Carillon_2016_12_23

ÉLISE MERLIN elise.merlin@eap.on.ca Cette quinquagénaire porte encore sur le visage les stigmates des sauvages agressions dont elle a été victime, il y a maintenant 35 ans, par son ancien mari. C’est le récit de Lise Gervais, résidente de Hawkesbury, qui a un vécu douloureux et qui porte encore les blessures de son passé. À la suite d’une jeunesse d’intimi- dation durant son secondaire, elle épouse, plusieurs années plus tard, un homme violent. Elle s’en sort in extremis avec ses quatre enfants et c’est maintenant en écrivant des poèmes qu’elle s’évade. Celui qui s’en est pris ainsi à elle n’était autre que son mari, un homme avec lequel elle a partagé sept ans de son existence. « Je me suis mariée rapidement avec mon ex-conjoint, un an après nos premières ren- contres. J’étais naïve, je neme doutais de rien en ce temps-là », a expliqué Lise Gervais, âgée de 56 ans. Au début, tout allait bien, ou du moins elle ne voulait pas voir certaines vérités, la façon dont cet homme profitait de l’argent des différentes aides sociales des enfants, par exemple. « Il a commencé à prendre les chèques d’aide que je recevais pour les enfants. À un moment je lui ai dit Le récit d’un destin tragique stop, et c’est là qu’il est devenu violent, avec ses mots », a expliqué Mme Gervais. Les premiers coups sont arrivés peu de temps après les violences verbales, ainsi que des violences psychologiques et sexuelles. « Nous avions des photos de nos quatre enfants et un jour il m’a dit qu’il allait donner les photos à sa mère. Bien sûr, j’ai dit non, pourquoi vouloir donner nos photos à sa mère? Et il m’a violemment jeté le carnet de photos en plein visage. Mes lunettes se sont cassées en deux. Je ne savais pas quoi faire, j’ai commencé à avoir peur de lui. Sa mère me disait que je n’avais pas le droit d’appeler la police, car c’était mon mari. Je l’ai cru, encore une fois. J’étais très naïve », a confié Mme Gervais. Plusieurs autres épisodes de violence se sont additionnés les uns aux autres. Mais Mme Gervais se souvient particulièrement bien de l’un d’entre eux qu’elle raconte, la voix tremblante. « Le frère de mon ancien conjoint s’était un jour évadé de prison et c’est chez nous qu’il s’est réfugié. Un jour, j’étais enfermé dans la chambre avec les enfants à cause de la musique trop forte que les deux frères mettaient. Le téléphone a alors sonné. C’était ma mère qui s’inquiétait pour moi. Quand j’ai raccroché avec elle, il a cru que j’avais appelé la police et il m’a donné des claques. Il ne croyait pas que c’était ma mère. J’étais enceinte, j’aurais pu perdre le bébé. Je volais dans la chambre sous les claques qu’il me distribuait les unes après les autres. » Plusieurs fois, Lise a empêché son agres- seur de prendre l’argent du lait des enfants, encore en bas âge. Pourtant, Lise Gervais a patienté sept longues années avant de se décider à quitter cet homme. Elle a vécu sous cette emprise caractéristique qui tétanise bon nombre de victimes et les empêche de réagir. « Une fois, il m’amenacé avec un poignard qu’il aiguisait tout enme regardant fixement; il prenait une feuille de papier qu’il coupait et il me regardait en même temps avec des gros yeux, comme unemaison pour femmes à Gatineau », s’est souvenueMme Gervais. Sans l’intervention de cet organisme, elle pense qu’elle ne serait plus là. Aujourd’hui, après plusieurs interven- tions chirurgicales, Lise Gervais a perdu la quasi-totalité de ses fonctions visuelles; c’est avec une canne qu’elle se déplace. « J’ai des gros problèmes de vision. J’ai eu une opération pour une cataracte, mais lors de l’opération, la rétine gauche s’est déchirée. L’œil droit, je le dois à mon ex, c’est à cause d’un coup de poing si la rétine s’est déchirée et que je ne vois quasiment plus », a précisé Mme Gervais. Pour occuper son temps et s’évader de son ancien quotidien, Mme Gervais a une passion pour les poèmes qu’elle écrit depuis l’année dernière. C’est après une accumulation de remarques par cer- taines personnes que la femme s’est mise à l’écriture. Ses douleurs intérieures datent de l’enfance, plus préci- sément pendant son secondaire au Québec. « Jeune, j’étais déjà C’est le récit de Lise Gervais, résidente de Hawkesbury, qui a un vécu douloureux et qui porte encore les blessures de son passé. À la suite d’une jeunesse d’intimidation durant son secondaire, elle épouse, plusieurs années plus tard, un homme violent. Elle s’en sort in extremis avec ses quatre enfants et c’est maintenant en écrivant des poèmes qu’elle s’évade

