FNH N° 1102 Full

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BOURSE & FINANCES

FINANCES NEWS HEBDO

VENDREDI 31 MARS 2023

www.fnh.ma

◆ Soraya Mahfoud, directeur de BMCI-BNP Paribas Banque Privée, nous livre dans cet entretien une lecture détaillée de l’environnement macro-économique au Maroc et du comportement des marchés financiers. ◆ Elle nous parle également des différentes thématiques d’investissement privilégiées en cette période inflationniste. «Nous privilégions une stratégie qui repose sur un socle ‘Core’» Investissements/Banque privée

Propos recueillis par Y. Seddik

Finances News Hebdo : Quelle lec- ture faites-vous de l’environne- ment macroéconomique au Maroc en 2022 ? Et quels sont les prin- cipaux enseignements à tirer des dernières crises ? Soraya Mahfoud : A l‘échelle internatio- nale, l'année 2022 a connu l'émergence d'une forte inflation, et celle-ci a affi- ché des niveaux jamais atteints depuis des décennies (plus de 9% aux Etats- Unis et dans la zone Euro). En effet, la reprise post-Covid de la demande étant plus rapide que celle de l'offre, celle- ci a conduit à la hausse généralisée et durable des prix. En outre, les tensions géopolitiques ont amplifié les pressions inflationnistes. Cette situation a eu raison tant de la croissance économique (risque de récession) que de la performance des marchés financiers (impact baissier). Elle a également obligé les Banques centrales à se concentrer sur la maîtrise de l'inflation en resserrant leurs politiques monétaires et en relevant leurs taux directeurs dans un contexte macroéconomique difficile. Le Maroc n'a pas dérogé à cette règle mondiale. Initialement importée, la hausse des prix s'est propagée et a touché la majorité des produits. L’inflation s’est établie selon la Banque centrale à 6,6%, en moyenne sur 2022. Quant à la croissance, elle a nettement ralenti à 1,2% en 2022, sous l’effet de la sécheresse et de la détérioration de l’environnement externe. Sur le volet des comptes extérieurs, le déficit commercial s’est creusé de +57%, soit son plus haut niveau historique.

Par le passé, les points extrême- ment bas de l’indice de confiance des investis- seurs ont pré- cédé un fort rebond des marchés.

Toutefois, les indicateurs post-balance commerciale ont surperformé sur l’an- née 2022, avec des transferts MRE et des recettes voyages qui ont atteint des niveaux exceptionnels. De ce fait, le contexte macroéconomique et des marchés financiers était particuliè- rement tendu en 2022, mettant les porte- feuilles des investisseurs à rude épreuve. Néanmoins, les crises passées ont mon- tré qu’investir sur le long terme à travers des portefeuilles diversifiés permettait de traverser plus sereinement ces épreuves. Il faut se rappeler que toutes les crises ont une fin et qu’avec chaque crise, de nou- velles opportunités se créent. Une réalité historique que les investisseurs oublient parfois lorsque, au cœur de la tempête, voyant leur portefeuille perdre 10%, 20%, voire 30% de sa valeur en quelques

jours ou quelques semaines, ils cèdent à la panique et vendent leurs titres. Une réaction à chaud qu’il faut tenter de com- battre. Bien entendu, prendre une crise de plein fouet alors qu’on vient d’investir est douloureux, mais vendre est une erreur, car c’est le meilleur moyen de manquer le rebond du marché. F.N.H. : Comment avez-vous géré cette période de crise au niveau de BMCI BNP Paribas Banque Privée ? S. M. : L’accumulation des incertitudes économiques et géopolitiques, conjuguée à la mauvaise performance des marchés, a rendu les investisseurs pessimistes quant à l’avenir. Dans ce contexte, la communication auprès de nos clients a été primordiale.

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