Finances News Hebdo N° 1051

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ECONOMIE

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 20 JANVIER 2022

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F.N.H. : Le Maroc est-il autosuffi- sant en matière de produits phar- maceutiques ? A. B. : Jusqu’à un certain point, oui. Aujourd’hui, les capacités de fabrication du tissu industriel pharmaceutique maro- cain concernant les médicaments (hors sous-chapitres 30.05 et 30.06) dépassent le milliard d’unités-boîtes par an, alors que la consommation de notre pays était en 2020 de l’ordre de 460 à 500 millions d’uni- tés-boîtes. La production locale couvrait 80% en volume de nos besoins. En valeur, elle ne couvrait que 57 à 60% de ces besoins. Ce paradoxe est que l’industrie pharmaceutique nationale possède des capacités de production représentant le double de la consommation du pays alors qu’elle ne couvre que 80% des besoins. Cela s’explique par les recours excessifs et injustifiés à des importations de médi- caments, dont plus de la moitié sont par- faitement fabricables localement. Pour les produits issus de la biotechnologie et pour les dispositifs médicaux, la situation est tout autre. Dans le cas des médicaments biotech, notre pays a certes accusé un sérieux retard. Toutefois, avec le lancement en 2021 du grand projet de fabrication des vaccins anti-covid, sous l’impulsion de sa Majesté le Roi Mohammed VI, notre pays vient de mettre le pied dans un domaine aussi com- plexe que coûteux en investissements. Mais au vu de l’impact positif qu’il pourrait avoir sur notre lourde facture vaccinale, l’enjeu en vaut la chandelle. Concernant les dispositifs médicaux et vu le nombre de références de ces produits et leur complexité, il sera plus difficile de mettre en place une industrie locale et d’assurer notre autosuffisance, malgré quelques ini- tiatives louables. Quant aux médicaments classiques où le Maroc dispose d’une expérience de plus de 60 ans, notre pays doit encourager davantage leur fabrica- tion locale et ne recourir aux importations qu’en cas de force majeure. Les impor- tations des médicaments, et notamment ceux du sous-chapitre 30.04 n’ont pas cessé de creuser le déficit de la balance commerciale. Au-delà des équilibres de la balance com- merciale pharmaceutique du Maroc, l’enjeu est d’assurer son indépendance et sa sou- veraineté sanitaire. Être trop dépendant de pays tiers, en matière d’approvisionne- ments en produits de santé, c’est exposer la population à toutes sortes d’aléas sani- taires. ◆

Analyse des importations des produits pharmaceutiques en 2021

Glandes et autres organes à usages opothérapiques, à l'état desséché, même pulvérisées; extraits, à usages opothérapiques, de glandes ou d'autres organes ou de leurs sécrétions; héparine et ses sels; autres substances humaines ou animales préparées à des fins thérapeutiques ou prophylactiques non dénommées ni comprises ailleurs. Sang humain; sang animal préparé en vue d’usages thérapeutiques, prophylactiques ou de diagnostic; antisérums, autres fractions du sang et produits immunologiques, même modifiés ou obtenus par voie biotechnologique; vaccins, toxines, cultures de micro-organismes (à l’exclusion des levures) et produits similaires. Médicaments (à l'exclusion des produits des nos 30.02, 30.05 ou 30.06) constitués par des produits mélangés entre eux, préparés à des fins thérapeutiques ou prophylactiques, mais ni présentés sous forme de doses, ni conditionnés pour la vente au détail. Médicaments (à l'exclusion des produits des nos 30.02, 30.05 ou 30.06) constitués par des produits mélangés ou non mélangés, préparés à des fins thérapeutiques ou prophylactiques, présentés sous forme de doses (y compris ceux destinés à être administrés par voie percutanée) ou conditionnés pour la vente au détail. Ouates, gazes, bandes et articles analogues (pansements, sparadraps, sinapismes, par exemple), imprégnés ou recouverts de substances pharmaceutiques ou conditionnés pour la vente au détail à des fins médicales, chirurgicales, dentaires ou vétérinaires. Catguts stériles, ligatures stériles similaires pour sutures chirurgicales (y compris les fils résorbables stériles pour la chirurgie ou l’art dentaire) et adhésifs stériles pour tissus organiques utilisés en chirurgie pour refermer les plaies; laminaires stériles; hémostatiques résorbables stériles pour la chirurgie ou l'art dentaire; barrières anti-adhérence stériles pour la chirurgie ou l'art dentaire, résorbables ou non. importations, exportations et balance commerciale, pharmaceutiques du Maroc, en Millions de Dirhams (2010-2021) Importations, exportations et balance commerciale pharmaceutiques du Maroc, en millions de dirhams (2010-2021)

Sous-Chapitre Douanier 30.01

Sous-Chapitre Douanier 30.02

Sous-Chapitre Douanier 30.03

Sous-Chapitre Douanier 30.04

Sous-Chapitre Douanier 30.05

Sous-Chapitre Douanier 30.06

15.000,0

13.165,8

10.000,0

6.432,6 7.150,9

5.458,3 5.734,6 5.884,5

4.589,0 4.442,8 4.735,1 4.885,0 5.043,2

4.234,0

5.000,0

526,8

484,4 741,7 925,1 884,3 953,2 996,3 1.009,4 1.084,5 1.106,5 1.025,2 1.149,2

0,0

2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021

L’industrie pharmaceu- tique natio- nale possède des capacités de produc- tion repré- sentant le double de la consomma- tion du pays alors qu’elle ne couvre que 80% des besoins.

-3.707,2

-3.810,0 -4.000,7 -4.090,0

-4.104,6 -3.701,1

-4.462,0 -4.725,3 -4.800,0

-5.326,1

-6.125,7

-5.000,0

-10.000,0

-12.016,7

-15.000,0

Exportations FAB

Importations CAF

Balance

F.N.H. : Pourquoi les exportations pharmaceutiques du Maroc ont peu évolué, au moment où les besoins en médicaments de notre continent en période de Covid-19 ont consti- tué une belle opportunité ? A. B. : En effet, notre pays a perdu de belles opportunités en termes d’expor- tations et une belle occasion de réduire le déficit de notre balance commerciale pharmaceutique. Pour expliquer cela, je vais revenir en arrière, en 2020, quand les exportations pharmaceutiques du Maroc ont été bloquées par une décision ubuesque de la Direction du médicament et de la pharmacie, dépendant du minis-

tère de la Santé. Celle-ci a imposé aux exportateurs des conditions impossibles à réaliser. Le prétexte avancé était la préser- vation du stock national de médicaments relatifs au Covid. Sauf que le blocage ne s’est pas limité à la liste restrictive des seuls médicaments utilisés dans la Covid, mais il a concerné l’ensemble des médi- caments. Heureusement que le directeur des Douanes avait mis fin à ce malheureux épisode, qui s’est soldé alors par une perte estimée à 250 MDH, non seulement, pour les exportateurs pharmaceutiques, mais aussi pour l’économie de notre pays, en termes de balance commerciale et de pertes de devises.

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