Carillon_2018_03_15

RÉACTIONDE LA MUNICIPALITÉ

FRÉDÉRIC HOUNTONDJI frederic.hountondji@eap.on.ca

Notre journal a tenté de communiquer avec deux des maires qui ont eu à gérer le dossier. Jean-Claude Trottier s’est refusé à tout commentaire sur un sujet qui existe depuis plus de 25 ans. Quant au maire actuel d’Alfred-Plantagenet, Fernand Dicaire, il n’a pas répondu à notre appel, laissé sur son répondeur. Toutefois, dans une lettre datant du 24 mai 2005, adressée à M. Frappier et sa femme par la municipalité, on pouvait lire : « (...) Tel que déjà mentionné dans une lettre datée du 22 mai 1996, à votre avocat Me Cormier, votre propriété est située dans une zone RU2 (rurale générale) et non dans une zone résidentielle, ce qui veut donc dire que la section pour entreposage extérieur ne s’applique pas. » Dans un autre courrier envoyé le 28 septembre 2015 aux deux plaignants, le maire actuel écrit que « L’utilisation de la propriété en question s’avère conforme aux dispositions du Règlement de zonage 2009-50. (…) Les pouvoirs de lamunicipa- lité dans cette affaire ne sont pas illimités et nous ne pouvons pas changer le fait que votre propriété est adjacente à une entreprise de métal. » La municipalité n’a pas manqué aussi de signifier au couple que « toutes les actions, les enquêtes et les démarches que les différents services municipaux pourraient entreprendre dans cette affaire ont déjà été prises avec les résultats que vous connaissez. » Toutefois, les deux résidents pensent que sur le terrain, la situation n’a pas beau- coup évolué. M. Frappier et sa femme disent que quand l’entreprise travaille, le bruit du métal les importune, qu’en été, ils ne peuvent pas utiliser leur cour et sont obligés de quitter lamaison. Ils se plaignent de la présence d’huile au sol, de

Yves Frappier et son épouseHélène Frappier disent « vivre l’enfer » depuis plus de 25 ans à cause de l’entreprise de métal Al-Dan Steel Work, qui opère à trois mètres de leur maison à Lefaivre. Bruit, pollution, stationnement, entre- posage, saleté, suie, polissage de métal, vermine, gros rats…c’est en ces termes que le couple résume son « enfer ». D’après M. Frappier, le calvaire a commencé pour lui et pour sa femme depuis que la muni- cipalité a procédé à un changement de zonage. « L’histoire dure depuis 25 ans, avec un changement de zonage fait en 1983 par la municipalité. La municipalité avait repris cette bâtisse (actuelle entreprise) pour non-paiement de taxes et avait fait passer le zonage (d’agricole) à industriel. Il n’y avait aucune raison pour qu’elle le fasse, légalement, parce que c’était une coopérative agricole », a-t-il déploré. Il poursuit : « Le règlement de zonage est sorti en 1980. Il y avait des normes rigou- reuses assez sévères qui ne permettaient pas de changer (le zonage) à industriel (…). Mon beau-frère, qui était décédé et à qui appartenait la bâtisse à l’époque, avait demandé ce zonage-là et ça n’avait pas passé, parce que c’était trop proche de chez nous, trop proche du chemin. Le ter- rain n’est pas assez grand pour (le zonage) industriel. La municipalité, en 1983, pour non-paiement de taxes, l’a changé pour industriel », a laissé entendre le plaignant.

saletés, bref de la pollution de leur cadre de vie par une industrie installée dans un bâtiment qui aurait été construit en 1946 et qui n’aurait subi aucune amélioration majeure, selon eux. « J’ai noté que certaines semaines, de deux à trois remorques de 45 pieds sortent de cet endroit, chargées à pleine capacité demorceaux demétal, enduits de primer à métal. Cela démontre la quantité de peinture qui est utilisée à cet endroit », a relevé M. Frappier. RÉACTIONDE L’ENTREPRISE AL-DAN STEELWORK Daniel St-Jean, responsable de l’entre- prise, soutient pour sa part qu’il respecte les normes en vigueur et que ses activités et l’emplacement de son usine n’ont rien d’illégal. « Ça fait plusieurs années qu’on est ici et ça a toujours été un peu la bisbille. Le moindre bruit qu’on fait, ils (les voisins) essaient toujours d’appeler le ministère qui vient et fait ses inspections routinières.

Tous les mois, on a des documents à rem- plir et à envoyer auministère de l’Environ- nement. Eux, ils font leur inspection. Le filtreur est changé dans la machine. On a des conditions à suivre. Quand les gars travaillent, il faut que les portes soient toujours fermées. On respecte toutes les conditions lemieux qu’on peut », a avoué M. St-Jean. Il a poursuivi en indiquant que l’inspec- teur duministère de l’Environnement vient parfois à l’improviste. Il fait son travail à leur insu pour ensuite donner son verdict. « À un moment donné, l’été passé, l’ins- pecteur est arrivé et s’est garé dans le fond de la cour. Mes gars ne le savaient même pas. Il faisait son job, surveillait comment les gars travaillaient et par après, est allé les voir pour leur dire : ‘C’est parfait, ça fait une demi-heure que je suis dans la cour’. Le ministère fait des inspections à l’intérieur et à l’extérieur à peu près une fois par mois. Il y a un bon entretien des filtreurs. C’est dommage que ça soit proche demême, mais on fait tout ce que l’on peut », a compati M. St-Jean. Au chapitre du zonage, il n’a pas du tout la même lecture que M. Frappier et son épouse. « Le zonage me permet de faire l’ouvrage que je fais-là, surtout que c’est tranquille. Les heures normales ici, c’est de 8 h à 4 h. Ça peut arriver qu’on aille à 5 h quand on a beaucoup d’ouvrage. C’est plutôt rare. On travaille peut-être trois à quatre samedis dans l’année. Je prends en considération qu’ils sont proches et c’est pour ça que j’essaie de faire le moins de bruit possible les fins de semaine », a-t-il mentionné. M. Frappier et son épouse estiment, à tort ou à raison, qu’ils sont abandonnés dans cette affaire par lamunicipalité et le ministère de l’Environnement. Se disant impuissants devant toutes ces instances, ils ont décidé de vendre leur maison pour aller vivre ailleurs. Mais selon le couple, les acheteurs sont loin de se bousculer à leur porte.

Le fer entreposé dans la cour de l’usine. —photo Frédéric Hountondji

Le Carillon, Hawkesbury ON.

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Le jeudi 15 mars 2018

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