FNH N° 1045 ok

44

SOCIÉTÉ

FINANCES NEWS HEBDO

MARDI 30 NOVEMBRE 2021

www.fnh.ma

joueurs africains, notamment l’équipe nationale du Mali. En tant que spécialiste, quels constats faites-vous et com- ment peut-on prévenir ces lésions qui entravent parfois la carrière d’un sportif ? A. A. : La principale information à retenir est qu’il ne faut pas négliger une première lésion musculaire. Bien réparer une première lésion, c’est prévenir les suivantes. Et a contrario, une lésion mal réparée augmente le risque de récidive. Comme une cica- trice sur la peau, une lésion muscu- laire laisse des traces sur le muscle. Mieux on «travaille» cette cicatrice pour l’effacer, mieux le muscle sera réparé. Le repos est une base, mais ce n’est pas suffisant; il faut avoir le réflexe de suivre une rééduca- tion adaptée pour guider la cicatri- sation et en assurer la bonne qualité. Ensuite, il faut renforcer le muscle, le préparer à reprendre l’effort. Souvent négligée, cette phase de «réathléti- sation» est essentielle : la reprise doit se faire très progressivement. On retrouve souvent sur Internet ou dans la presse, les mêmes conseils, simples, pour prévenir les accidents

progressivement des exercices de course et de reprise spécifiques des mouvements sportifs. Concernant la prise de médicaments antidouleur, les anti-inflammatoires non stéroïdiens ne devraient pas être utilisés, en raison de leur effet poten- tiellement délétère sur la cicatrisa- tion musculaire. Leur supériorité par rapport au paracétamol n’a pas été démontrée, et ils provoquent plus d’effets secondaires. Enfin, la décision du retour au sport après une lésion musculaire reste un challenge pour le praticien. Cette décision l’oblige à prendre en compte des facteurs physiques, psycholo- giques, environnementaux et contex- tuels multiples. Les délais moyens les mieux documentés concernent les ischio-jambiers et sont très variables, de quelques jours à plusieurs mois, selon la gravité. Pour les lésions de grade 2 et 3, le délai a été rapporté à 22 ± 11 et 73 ± 60 jours respective- ment. Le délai pour les ruptures trai- tées chirurgicalement est en général de 6 à 9 mois.

musculaires. Passons-les en revue afin de les confronter aux données scientifiques actuelles et à certaines idées reçues : • Adapter sa pratique à ses capaci- tés physiques : il est primordial de prendre conscience de ses capaci- tés, de son état physique global, de son historique vis-à-vis de la pratique sportive. Le schéma de risque n’est pas le même selon l’âge, le mode de vie, l’entraînement, etc. Nous avons souvent tendance à en faire trop par rapport à nos capacités. Or, quand on en demande trop au muscle, il se fragilise rapidement. • S’échauffer suffisamment sans oublier les étirements : le rôle de l’échauffement est de faire mon- ter en température les muscles. Un échauffement progressif et suffisam- ment long (au moins une dizaine de minutes) a des effets positifs sur l’élasticité du muscle, qui sera plus performant. Cependant, cela n’évite pas la fatigue du muscle. La question de l’étirement reste complexe car le bénéfice éventuel est fonction de la personne, du sport concerné, et de la façon dont l’étirement est pratiqué. Il faut donc individualiser la démarche.

• S’hydrater suffisamment : diffé- rentes études réalisées, notamment sur des joueurs de tennis, montrent que le manque d’hydratation fait baisser les performances globales du muscle et du corps, sans toutefois mettre en évidence une aggravation du risque de blessure. L’hydratation a donc plutôt un impact sur les perfor- mances et la récupération. • Adopter une alimentation équilibrée : c’est en effet logique car cela per- met de mieux réguler son poids et d’éviter les contraintes excessives sur le muscle entraînées par le surpoids. • Se protéger du froid : pour per- mettre aux muscles de se réchauf- fer suffisamment, il faut consacrer plus de temps à l’échauffement s’il fait froid. Et inversement, par temps chaud, il faut adapter sa tenue aux conditions extérieures. • Avoir une bonne hygiène de vie et un bon sommeil : ce conseil de bon sens n’a pas de lien prouvé ou vérifié avec le risque d’accident musculaire, mais s’accorde avec une pratique sportive agréable et régulière. F.N.H. : Vous avez été nommé récemment médecin de l’équipe nationale. Comment vivez-vous cette nouvelle expérience avec les protégés de Vahid Halilhodzic. En quoi consiste votre travail ? A. A. : Je suis ravi de faire partie du staff médical de l’équipe nationale de football. C’est une expérience très enrichissante et instructive. Je suis à la disposition de la sélec- tion nationale pour mener à bien ma mission de praticien. Effectivement, mon travail est assez spécifique. En tant que médecin de l'équipe, je suis responsable de la supervision des soins médicaux, ce qui signifie assister à tous les matchs. Je dois être au stade plusieurs fois par mois pour évaluer les blessures et aider à déterminer les options de traitement disponibles pour les joueurs. J'assure également les interventions chirurgicales et accompagne les soins de rééducation. L'une des par- ties les plus importantes de mon tra- vail est probablement de déterminer quand les joueurs peuvent revenir et jouer en toute sécurité. ◆

F.N.H. : Vous avez aupara- vant opéré et suivi plusieurs

Les recommandations duDr Achargui sur certaines techniques àmettre enœuvre pour réduire le risque de blessure

Quand vous regardez le football, c'est un sport violent. Les bles- sures par contact sont difficiles à prévenir. Mais lorsque l'on regarde les autres sports sans contact ou les sports amateurs, les types de blessures les plus courants sont dus à une suruti- lisation. Et, généralement, les blessures de surutilisation sont le résultat d'une augmentation trop rapide de l'activité avant que votre corps n'ait eu la chance de s'adapter. Chaque fois que vous commen- cez une nouvelle activité, vous devez généralement vous assu-

rer que vous n'augmentez pas cette activité de plus de 10 ou 15% par session. Vous devez donner à votre corps une chance d'y répondre. En ce qui concerne les personnes qui s'entraînent, il faut maximiser la nutrition avec une bonne alimentation équilibrée, dormir suffisamment et s’étirer avant les activités.

Made with FlippingBook flipbook maker