Finances News Hebdo N° 1079

P OLITIQUE

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VENDREDI 7 OCTOBRE 2022 FINANCES NEWS HEBDO

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Démocratie

Les paradoxes du label Maroc D ans l'espace régional, arabe et continental, nul doute que le Maroc jouit d'atouts particuliers : la légitimité de la monarchie et sa centralité liée au statut constitu- Par Mustapha SEHIMI Professeur de droit, Politologue

tionnel et politique du Roi, chef d'Etat, ainsi qu'à celui religieux d'Amir Al Mouminine; les avancées de la nouvelle Constitution de juillet 2011, exemplaire et d'avant-garde à bien des égards; un pluralisme historique et sociocul- turel; et puis tout le reste qui fonde l'attache- ment aux constantes de la nation. Cette situation est le fruit de longs dévelop- pements historiques depuis l'indépendance - elle n’a pas été un «long fleuve tranquille»... Elle a connu des étapes et des séquences, parfois heurtées - cabossées même - que l'on peut résumer à grands traits. La première a trait à «La Longue Marche» de l'intégration institutionnelle de l'opposition historique. Elle n'a pu se faire qu'avec le gouvernement d'alternance dirigé par Me Abderrahmane Youssoufi, Premier secrétaire de l'USFP (mars 1998-octobre 2002) : elle avait été préparée deux ans auparavant par le vote oui - pour la première fois depuis l'indépen- dance - à la Constitution de 1996. A partir de là, l'on a commencé par parler de transition démocratique. Deux autres cabinets ont suivi, Driss Jettou (2002-2007) et Abbas El Fassi, Secrétaire général du parti de l'Istiqlal, autre composante avec la formation socialiste du mouvement national. Pour ce qui est du pre- mier, la «méthodologie démocratique» - pour reprendre la critique de Me. A. Youssoufi - n'a pas été respectée. En revanche, tel ne fut pas le cas avec le second dirigé par le respon- sable istiqlalien. La donne va profondément changer avec la nouvelle loi suprême adop- tée par référendum populaire en juillet 2011. C'est qu'en effet le chef du gouvernement est désormais nommé par le Roi «au sein du parti politique arrivé en tête des élections des membres de la Chambre des représentants». Cela s'appelle une compétence liée. Capacité d'intégration Comme la formation islamiste du PJD s'est classée première (107 députés), le Souverain

n'avait pas d'autre choix. Ce n'était pas vrai- ment l'option la plus souhaitable, mais les urnes avaient tranché. Le PJD a bénéficié d'un effet d'aubaine liée à l'onde de choc du «Printemps arabe» et à sa déclinaison maro- caine du Mouvement du 20 février. N'empêche : la démocratie y a gagné, sans doute, et partant la capacité d'intégration politique du système : tous les partis s'y retrouvent et il n'y a plus d'opposition en dehors du cadre institutionnel. Un grand acquis donc. Les partis héritiers du Mouvement national (PI, USFP, PPS) ont accusé un déclin de leur légitimité historique : ils ne sont plus l'alter- native - comme ils l'avançaient depuis des décennies, surtout l'USFP d'ailleurs -, mais se contentent désormais de composer avec des partis dits «administratifs» tels le RNI ou le MP (1998-2011). Ils vont également faire les frais de l'intrusion du PJD depuis 2011 dans le champ politique, lequel se taille même une place léonine dans les deux cabinets qui se sont succédé jusqu'en 2021. Les cartes sont ainsi grandement rebattues par rapport aux règles qui avaient prévalu jusqu'alors. Et l'une des conséquences en est le trend baissier de la Koutla au profit de la formation islamiste. Le système partisan qui prévalait (Koutla / partis administratifs) n'était plus opératoire : il s'est trouvé en situation de minoration.

Confusion des clivages Qu'en est-il pour la nouvelle césure inaugurée aujourd'hui par le cabinet Aziz Akhannouch, investi par la Chambre des représentants en octobre dernier ? Les dix ans des deux gou- vernements PJD sont considérés comme une parenthèse, ce parti accusant un échec historique le 8 septembre dernier avec seu- lement 13 députés, alors qu'il en comptait 125 dans la Chambre sortante. L'exécutif en place a été limité à trois partis qui disposent d'une confortable majorité de 270 voix (RNI, 103; PAM, 86; PI, 81). Il est présidé par Aziz Akhannouch, responsable du RNI, avec deux alliés, le PAM d'Abdellatif Ouahbi et le PI de Nizar Baraka. Une formule politique bien particulière, à plusieurs titres : un parti «administratif» qui surclasse tous les autres; un autre parti de la même veine comme le PAM créé en 2008-2009 et qui était rejeté dans l'opposition depuis douze ans; et puis la formation istiqlalienne, héritière du mou- vement national. La Koutla historique est éclatée; le Wifak des partis de l'administra- tion aussi, avec la relégation du MP et de l'UC dans l'opposition avec le PJD, mais aussi de surcroît l'USFP et le PPS, membres de la Koutla... Avec ce tableau, les paradoxes ne manquent pas : tant s'en faut. Cela témoigne en effet

Aujourd’hui, c'est l'Etat «social», ins- piré et fondé sur une vision royale, qui est le marqueur central témoi- gnant d'une forte inflexion des politiques publiques.

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