Finances News Hebdo N° 1051

F OCUS AGRICOLE

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JEUDI 20 JANVIER 2022 FINANCES NEWS HEBDO

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Marchés de gros

Les intermédiaires faussent le jeu de l’offre et de la demande

◆ Les prix à la production sont en net décalage par rapport à ceux à la consommation. ◆ Les plateformes de vente directe doivent être encouragées.

revendre avec une marge béné- ficiaire importante. Parfois, ce genre d'opérations crée une rareté de certains produits et génère une flambée des prix. De telles situations ont été vécues par le passé pour des produits de large consommation comme les tomates ou les oignons. Le marché de gros de Casablanca, qui absorbe 50% du volume des fruits et légumes commercialisés au niveau natio- nal, avec une capacité annuelle de 1,5 million de tonnes, est le plus impacté par ce genre de problèmes. Le site attise la convoitise des gros intermé- diaires à la recherche du gain facile. Et dans pareils cas, ce sont les exploitants agricoles et les consommateurs qui payent un lourd tribut. Force est de constater que les marchés de gros dont la gérance est confiée aux com- munes urbaines, présentent des lacunes au niveau de leur gou- vernance et de leur fonctionne- ment. Pour les mettre à niveau, une réforme profonde s'impose. Quelques mesures sont dans le pipe, dont le projet de loi n°37.21

kilo, alors qu'il grimpe entre 6 à 7 DH pour le consommateur dans les villes. En cause, plusieurs types d'intermédiaires qui, par de multiples ventes et reventes, faussent le jeu de l’offre et de la demande. Parmi ces intermé- diaires, on recense ceux qui dis- posent de leurs propres moyens de transport et qui font la tour- née des exploitations agricoles. Ils disposent d’un ancrage dans les régions où ils opèrent, avec leur propre réseau regroupant des rabatteurs et de petits inter- médiaires. L’autre catégorie est en général implantée dans les marchés de gros. Ils sont considérés comme les faiseurs du marché, car ils disposent de leurs hangars et autres sites de stockage. Certains ont même des chaînes de froid. Cela leur permet d’acheter les produits au moment où ils sont à bas coût, les stockent le temps que les prix augmentent pour les

cialiser leurs produits sans être obligés de passer par les mar- chés de gros, d'être dispensés des taxes et d'éviter le diktat des intermédiaires. Du coup, les prix à la consommation seront très compétitifs. Cette initiative per- mettra également de réduire le temps entre la récolte et celui de la consommation. Les produits commercialisés seront plus frais et de qualité, comme les pro- duits destinés à l’exportation qui sont soumis à des normes dra- coniennes. Il est dommage que ce projet de loi vise exclusivement les pro- duits issus de l’agrégation, car le volume commercialisé dans les marchés de gros reste très limité par rapport au volume total tran- sitant par ces sites. Faut-il rappeler que les pays développés, notamment euro- péens, encouragent la vente de proximité. Cette option a le vent en poupe, car elle permet aux agriculteurs d’améliorer sensi- blement leurs revenus et aux consommateurs d’acheter des produits de qualité à des prix compétitifs. Certes, ce genre de solutions risque de réduire les recettes locales, fixées à 7% de la valeur du volume échangé, pour les communes et aussi pour l’Etat. A titre d’exemple, pour le seul marché de gros de Casablanca, 150 millions de DH ont été encaissés en 2021. Mais elle permettra d’atténuer l’effet des intermédiaires qui perturbent le marché. ◆

G râce au Plan Maroc Vert (PMV), le Maroc a réalisé d'impor- tantes progressions en matière d'amélio- ration de la production et de la qualité. Mais les exploitants se trouvent toujours impactés par des problématiques majeures au niveau de la commercialisa- tion. La plupart des récoltes sont écoulées au niveau des marchés de gros, au nombre de 39 répar- tis sur les différentes villes du Royaume. Ce circuit de distribution est pointé du doigt à cause de la présence de nombreux intermé- diaires, avec des transactions qui génèrent un net décalage entre le prix à la production et celui à la consommation. A titre d’exemple, le prix des oranges dans les exploitations de la région de Tadla est pro- posé actuellement à 1,50 DH/ Par C. Jaidani

Les marchés de gros pré- sentent des lacunes au niveau de leur gouver- nance et de leur fonction- nement.

adopté il y a quelques mois par le Conseil de gouverne- ment. Il édicte des mesures spéciales relatives à la commercialisation directe des fruits et légumes dans le cadre de l'agrégation agricole. Ce texte permet- tra aux exploitants ayant

Les ventes de proximité dans les pays développés ont per- mis aux exploitants agricoles d’améliorer leurs revenus et aux consommateurs de profi- ter de prix compétitifs.

des unités de conditionnement de fruits et légumes de commer-

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