Argenteuil_2014_05_28

PORTRAIT

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Lachute perd un grand citoyen

société d’Argenteuil. Il était notamment enseignant au Centre Carillon et à la Polyvalente Lavigne et s’occupait spécifiquement des élèves en difficulté. Il a aussi été membre du conseil d’administration du Centre du Florès et a créé l’organisme catholique Les trois tentes qui a su redonner un élan au mouvement scout dans Argenteuil. Pour Vitor Sabino, qui l’a connu en 1978 alors qu’il commençait à enseigner à la Polyvalente Lavigne, Ernest Champagne était vraiment fait pour exercer son travail. «Ernest était un homme généreux, patient, un joueur de tour et un bon vivant. Il avait le tour avec les jeunes auxquels il enseignait», se souvient Vitor Sabino. Ernest, un «ramasseux»? De son côté, Marcel Brunette se souvient d’Ernest comme étant un homme qui était passionné par l’histoire d’Argenteuil et par son patrimoine bâti. «Ernest, c’était un ramasseux. Son sous-sol regorgeait de coupuresdejournauxetdephotosd’époque qui témoignaient de l’histoire d’Argenteuil.

JULIE GODIN julie.godin@eap.on.ca

LACHUTE | Un grand citoyen de Lachute, et surtout d’Ayersville, s’est récemment éteint. En effet, Ernest Champagne est décédé le 1 er mai à l’âge de 75 ans en emportant avec lui une bibliothèque de connaissances et surtout son amour indé- fectible d’Argenteuil. L’Argenteuil est allé à la rencontre de deux grands amis de M. Champagne, l’ancien directeur de la Poly- valente Lavigne, Marcel Brunette, et l’en- seignant à la retraite, Vitor Sabino, deux personnes qui en avaient beaucoup à dire sur le personnage. Plusieurs connaissaient Ernest Champagne pour son grand engagement dans le comité de sauvegarde de l’église Saint-Julien de Lachute, mais Ernest Champagne était aussi un grand défenseur de l’intégration des personnes handicapées et en difficulté d’apprentissage dans la

Photo Julie Godin

On aperçoit ici Ernest Champagne, en novembre 2011, lors du dévoilement du livre La petite histoire de Lachute-Tome 2 en présence de Jean-Charles Normandeau, Marcel Brunette et le prête historien Clément Laurin.

Il m’a d’ailleurs beaucoup aidé pour la rédaction de mon livre La petite histoire de Lachute Tome 2 », explique ce dernier. Rappelons aussi que la passion d’Ernest a été reconnue par la MRC d’Argenteuil qui l’a décoré de l’ordre d’Argenteuil en 2012. Qui dit passionné de l’histoire dit aussi passionné de généalogie. En effet, il était aussi à la tête de l’Association des familles Champagne du Québec. Vitor Sabino se rappelle d’ailleurs d’une visite bien spéciale qu’Ernest Champagne avait faite pour faire découvrir son coin de pays aux membres de son association. «Il avait fait un petit circuit touristique -animé par lui- pour leur faire découvrir Argenteuil. Il pensait d’ailleurs que ce serait une bonne idée de mettre en place un tel parcours à chaque cinq ans pour faire découvrir les lieux historiques et aider à la sauvegarde du patrimoine d’Argenteuil», raconte-t-il. Ses souhaits Pour Vitor Sabino, qui considérait Ernest comme un frère, sa perte est un choc et laisse un trou béant dans Argenteuil. Il a pu s’entretenir avec Ernest avant que sa santé ne se dégrade et indique qu’Ernest avait encore plein de projets en tête. Il projetait notamment d’écrire un livre dans lequel il y aurait plusieurs des photos d’époque qu’il possédait dans «sa caverne mère, qui se trouve être la fille d’un des donateurs, elle était enceinte en 1938. Ils calculaient de faire une grosse ouverture, à la fin de juillet, avec le baptême d’un enfant. Puis c’était l’épouse de l’architecte, en plus. Elle est décédée d’une naissance prématurée. L’enfant, bien il était censé lui-même y passer dans la journée. Ils l’ont baptisé sur place. C’est le médecin qui était sur place qui est devenu le parrain, qui a accouché la mère. Ça fait que l’ouverture a eu lieu par une cérémonie funèbre plutôt qu’autre chose. L’enfant, c’est moi. Mais je l’ai terminée le 13 octobre par le baptême de mes deux petites-filles, les jumelles de ma fille. Ça a été la dernière cérémonie. Première cérémonie, le service de ma mère; dernière cérémonie, le baptême de mes deux petites-filles. C’est Saint-Julien et ça représente énormément à la ville de Lachute, tout le

