FNH N° 1089

16

BOURSE & FINANCES

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 15 DÉCEMBRE 2022

www.fnh.ma

Fiscalité de l’autoentrepreneuriat

◆ La Loi de Finances 2023 a visiblement entamé l’attractivité fiscale du statut de l’autoentrepreneur. ◆ Plusieurs spécialistes continuent de dénoncer la taxation du surplus du chiffre d’affaires de 80.000 DH, réalisé avec un seul client par voie de retenue à la source, à un taux libératoire de 30%. Où placer le curseur ?

neuriat. Ce qui est particulièrement pré- judiciable, surtout si l’on sait qu’il existe potentiellement 4 millions d’autoentrepreneurs au Maroc. Et pourtant, pour l’heure, l’on ne dénombre que 375.000 détenteurs de carte d’autoentrepreneur.

Même si 60.000 salariés sont deve- nus autoentrepre- neurs, la nouvelle mesure de taxation est excessive.

«Il serait dommage de tuer l’au- toentrepreneuriat par des mesures

fiscales inopportunes. Même si 60.000 salariés sont devenus autoentrepreneurs, la nouvelle mesure de taxation est exces- sive» , dénonce Fahim, qui alerte sur la diversité des raisons ayant poussé les 60.000 employés à entreprendre. Notre interlocuteur est formel : les autoentrepre- neurs ne doivent pas faire les frais de pra- tiques peu recommandables d’entreprises mal intentionnées. Ceci dit, faudrait-il rappeler que l’impôt sur le revenu par voie de retenue à la source, à un taux libératoire de 10 ou 20%, jugé élevé par les professions libérales, a été dénoncé vigoureusement au cours des derniers mois. Alors que dire du niveau du taux libé- ratoire de 30% appliqué au surplus du chiffre d'affaires annuel dépassant 80.000 dirhams, réalisé par un autoentrepreneur pour des prestations de service avec un même client ? Jusque-là, l’un des atouts de charme du statut de l’autoentrepreneur avait trait à la fiscalité réduite (0,5% du CA pour les activités industrielle, com- merciale et artisanale et 1% pour les prestations de services). «L’une des impli- cations majeures de la nouvelle mesure fiscale pour certains autoentrepreneurs est l’inflation à deux chiffres de leur taux d’imposition. Ce qui est erratique», s’of- fusque Fahim. Au final, bon nombre de spécialistes attirent l’attention sur la nécessité de préserver l’attractivité fiscale du statut de l’autoentrepreneuriat à même de contri- buer à la réduction du poids de l’écono- mie informelle au Maroc. ◆

Finances, amendée et approuvée défini- tivement le jeudi 8 décembre 2022, exclut du régime de l'autoentrepreneur le sur- plus du chiffre d'affaires annuel dépassant 80.000 dirhams, lequel est réalisé pour des prestations de service avec un même client. Le surplus du chiffre d’affaires va ainsi être soumis à l’impôt sur le revenu par voie de retenue à la source, à un taux libératoire de 30%. A en croire le gouver- nement, cette mesure vise à lutter contre l’évasion fiscale et le salariat déguisé. Certaines entreprises exigeraient le statut d’autoentrepreneur à leurs employés pour échapper aux engagements contractuels. En dépit des arguments avancés par l’exé- cutif, Zakaria Fahim, Managing Partner et président de l’association «Union des autoentrepreneurs», pointe du doigt le caractère inopportun de la nouveauté de la Loi de Finances 2023 relative au statut de l’autoentrepreneur. «La nouvelle mesure fiscale pénalise les autoentrepreneurs. Ces derniers ont besoin d’être épaulés et soutenus et non le contraire», indique l’ancien président de Commission de la CGEM. Certains défenseurs des autoentrepreneurs esti- ment que les pouvoirs publics n’accordent pas assez d’importance à l’autoentrepre-

C ertaines caractéristiques du marché du travail légitiment amplement la nécessité de promouvoir l’entrepreneu- riat et l’autoentrepreneuriat à l’échelle nationale. Au Maroc, les jeunes et les femmes continuent de constituer les parents pauvres du marché de l’emploi. Chiffres à l’appui : entre le troisième tri- mestre 2021 et la même période de 2022, le taux de chômage a augmenté parmi les femmes, passant de 16,5% à 17,8%. Au troisième trimestre 2022, le taux de chômage s’est établi à 17,7% chez les diplômés et 18,4% chez les personnes âgées de 25 à 34 ans (contre 11,4% au niveau national). Au regard de ce qui précède, force est d’admettre que le gouvernement doit mener une réflexion permanente afin d’adapter au mieux les incitations et les régimes avantageux dédiés aux entre- preneurs et aux autoentrepreneurs. Or, la nouveauté concernant le statut de l’au- toentrepreneuriat, apportée par la Loi de Finances 2023, a semé le doute dans la tête de plusieurs spécialistes. Concrètement, la nouvelle Loi de Par M. Diao

Plusieurs caracté- ristiques du marché

du travail légitiment amplement la nécessité de promouvoir l’entrepre- neuriat et l’autoentre- preneuriat

à l’échelle nationale.

Made with FlippingBook flipbook maker