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ECONOMIE
FINANCES NEWS HEBDO
DU 23 & 24 DÉCEMBRE 2021
www.fnh.ma
Sur le plan économique, d’une chaine de valeur mondiale, on passera à un processus de dé-globalisa- tion, avec l’apparition d’une chaine de valeur régionale de proximité.
flation, en particulier sur les produits alimentaires, mettant en péril le pouvoir d’achat de la population. Notre pays ainsi que plusieurs pays européens en font les frais ! C’est ainsi qu’on assiste à des annonces de relocalisation ici et là. On assiste
actuellement à un recul des investissements directs vers la Chine et leur stagnation vers les autres pays émergents. F.N.H. : Ce serait donc une opportu- nité intéressante pour notre pays ? M. B. : Evidemment ! Une réorientation per- tinente de notre stratégie commerciale et industrielle est nécessaire ! La crise du covid va entrainer de profonds changements du monde tels qu’on l’a connu ! Nous devons en tirer des leçons pour adapter nos stratégies à l’avance ! A mon avis, sur le plan économique, d’une chaine de valeur mondiale, on passera à un processus de dé-globalisation, avec l’appari- tion d’une chaine de valeur régionale de proxi- mité, avec toute la flexibilité et le système d’approvisionnement du type «just-on-time» qui conditionne le niveau de compétitivité des entreprises. Relocaliser régionalement ! A cet effet, on est appelé à renforcer nos liens économiques, commerciaux et finan- ciers avec notre principal partenaire, l’Union européenne, avec lequel, à mon sens, les conditions de compétitivité seraient plus soutenables. C’est aussi à l’avantage des entreprises européennes. S’il existe une région dans le monde où le multilatéralisme profond avance malgré d’innombrables obstacles, c’est bien l’Union européenne. Avec la crise pandémique, on va assister progressivement à un processus de renforcement de la nation, une volonté de relocalisation et une accentuation de la multipolarité. Ce processus fera apparaitre la Chine comme le miroir renversé de l’Occi- dent, aggravant ainsi l’opposition géopoli- tique entre les Etats-Unis et la Chine; une opposition qui n’est pas simplement d’ordre commercial, mais qui sera de plus en plus politique. C’est à travers cette opposition géopolitique que l’Europe doit construire sa place, sa souveraineté, en renforçant la soli- darité entre ses membres et en développant des liens solides avec son environnement historique régional, l’Afrique. Grâce à Sa Majesté, notre pays, on le sait, a de bonnes avancées dans ce domaine, de par ses relations privilégiées avec l’Afrique, dont la jeunesse montante fait preuve de créativité et de dynamisme. Miser sur la jeunesse africaine, c’est miser sur l’avenir du Maroc, c’est miser sur l’avenir de l’Europe. ◆
Si on injecte de l’argent massivement sous diffé- rentes formes sur le marché, il faut accom- pagner cette action, dans un esprit de patriotisme, par un sou- tien évident aux entre- prises indus- trielles natio- nales.
F.N.H. : Mais cette politique d’injec- tion de fonds ne devrait-elle pas s’inscrire dans une vision globale en interaction avec d’autres mesures ? M. B. : Effectivement. Si on injecte de l’argent massivement sous différentes formes sur le marché, il faut accompagner cette action, dans un esprit de patriotisme, par un soutien évident aux entreprises industrielles nationales, en leur donnant par exemple la priorité au niveau des mar- chés publics. Relancer la construction par exemple aura un effet induit sur les autres secteurs, y compris l’informel, à condition évidemment que tous les inputs liés à la construction, comme la menuiserie, les car- reaux, le fer rond, le sanitaire, les fenêtres en aluminium…, soient fabriqués par des entreprises marocaines. Ce n’est pas le cas aujourd’hui ! Notre devise doit être : Morocco first ! Autrefois, le tableau des échanges inter- sectoriels de Leontief figurait dans nos programmes d’enseignement et permettait de mettre en évidence les liens entre les secteurs et les branches. Sous sa forme économétrique, c’est un excellent instru- ment de prévision et de prise de décision. Aujourd’hui, on a besoin de planification comme autrefois. Une nouvelle forme de planification qu’il reste à inventer et qui met en perspective nos stratégies industrielles sur le moyen et long terme. A mon avis, pas de développement cadré sans planification cadrée.
F.N.H. : Dans ce contexte, comment pourraient évoluer nos relations économiques avec nos principaux partenaires, surtout à un moment où l’économie mondiale est entrée dans une phase marquée par la rupture des chaines de valeurs mon- diales ? M. B. : Le sujet est important. Nous savons que la mondialisation s’est construite sur la base de la division internationale du travail et des avantages comparatifs, tels qu’ils ont été développés par Adam Smith et Ricardo. Chaque pays s’est spécialisé dans le produit ou le service où il est le plus compétitif. Ainsi, aujourd’hui, une voiture, un avion ou un jean s’assemble dans un endroit vers lequel on achemine tous ses composants fabriqués un peu partout dans le monde. Chaque pays devient ainsi dépendant des autres pays pour ses approvisionnements. La fabrication d’une voiture implique aujourd’hui 34 pays. La crise du coronavirus a mis en évidence la fragilité des chaînes de valeur mondiales : quand la production s’ar- rête dans un pays, toute la chaîne est arrê- tée. Conséquences : manque de matières premières, flambée du cours du pétrole, flambée des prix du transport, augmentation des prix, réduction drastique de la produc- tion de voitures pour manque de puces électroniques fabriquées en Corée du sud, Taiwan, et Intel aux USA, désarticulation de la production, etc… Cette situation se traduit par un regain d’in-
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