FNH N° 1090

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BOURSE & FINANCES

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 29 DÉCEMBRE 2022

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F.N.H. : La culture financière peut- elle être un levier de dévelop- pement du marché des capi- taux ? Comment ? S. G. : Le constat aujourd’hui est qu’il y a peu de gens qui pensent au mar- ché des capitaux pour investir. Ça ne rentre pas dans leurs réflexes. Le marché des capitaux est obscur

La question finan- cière doit, comme beaucoup d’autres sujets, être ensei- gnée plus tôt pour se révéler efficace.

pour beaucoup de personnes. Cela paraît mystique au premier abord, les démarches pour investir sont floues pour certains. Même lorsqu’un compte auprès d’un cour- tier est créé pour commencer à investir dans les marchés, beaucoup de personnes ne savent pas quoi acheter ou vendre; elles sont perdues parmi la multitude de produits existants, les options, les OPCVM et autres. Ensuite, si par malheur au premier inves- tissement celui-ci s’avère perdant, certains consommateurs sortiront des marchés, per- dront confiance en eux, se diront qu’ils ne sont pas faits pour ça. Alors qu’une sensi- bilisation aux risques pourrait préparer ces personnes à faire face aux marchés, qu’il est normal qu’un marché ait une certaine volatilité, leur apprendre à interpréter des courbes, des résultats et d’autres para- mètres. Ces informations permettront aux investisseurs d’être plus éclairés. En ayant une base plus importante d’investisseurs, il y aura plus de liquidités, plus d’opportuni- tés et donc un marché plus efficient. Cela engendrera par cercle vertueux que plus de sociétés voudront entrer dans le marché des capitaux. La Bourse de Casablanca fait d’ailleurs un très bon travail en ayant une belle stratégie de démocra- tisation des marchés auprès des sociétés pour qu’elles entrent en Bourse. Dernièrement, le Groupe de santé Akdital a fait son entrée en Bourse, c’est une belle opportunité pour quiconque veut investir dans le marché de la santé. Sans la Bourse, il aurait été impossible de s’exposer au sec- teur des cliniques privées: cela nécessitait une fortune pour investir dans ce secteur. Avec le marché des capitaux et avec seu- lement 100 dirhams, on peut investir. Les petits porteurs ne sont plus marginalisés. Plus de liquidités amène aussi plus d’in- vestisseurs étrangers et plus de devises. Je tiens à rappeler que le frein pour de nombreux investisseurs étrangers à inves- tir au Maroc est une liquidité assez faible. En réglant ce problème de liquidités, le Maroc pourra retrouver sa place parmi les «Emerging markets», ce qui créera encore davantage de flux étrangers vers le Royaume. ◆

F.N.H. : Comment peut-on promou- voir la culture financière auprès des jeunes et des moins jeunes ? Quel est le plus grand défi à relever dans ce sens ? S. G. : Je pense qu’il y a déjà autant d’ini- tiatives qui sont à la fois pertinentes et intéressantes. J’estime qu’il y a une marge d’amélioration au niveau de l’implémenta- tion. Surtout, cette implémentation doit être à grande échelle. La question financière doit, comme beaucoup d’autres sujets, être enseignée plus tôt pour se révéler efficace. C’est à l’école primaire que tout commence, même si à ce niveau-là une simple sensi- bilisation semble nécessaire. Cela donne l’impulsion pour la mise en place à partir du collège et lycée d’une réelle éducation finan- cière à destination des élèves. C’est en effet à l’âge où ils sont confrontés à la gestion de leur premier budget qu’il est indispensable que les jeunes disposent de connaissances leur permettant de comprendre les notions de budget, de risque et d’épargne. La Bourse de Casablanca a très bien com- pris cela en nouant des partenariats avec des universités pour créer des salles de mar- chés. Notre fintech Atela s’inscrit également dans cette démarche en créant des outils financiers permettant de simuler des optimi- sations de portefeuilles virtuels, des simula- tions de stratégies d’investissements. Nous avons développé une plateforme permettant d’organiser des compétitions interuniversi- taires qui stimulent l’esprit de compétition des étudiants et leur créativité de manière ludique, tout en apprenant. Tout cela dans le but d’initier les jeunes à ce monde; les étu- diants sont le public qui va bientôt commen- cer à épargner, à investir, c’est maintenant qu’il faut les aider dans ce sens.

rentes cibles concernées. Les objectifs de la FMEF couvrent l’ensemble des étapes nécessaires à l’émergence d’une culture financière saine, à savoir concevoir, initier, sensibiliser et promouvoir l’éduca- tion financière. L’engagement est donc très fort, les initiatives, le cadre et la volonté sont là. Il manque peut-être des indicateurs quantitatifs de réussite de ces initiatives. Cela permettrait de connaître le retour sur investissement de ces actions initiées. En attendant, je pense qu’on peut aller plus loin, en poussant davantage les fintech qui œuvrent, ne l’oublions pas, à l’émergence de nouvelles pratiques financières et éco- nomiques. Les aider concrètement dans le dernier kilomètre, les aiguiller et les suppor- ter en les informant au mieux des initiatives prises par les pouvoirs publics. Nous savons par exemple qu’il y a un sandbox lancé par Bank Al-Maghrib pour aider les fintech à éprouver leur concept. Mais rares sont ceux qui sont au courant de cela, ni comment ça s’utilise, quel est le processus d’adhésion à ce sandbox et quelles sont les limites et contraintes de celui-ci. Il y a un terreau favorable à l’essor d’une nouvelle vague de dynamismes dans notre économie; cepen- dant, il subsiste quelques incomplétudes à régler. Les fintech sont un vrai levier à l’éducation financière. Ces start-up utilisent les dernières technologies pour faciliter les usages, créer des applications utiles à la population qui permettront une meilleure inclusion financière. Les fintech effectuent un travail à plusieurs niveaux : au niveau technologique et au niveau expérience utilisateur. Elles peuvent donc être d’une aide précieuse pour l’amé- lioration de nos pratiques en matière finan- cière au quotidien.

Il y a un terreau favo- rable à l’essor d’une nou- velle vague de dynamisme

dans notre économie.

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