si j’allais moi aussi y passer, a poursuivi Mme Gervais. J’en avais peur. J’ai tout de suite pensé aux enfants. J’ai em- mené les quatre enfants dans la cave et j’ai dit à ma fille, qui avait 5 ans à l’époque, de garder ses frères et sœurs. »

victime d’intimidation par mes camarades. Je ne voulais plus aller à

Heures de tombée pour les publications du temps des Fêtes : Deadlines for Holiday Editions:

Après quatre heures de réflexion, Lise Gervais décide de s’enfuir et c’est en plein hiver qu’elle sort demander de l’aide à sa voisine, pour appeler une association contre la violence faite aux femmes. « La voisine m’a laissée entrer et j’ai appelé le CLSC. J’étais au téléphone avec eux lorsquemon ancienmari est entré chez la voisine. L’organisme a parlé avec lui, il était gêné, il a raccroché et il ne disait plus rien. La voisine ne comprenait pas ce qui se passait. Il est parti plusieurs jours après la discussion et c’est à ce moment-là, un 13 décembre, que je me suis enfuie. Je suis partie de chez nous et j’ai passé Noël dans

l’école à cause de ce que les autres m’infli- geaient, a indiquéMme Gervais. Un jour une femme m’a dit des paroles très blessantes, ce qui a fait que j’ai commencé à écrire des poèmes. Je ne me suis pas aperçue tout de suite que c’était un poème. C’est comme cela qu’a commencémon recueil de 14 poèmes. Thérèse, de Valoris, m’encourage dans mon œuvre. » Lise Gervais vit à Hawkesbury depuis 17 ans, elle se reconstruit, mais les blessures sont tenaces. Elle donne ce conseil aux femmes qui, comme elle, sont victimes de la brutalité d’un conjoint : « Sauvez-vous. Il faut vraiment partir. »

Publication du 28 décembre, heure de tombée, le jeudi 22 décembre à 10 h December 28 edition, deadline Thursday, December 22 at 10 a.m. Publication du 4 janvier, heure de tombée, le mardi 3 janvier à 11 h

Publication du 23 décembre, heure de tombée normale, le mercredi 21 décembre à 11 h (classées, midi) December 23 edition, normal deadline, December 21 at 11 a.m. (classified, noon) Aucune publication les 30 décembre et 6 janvier. No editions December 30 and January 6.

January 4 edition, deadline Tuesday, January 3 at 11 a.m.

Nos bureaux seront fermés la semaine de Noël, du vendredi 23 décembre 16 h et de retour, le lundi 2 janvier. Our offices will be closed X-MAS week , from Friday December 23, 4 p.m. and will return on Monday, January 2.

De retour à la normale la semaine du 9 janvier. Normal deadlines resume the week of January 9. Joyeuses Fêtes! Happy Holidays!

Le Carillon, Hawkesbury ON.

2

Le vendredi 23 décembre 2016

Made with FlippingBook Online document