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ECONOMIE
FINANCES NEWS HEBDO
MARDI 30 NOVEMBRE 2021
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pas toujours au beau fixe, parce qu’il n’y a pas de cadre défini. Souvent, c’est le règle- ment intérieur de l’établissement qui fait foi, alors que nous estimons que les relations entre les deux parties doivent être contrac- tuelles, régies par un cadre spécifique. Les parents doivent savoir leurs droits et devoirs, et ceux de leurs enfants. Mieux, ce cadre contractuel doit aller au-delà du volet
pédagogique pour englober d’autres aspects importants pour les familles, comme notamment le transport des enfants, la restauration, l’assurance… Ces sujets empoisonnent souvent la relation entre les représentants des élèves et les établissements scolaires. Nous avons également noté que le contenu pédagogique est celui fixé par l’Etat, ce qui est une bonne chose. Et pour les établissements liés à des sys- tèmes étrangers, il y a un minimum lié au programme scolaire marocain.
Le secteur de l’ensei- gnement scolaire privé génère un peu plus de 100.000 emplois, brasse un chiffre d’affaires de 20 Mds de DH et paye à l’Etat pour 1 Md de DH d’impôts.
enseignants du public. Il ne s’agit pas de leur octroyer le même statut que ceux dans la fonction publique, mais d’initier une réflexion pour leur donner un certain nombre d’avan- tages. Là, c’est un domaine de concurrence, puisque ces deux corps (public et privé) sont en compétition sur le même besoin en termes d’enseignants. A ce titre, le benchmark que nous avons fait, montre que dans certains pays, pour les familles comme pour les enseignants, il y a différentes solutions, comme par exemple le chèque éducation pour les parents d’élèves ou encore la rémunération des enseignants du privé par l’Etat afin de diminuer les coûts de scolarité. F.N.H. : A votre avis, quels leviers l’Etat peut-il utiliser afin de mieux réguler ce secteur ? A. R. : Nous partons du principe que les éta- blissements scolaires privés assurent une mission de service public malgré tout. L’Etat s’occupe certes du contenu pédagogique, mais nous estimons aujourd’hui qu’il y a des insuffisances au niveau du cadre régle- mentaire. D’où la recommandation forte de revoir le cadre contractuel entre l’Etat et ce secteur en particulier. Quels sont les attentes de l’Etat par rapport à ce secteur ? Qu’est-ce que l’Etat apporte à ce secteur pour l’aider à assurer un enseignement de qualité et pour qu’il n’y ait pas de discrimi- nation liée aux revenus des familles ? Il faut aussi revoir le cadre réglementaire qui fixe l’acte d’investir, avec pour objectif d’avoir un guichet unique afin de réduire sensiblement le nombre d’interlocuteurs. Il s’agit également de régler les problèmes
annexes, comme le transport des élèves qui n’est pas régulé. Actuellement, l’on se base sur un texte qui régule le transport du personnel et non celui des élèves, ce qui est source d’ambiguïté. Il faut clarifier aussi le problème de la restauration pour que les parents d’élèves sachent à quoi ils ont droit. D’ailleurs, la pandémie liée à la Covid-19 a montré l’urgence d’une meilleure régula- tion du secteur afin d’apaiser les tensions entre parents d’élèves et établissements. En effet, l’enseignement à distance a soulevé un certain nombre de problématiques : les parents doivent-ils payer quand l’enfant ne va pas à l’école ? Est-ce que l’enseignement à distance est qualitativement le même que les cours en présentiel ? Cela, sachant que, parallèlement, les établissements doivent payer les enseignants et faire face à des charges. Il y a donc un équilibre écono- mique à trouver. Tout cela doit être clarifié, et ces demandes émanent non seulement des familles, mais aussi des établissements scolaires. Pour résumer, il faut un cadre contractuel pour traiter ces problématiques et revoir le cadre réglementaire en matière d’inves- tissement et de suivi, tout en insistant sur l’évaluation. Nous suggérons fortement, à ce niveau, qu’il y ait une évaluation pério- dique non pas des établissements, mais des élèves pour déterminer leur niveau. Il nous semble important que l’Etat organise ces évaluations pour permettre aux familles de savoir effectivement le niveau de connais- sance de leurs enfants et, conséquemment, en déduire la qualité de la formation pro- diguée par les établissements qu’ils ont choisis.
Par ailleurs, nous avons relevé une problé- matique de taille liée à l’acte d’investir, qui s’assimile à un véritable parcours du com- battant. Aujourd’hui, l’investisseur doit se procurer différentes autorisations à travers plusieurs instances (agences urbaines, com- munes, AREF, Education nationale…) pour d’abord concrétiser son projet, et ensuite assurer le fonctionnement de son établis- sement. Il y a donc matière à simplification. L’inégalité régionale devant l’enseignement public-privé est également un élément impor- tant qui a été relevé. Autant les grandes villes ont le choix, autant l’offre en enseignement privé s’amenuise quand on s’éloigne de l’axe Kénitra – El Jadida. La politique en matière d’encouragement de l’enseignement privé n’a donc pas pris partout. L’autre élément essentiel concerne les familles : nous pensons qu’il faut trouver des mécanismes pour les accompagner afin que l’enseignement privé ne soit pas uniquement réservé aux classes aisées et aux classes moyennes plus, ou alors qu’il se fasse au détriment de la qualité si l’on ne peut pas s’offrir les services d’un bon enseignant. D’ailleurs, à ce propos, certains enseignants du public exercent aussi dans le privé. Il y a néanmoins une part minimale d’ensei- gnants que les établissements privés doivent employer à temps plein. Mais le statut de ces enseignants à temps plein n’est pas le même que celui de leurs homologues dans le public. Et, actuellement, l’attractivité du public est telle que les enseignants du privé ont tendance à y aller. Nous considérons donc que l’Etat doit avoir une vision globale et ne pas se préoccuper uniquement des
Aujourd’hui, les parents d’élèves n’ont pas les moyens de savoir la vraie qualité de ce qu’ils payent.
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