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CULTURE
FINANCES NEWS HEBDO
JEUDI 26 JANVIER 2023
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«Une figure hautement romanesque...» Ahmed Ben Yessef
◆ L’auteur de la monographie consacrée au peintre Ahmed Ben Yessef, Mohamed Metalsi (urbaniste et docteur en esthétique), s’est exalté pour les attraits du peintre. Il les décline dans le livre avec une gourmandise flatteuse. Une vision amplement convenue, mais d’où jaillit en pleine lumière la facette épicurienne de ce sémillant personnage qui ne se fait pas faute de cueillir les roses de la vie de Ben Yessef.
de l'artiste et créer les condi- tions nécessaires à une ana- lyse critique et perspicace et une compréhension assidue de son travail, rendues pos- sibles grâce aux rares expo- sitions visitées, ici ou là, les innombrables textes littéraires confus et les images de ses œuvres publiées dans les bro- chures, les catalogues et l'im- mense espace virtuel du Web. Ces deux jours d'entretien nous ont fait découvrir un homme courtois et chaleureux, dans toute la simplicité de son être; et surtout un artiste pas- sionné, dans sa façon de rela- ter sa vie comme on le ferait d'un récit romanesque, ou de nous expliquer savamment les tenants et les aboutissants de ses créations plastiques. Sa vie et son œuvre ne pou- vaient alors être séparées : les œuvres ne sont-elles pas souvent le produit nécessaire d'un individu aux agissements répertoriés, racontés, parfois romancés. Réelle ou inventée, sa vie est une figure hautement roma- nesque, qui peut inspirer bien des écrivains aujourd'hui. Son allure même est une mise en scène théâtrale permanente. Grand homme, dont l'élé- gance vestimentaire, les longs cheveux et la barbe blanche, rehaussés de lunettes rondes, lui donnent l'air d'une per- sonne charismatique, à la démarche fière et distinguée. De plus, le tout agrémenté par une jolie canne, accessoire
décoratif qui symbolise son appartenance à l'aristocratie artistique et sociale. On se souvient donc très pré- cisément de ses œuvres pic- turales qui sont si présentes. Dans ce petit espace au pre- mier étage où l'artiste les a empilées pour nous les pré- senter, on se remémore ses dessins, sérigraphies, céra- miques, sculptures, etc., qu'on n'a pas cessé de contempler, lors de cette rencontre inau- gurale. Nous avons aussi été frappés par une grande pein- ture, exposée à l'entrée du jar- din de la maison, représentant la Kaâba de la Mecque, la ville sainte de l'islam, commandée par un collectionneur maro- cain, et dont il nous dit qu'il ne parvenait pas à la terminer. Cette rencontre nous a per- mis de retrouver une œuvre riche, quoique partielle, digne d'être à présent étudiée. Mais comment parler, avec suffi- samment de recul, d'une col- lection partielle, rassemblée à l'occasion, et évoquant une production prolifique de plus de cinquante ans de créati- vité. Possède-t-on ce regard distancié nécessaire qu'exige l'éphémère mise entre paren- thèses de la sensation limi- naire, peu adaptée aux exi- gences de l'exercice ? Pour autant, le présent texte [ladite monographie -ndlr] ne sera pas aussi scientifique que nous le souhaitions au préalable, par manque d'ac- cès à l'ensemble de l'œuvre
de l'artiste, ne serait-ce qu'à partir d'un catalogue raisonné de sa production depuis ses débuts : le titre des œuvres, leur dimension, les techniques utilisées, la date de leur exé- cution et le lieu où elles ont été présentées ou conservées tout au long du parcours de l'artiste, etc. Cette étude se propose cependant de questionner le passé d'Ahmed Ben Yessef, en nous fondant sur ce qu'il nous a confié, avec simplicité, passion et affection, sur les événements marquants de sa vie qui lui ont permis de se forger une personnalité com- plexe, suivre un chemin plutôt qu'un autre et cheminer à tra- vers les voies secrètes de la création. Ahmed Ben Yessef a toujours eu cette volonté persévérante de devenir un artiste reconnu et consacré, et de se forger, à travers son talent et l'éducation artistique reçue, un regard lui permet- tant de voir au-delà du visible, interpréter les formes et les symboles qui l'entourent, rendre le perceptible imper- ceptible, re-présenter le réel dans toute sa simplicité et sa complexité, mettre en scène la représentation du monde avec toutes les techniques à sa disposition, en lui donnant sens, et enfin transfigurer les êtres et les choses, réels ou imaginaires, pour accéder à l'idée platonicienne du beau, et tout ce qui procure le «plai- sir esthétique absolu». ◆
C omment ne pas se souvenir de cette rencontre mémorable fin juin 2022, avec l'artiste Ahmed Ben Yessef dans un de ses ateliers non loin de Tétouan, plus précisément à Restinga, et de l'éblouissante et durable joie qui devait en résulter. Comment ne pas faire place à cet impérieux désir d'en poursuivre la dis- cussion, qui a duré deux jours, non pour en épuiser le sens, qui serait impensable car l'œuvre prolixe est toujours en action, mais pour appro- fondir les échos prégnants de cet homme complexe dont la personnalité et l'œuvre ne font qu'Un ? Comment ne pas s'appuyer aussi sur ce désir pressant afin de parachever une pro- fonde familiarité avec l'univers Par M. Metalsi
Réelle ou inventée, sa vie est une figure hautement romanesque, qui peut ins- pirer bien des écrivains aujourd'hui. Son allure même est une mise en scène théâtrale per- manente.
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