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P OLITIQUE

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JEUDI 4 NOVEMBRE 2021 FINANCES NEWS HEBDO

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Abdelilah Benkirane Un lion blessé aux commandes du Parti de la justice et du développement ◆ Les islamistes ont préféré s’en remettre au proverbe qui dit «les vieilles marmites font les meilleures soupes», en élisant Abdelilah Benkirane secrétaire général du parti de la lampe. ◆ Mais cet homme à la rancune tenace saura-t-il fédérer et redorer le blason du PJD ?

figures historiques du PJD, qui reven- dique d’en incarner les valeurs fonda- trices. Et c’est peut-être cela qui lui a valu ce plébiscite et ce retour en force. Car, souvenons-nous, Benkirane a toujours accusé El Otmani de souiller et tripatouiller les références idéolo- giques du PJD, au regard notamment des choix politiques et des nombreux compromis faits par l’ex-chef de gou- vernement au sein de la majorité (la

loi-cadre relative au système d’éducation, de formation et de recherche, en raison de l’enseignement des matières scientifiques en langues étran- gères ou encore la loi sur les usages licites du cannabis). «Le PJD a subi une lourde défaite lors des dernières élec- tions du 8 septembre 2021.

Abdelilah Benkirane revient par la grande porte, un peu plus de quatre ans après avoir été limogé de son poste de chef de gouverne- ment.

Cette déception était difficile à digé- rer. Une fois le résultat du scrutin dévoilé, le secrétariat du parti a pré- senté sa démission et certains obser- vateurs prédisaient l’éclatement ou la scission du parti. Pour assurer sa résurrection, la formation à la lampe a choisi Abdelilah Benkirane. Les militants du PJD estiment que c’est le seul homme capable de redo- rer le blason du parti. Il dispose d’une longue expérience politique et son passage à la tête du gouver- nement est un atout de taille. Sans oublier les autres qualités qui lui permettent de se distinguer dans la scène politique nationale, notamment le fait qu’il soit un bon orateur qui ne

Otmani ainsi que les membres de l’ancienne équipe gouvernementale. Fini ? Abdelilah Benkirane ne l’était visiblement pas. Il a la carapace dure. Et c’est en lion blessé qu’il opère un retour triomphal à la tête du PJD. Samedi 30 octobre, à l’issue d’un congrès extraordinaire, il a été élu à une très large majorité secrétaire général du Parti de la justice et du développement. Les vieilles marmites font les meil- leures soupes, dit-on. La base de cette formation politique a donc pré- féré s’en tenir à cette assertion au lieu d’opter pour le renouveau, choi- sissant de remettre en selle l’une des

O n le croyait politiquement mort depuis qu’il a été évincé par le Roi de son fauteuil de chef de gou- vernement et remplacé par son camarade de parti Saad Eddine El Otmani. On disait de lui qu’il était définitivement discrédité lorsqu’il a avoué percevoir une pen- sion de retraite exceptionnelle quand il a quitté le gouvernement. On l’a même traité d’amuseur de la scène politique quand, très souvent, il s’est fendu de propos incendiaires sur les réseaux sociaux pour allumer El Par D. William

Contraint à l’exil forcé sur les bancs de l’opposition, le PJD devra se reconstruire une légitimité, avec comme chef d’orchestre Benkirane.

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