FNH N° 1102 Full

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ECONOMIE

FINANCES NEWS HEBDO

VENDREDI 31 MARS 2023

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◆ Le marché de l'emploi au Maroc est caractérisé par un taux de chômage relativement élevé, en particulier chez les jeunes. ◆ Le gouvernement a mobilisé 2,25 milliards de dirhams pour le programme Awrach, à travers la Loi de Finances 2023. ◆ Entretien avec Khalid Karbouai, professeur universitaire et spécialiste en entrepreneuriat. «Le gouvernement se heurte à une réalité compliquée du marché de l’emploi au Maroc» Programme Awrach

Propos recueillis par Ibtissam Z.

Finances News Hebdo : Quelle évalua- tion faites-vous de la relance du mar- ché de l’emploi au Maroc ? Khalid Karbouai : Le marché de l'emploi au Maroc est caractérisé par un taux de chô- mage relativement élevé, en particulier chez les jeunes. Selon les dernières données dis- ponibles du haut-commissariat au Plan (HCP), le taux de chômage au Maroc était de 11,8% en 2022, avec un taux de chômage des jeunes de 32,7%. Le gouvernement a mis en place plusieurs poli- tiques pour stimuler la croissance économique et favoriser la création d'emplois. Cela com- prend des programmes d'investissement dans des secteurs clés, tels que l'agriculture, le tou- risme et l'industrie, ainsi que des mesures pour encourager l'entrepreneuriat et la formation professionnelle. Malgré ces efforts, la pandémie de la Covid-19 et la sécheresse ont eu un impact négatif sur l'économie marocaine et ont exacerbé les pro- blèmes de chômage. Ainsi, entre 2021 et 2022, l’économie nationale a perdu 24.000 postes, après avoir perdu 432.000 en 2020. Ces initiatives n’ont eu cependant aucun effet visible sur le marché du travail. Et pour cause ! Le marché de l’emploi au Maroc est confronté à plusieurs problèmes structurels, à savoir : • La faible productivité : En effet, la producti- vité au Maroc est faible comparée à celle des autres pays de la région. Cela peut s'expli- quer par un manque d'investissement dans les infrastructures, une faible qualification de la main-d'œuvre et un manque d'innovation technologique. • Le secteur informel : Ce secteur emploie une grande partie de la population active au Maroc. Il est caractérisé par une absence de réglementation, de protection sociale et de droits pour les travailleurs, ce qui entraîne une précarisation de l'emploi.

Le ministère de tutelle aurait pu nous fournir plus d’infor- mations sous formes d’indicateurs quantitatifs et qualitatifs de ce pro- gramme.

• Le déséquilibre régional : Le marché de l'emploi est déséquilibré entre les régions du Royaume. Les régions les plus développées, comme Casablanca, Rabat et Tanger, offrent davantage d'opportunités d'emploi que les régions rurales ou les villes moins dévelop- pées. • La qualification de la main-d’œuvre : Les entreprises marocaines se plaignent souvent de la faible qualification de la main-d'œuvre. Il y a un écart important entre les compétences demandées par les employeurs et celles des travailleurs. • Et enfin la discrimination : La discrimination à l'embauche est un problème courant au Maroc. Les femmes, les personnes en situa- tion de handicap et les membres de certaines minorités sont souvent exclus de l'accès à l'emploi ou sont moins payés que leurs collè-

gues masculins ou non handicapés. Tous ces problèmes ont un impact sur la croissance économique et la qualité de vie des citoyens marocains. Le gouvernement travaille actuellement sur des initiatives pour résoudre ces problématiques, notamment en investis- sant dans l'éducation et la formation, sans oublier l’amélioration des infrastructures, tout en encourageant les investissements étran- gers. F.N.H. : Pour activer la relance du mar- ché de l’emploi, des programmes ont été lancés, dont Awrach. Le bilan de la première édition dudit programme a été qualifié de positif par le ministre de l'Inclusion économique. Selon vous, où résident les points forts et les points faibles de ce programme ?

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