d’Ali Baba». «Il y avait plusieurs photos dont lui seul savait le nom des personnes dessus», se désole Vitor Sabino. Il souhaitait aussi faire reconnaître plusieurs personnalités qui ont grandement marqué Lachute. Parmi elles, la pianiste Juliette Rodrigue, l’inventeur du feutre à papier feutre, Olive Paquette, le dernier maire d’Ayersville et le premier maire du Lachute annexé, Rodolph Moreau, l’Abbé Cloutier et finalement l’ancien joueur de hockey et ancien homme fort du Canadien, Carol Vadnais, qui a - selon ses recherches - grandit à Lachute. «Il disait que la patinoire du parc Ayers pourrait bien porter son nom puisque la mère de Vadnais avait épousé en secondes noces l’ancien maire d’Ayersville, Rodolphe Moreau, et que Vadnais avait grandi ici», raconte Vitor Sabino en riant. L’histoire retiendra aussi sûrement le nom d’Ernest Champagne dans ses pages. Celui qui a été le premier enfant à être baptisé dans l’église Saint-Julien, qui aura défendu cette église corps et âme et aura aussi marqué Lachute au fer rouge en mettant à l’avant-plan son patrimoine bâti. Sa fierté d’avoir été un Lachutois, sa fierté d’avoir été un Champagne et sa grande générosité envers sa communauté auront fait de lui un être unique. développement industriel. Puis c’est plus que Lachute, c’est régional, c’est Canadien. Quand on sait qu’Ayers Limited contrôlait, un bout de temps, la laine pratiquement en Europe, en Australie, en Amérique puis que les compagnies de papier allaient chercher les feutres à papier aux États-Unis, puis qu’Olive Paquette, qui a découvert la méthode de faire le feutre à papier au Canada... Cette compagnie a duré plus que 100 ans à Lachute. Ça fait que je pense que c’est un passage important de notre histoire. On le voit ici, ils en parlent dans cette revue-là (Pulp and Paper), puis on en a parlé aussi un peu dans le mémoire.» Pour voir l’intégral du témoignage d’Ernest Champagne, il est possible de visiter le www.assnat.qc.ca/fr/travaux- parlementaires/commissions/cc-37-1/ journal-debats/CC-050929.html

Photo fournie

Ci-dessus, le jeune Ernest Champagne devant l’école Saint-Julien qu’il fréquentait quand il était jeune. Sur la photo, il est le deuxième de la première rangée. Selon Ernest Champagne, on y voit aussi Ernest Séguin, Philippe Ayers et Raymond Campeau.

Extrait du témoignage d’Ernest Champagne pour la sauvegarde du patrimoine de Lachute

Voici un extrait du témoignage d’Ernest Champagne lors de la Consultation gé- nérale sur le patrimoine religieux du Qué- bec qui a eu lieu le 29 septembre 2005 à l’Assemblée Nationale (Vol. 38 N° 55). Dans le Journal des débats de la Commis- sion de la culture, on peut clairement lire ses recommandations pour la sauvegarde du patrimoine religieux au Québec. «L’État devrait obliger les instances religieuses à indiquer les intentions des églises deux ans avant de les abandonner, que je calcule. L’État devrait interdire la démolition des églises. Je pense que c’est important que l’État sache toute l’histoire de chacune des paroisses du Québec, à savoir quelles qu’on doit sauver. Je ne veux pas, demain matin, qu’on dise: Bon, on ne démolit plus rien. Mais je pense que c’est important, chez nous, c’est notre histoire, ça. Des règlements liant le gouvernement

à des instances religieuses devraient être adoptés concernant le transfert des propriétés. La Loi sur les biens culturels devrait être revue, puisqu’elle est désuète et ne permet pas de protéger les biens. Les instances municipales locales. À Lachute, je ne sais pas pourquoi, avec la mairie, ça ne nous a pas pris des heures, ni des journées, ni des mois mais des années pour venir à bout de les convaincre. Elle a fermé le 13 octobre 1996, puis c’est en 2002 qu’on est venu à bout de réveiller le conseil, après plusieurs conférences puis en discussions. À Lachute, le patrimoine, il est beaucoup laissé à lui-même. Il y a un type qui avait une belle maison d’une architecture d’un siècle passé, ils ont décidé de la démolir pour avoir plus de facilité à vendre le terrain. Une petite histoire de famille, vu que mon 10 minutes s’en va pas mal. Ma

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