FNH N° 1028

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JEUDI 24 JUIN 2021 FINANCES NEWS HEBDO

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Arts plastiques

◆ L’exposition de Amina Rezki, «Bêtes de scènes», présentée à la galerie d'art Kulte Center for Contemporary Art and Editions, brode sur le thème des scènes intimistes. Un art d’où sourdent le désenchantement, le mal-être et l’angoisse. Soubresauts d’âmes transies

Regards imposant l’effroi, visagesd’animaux, silhouettes privées de tête humaine… Les œuvres réalisées com- posent un théâtre intime dont les personnages dansent un ballet (mais, invraisem- blablement de mort ?!). Ces figures troublent quiconque les fixe. Parce que l’artiste, sans grandiloquence, nous dit ce que nous sommes : des bonshommes de carna- val, silhouettes vacillantes à la recherche de repères. Pis encore, elle nous rappelle que nous étions des êtres claire- ment cloitrés et attendant des jours meilleurs. Amina repré- sente, ici, le monde en arrêt dans chaque scène offerte à voir, en l’accentuant avec plus de couleurs. Elle s’est d’abord évertuée à peindre son autoportrait, à travers lequel elle essaya de questionner sa place dans la société en tant que femme, mère et artiste. Par la suite, comme elle a toujours été inspirée par l’Homme, Amina a intégré des aspects animaliers aux silhouettes qu’elle peint afin de mettre en toile la férocité humaine. Et si elle s’est habituée à peindre des toiles sombres, le confinement lui a permis de changer de ton, de palette... Il lui a été une sorte de revi- rement total par rapport à ce qu’elle faisait. De l’art, elle fait une reli- gion Par le dessin, qu'elle décou- vrit à l’âge de cinq ans en Belgique, Amina surmontera

indubitablement la désolation ambiante. Elle passait le plus clair de ses loisirs à croquer tout ce qui passait à portée de son crayon. Après une formation à l’Académie des Beaux-arts de Bruxelles, elle se fit une réputation parmi d’autres, qui l'encouragèrent à se jeter dans le bain pictu- ral. Elle le fit avec la ferveur du prosélyte et entreprend entre 2003 et 2009 des cours inten- sifs de peinture à l’académie d’art d’Uccle à Bruxelles. Son œuvre, d'abord poussive, puis de plus en plus réfléchie, finit par prendre corps et style. Amina Rezki s’est toujours tenue à distance d’écueils périlleux, à savoir l’englue- ment dans une doctrine et l’obédience à une école. Elle ne s’inscrit dans aucun mou- vement plastique. Elle s’y échappe aussitôt qu’on tente de la ranger. Guidée par son instinct, elle eut pour pre- mière passion l’abstraction. Mais, elle découvrit vite la figuration, dans laquelle elle entra comme on entre en reli- gion. Ses visages et corps tortu- rés, scènes apocalyptiques ou dystopiques sont insai- sissables. La violence de son œuvre nous saisit au collet. Le mouvement du trait et sa plasticité nous transportent… Ses toiles renferment un silence ô combien vertigineux qui livre place au mystère. S’il y avait bien une expo à foncer voir en ces temps, c’était cette traversée intime et amicale de l’œuvre de Amina. ◆

Une œuvre de Amina Rezki : Autoportrait #1 (Femme au poids), 2020, acrylique sur toile.

charme. Couleurs vives, crème, courbes douces, arrêtes tremblantes, ils sont des «bêtes de scènes» . Certes, avec l’humilité de moine. Ils ? Les personnages et êtres à tête d’animaux de Amina Rezki. Et quel effarement vient de se dissoudre dans leur contemplation ! L’artiste avoue, elle même, que ses figures illustrent des états d’âme, présentés moyennant petites scènes vécues durant le confinement.

L undi 21 juin. Ce jour- là, lors du vernis- sage privé organisé par la délégation général Wallonie- Bruxelles au Maroc, le lieu a pris un bain de jouvence. Une kyrielle d’excités l'ont assailli. Les cimaises en tremblaient, de par qui les ornent égale- ment… Ils avancent en bataillon rangé, vibrant de tout leur Par R. K. Houdaïfa

Ses toiles renferment un silence ô combien ver- tigineux qui livre place au mystère.

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