Finances News Hebdo N° 1065

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BOURSE & FINANCES

JEUDI 12 MAI 2022 FINANCES NEWS HEBDO

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Obligations indexées sur l’inflation

◆ Une émission d’une obligation indexée sur l’inflation par le Trésor marocain marquerait une étape importante dans le développement du marché financier marocain. ◆ Elle permettrait de combler un vide en termes d’instruments financiers, avec une protection contre l’inflation. Un «must» pour le marché financier marocain

sont monnaie courante dans le monde, tant au niveau des éco- nomies développées que celui des économies émergentes, et ont souvent été émises par les États afin de répondre à cette problématique. Communément, cet instru- ment est émis par les Etats afin d’accroître l’efficience des marchés dans des cir- constances de forte infla- tion, mais aussi pour des raisons qui leur sont plus directement avantageuses. Les analystes en citent quelques-unes : réduire le coût de la dette souveraine; une gestion du risque d’adéquation actif-passif pour les Trésors publics; encourager l’épargne et capter une plus large partie de la monnaie en circulation dans le circuit financier; développer les marchés financiers et pro- mouvoir leur efficience; fournir des indicateurs de l’anticipation d’inflation par les marchés pour les besoins de politique moné- taire et budgétaire. Bénéfices pour le marché financier marocain Ayant connu une hausse impor- tante de la monnaie fiduciaire, le Maroc pourrait bénéficier d’une initiative qui encouragerait l’épargne dans un contexte où la monnaie fiduciaire se déva- lue plus rapidement. Ainsi, une émission de BDTi pourrait être attractive pour les OPCVM obli- gataires. Aussi, les investisseurs institu- tionnels tels que les assureurs et les caisses de retraite auraient à disposition un instrument d’in-

vestissement leur permettant d’immuniser leurs bilans contre le risque d’inflation, lit-on dans la note. Une BDTi permettrait à ces investisseurs institutionnels de couvrir leur exposition au risque d’inflation sans réduire la duration de leur portefeuille (à maturité égale, une BDTi aurait une duration supérieure à celle d’une obligation nominale), voire d’améliorer le rendement de leur portefeuille, pour peu que le niveau d’inflation actuel se péren- nise plus longtemps que prévu. L’intérêt d’un tel instrument du côté émetteur ne se limiterait pas seulement au Trésor, mais pourrait s’étendre à certains établissements publics dont les revenus sont directement ou indirectement liés à l’inflation (Transports, Eau et Energie…), ou encore à certaines entreprises privées ayant potentiellement la faculté d’ajuster leurs prix à l’in- flation sans perte importante de volume. Ceci aurait à son tour pour conséquence souhaitable de fournir davantage de profon- deur au marché de la dette liée à l’inflation, et au marché de la dette privée en général. Enfin, indiquent les auteurs de la note, au-delà des bénéfices pour les investisseurs et pour le marché des capitaux, le Trésor bénéficierait d’un nouvel outil de financement lui donnant un degré de liberté additionnel pour la gestion de la dette. L’évolution de cette nouvelle classe d’ac- tifs sera une source d’informa- tions précieuse pour les autori- tés financières pour renseigner davantage les politiques budgé- taires et monétaires. ◆

L’évolution de cette nouvelle classe d’actifs sera une source d’informa- tions précieuses pour les autorités financières.

de façon générale reste basse et diminue en valeur réelle». Les analystes expliquent aussi que le rendement des titres d’em- prunt du Trésor demeure éga- lement à des niveaux bas, bien que nous puissions entrevoir une poursuite de la hausse des taux moyen et long terme entamée depuis le début d’année, et ce suite à la situation difficile des finances publiques et des antici- pations inflationnistes des opé- rateurs. Cette situation pourrait alors induire une certaine réti- cence des investisseurs à investir dans de la dette longue de l’État aux niveaux actuels de taux. Partant de ce constat, CDG Capital Insight estime qu’ «il pourrait être opportun dans ces circonstances pour le Trésor marocain d’émettre des obliga- tions dont le remboursement en principal et les coupons soient réévalués à l’indice de l’inflation. Nous référerons par la suite à une telle obligation hypothétique par l’acronyme BDTi» . Il faut dire que ces obligations

D epuis fin 2021, l’éco- nomie marocaine est sujette à une infla- tion importée qui est en train d’éroder les marges des entreprises et l’épargne des ménages. Pour l’heure, ce contexte est qualifié de transitoire par les autorités monétaires. Les tensions infla- tionnistes pourraient s’atténuer dans les mois à venir, comme elles pourraient aussi perdurer plus largement dans le tissu éco- nomique si la hausse des prix continue de s’installer durable- ment au niveau international. Dans une note de recherche, CDG Capital Insight écrit que «cette inflation qui surprend le marché à la hausse, repré- sente une perte de richesse pour les épargnants. En effet, étant donné que le taux directeur de la Banque centrale marocaine reste jusqu’ici à un niveau historique- ment bas, la rémunération des dépôts et des produits d’épargne Par Y. Seddik

Ce type d’ins- trument per- mettrait aux investisseurs de couvrir leur exposi- tion au risque d’inflation sans réduire la duration de leur porte- feuille.

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