a été méticuleusement scruté. Il est vrai que les autorités officielles sont res- tées mutiques à l’égard de cet événement, n’ayant pas pour habitude diplomatique de commenter publiquement les événe- ments algériens de politique intérieures. D’autant plus que parmi les raisons évo- quées pour justifier une telle précipitation électorale, celle de préparer le pays à toutes les éventualités, y compris une guerre ouverte avec le Maroc. Dans les principaux maillons de la chaîne de déci- sion algérienne, le Maroc est présent comme cible, comme argumentaire ou justification. Mais cette décision d’écourter le mandat de Tebboune a été généreusement com- mentée par les journalistes et les influen- ceurs marocains, dont certains, sentant que le sujet est porteur, se sont carrément spécialisés dans les soubresauts de la question algérienne. Ce débat autour de l’Algérie soulève régulièrement de nombreuses interroga- tions de circonstance. Un homme comme A. Tebboune, totalement obsédé par le Maroc, est-il une bonne ou une mauvaise affaire pour le Royaume ? Il est vrai que le simple fait de formuler cette question de cette manière suggère déjà une certaine réponse. Certainement pas bonne, mais

Par Mustapha Tossa journaliste et politologue

pas totalement mauvaise. Pour les autorités marocaines, la solution idéale est de disposer dans le voisinage d’un pouvoir capable de répondre favora- blement aux nombreuses mains tendues pour la réconciliation et la normalisation des rapports, de gérer avec intelligence et réalisme ses relations avec le Maroc ou, dans le pire des cas, d’observer une forme de statu quo froid comme celui qui avait marqué la longue gouvernance des années Bouteflika. Le ni guerre ni paix algérien de cette époque avait le mérite de dissimuler la pathologie anti-marocaine portée aux nues aujourd’hui par le régime Tebboune. Cet espoir a été frontalement déçu par ce régime dirigé en sous main par le chef d’Etat major de l’armée algérienne, Saïd Chengriha, un homme qui respire la haine du Maroc de tous les pores de son corps, et qui en a même fait une sorte de fierté personnelle. Pire, la détestation du Maroc C’est dans les années Tebboune que le Maroc a réussi ses plus belles performances politiques et ses plus grandes distinctions diplomatiques.

www.fnh.ma

Made with FlippingBook flipbook maker