FNH N° 1089

Découvrez le numéro 981 de Finances News Hebdo, premier hebdomadaire de l'information financière au Maroc

Du 15 décembre 2022 - 8 DH - N° 1089

PREMIER HEBDOMADAIRE DE L'INFORMATION FINANCIÈRE AU MAROC

Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli

Baisse du Dollar Bonne nouvelle pour les opérateurs marocains ?

Ressources hydriques

L’eau ne coule plus sous les ponts

P. 18/19

P. 12

Parcours historique. Epopée grandiose et héroïque. Les Lions de l’Atlas butent sur la France et quittent la compétition la tête haute. P. 2

Dépôt légal : 157/98 ISSN : 1114-047 - Dossier de presse : 24/98 - Adresse : 83, Bd El Massira El Khadra, Casablanca - Tél. : (0522) 98.41.64/66 - Fax : (0522) 98.40.22 - Adresse web : www.fnh.ma

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S OMMAIRE

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> Actualité

Voyons voir : Côté pluie, côté foot

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Ça se passe au Maroc

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Ça se passe en Afrique

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Ça se passe dans le monde

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> Bourse & Finances

Editorial

Point Bourse Hebdo : Une quatrième semaine de

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hausse pour le Masi

Baisse du Dollar : Bonne nouvelle pour les opérateurs

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Par Fatima Ouriaghli

marocains ?

Placements : La recette anti-crise de Khalid Cheddadi

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> Economie

L e Maroc a été battu, mercredi 14 décembre, par la France (2-0), en demi-finale de la Coupe du monde. Mieux vaut vivre un jour comme un lion que cent ans comme un mouton. Cette assertion, les Lions de l’Atlas l’ont appliquée à merveille. De leur premier match contre la Croatie à cette rencontre contre la France, ils ont eu cette atti- tude guerrière qui force le respect. Détermination, abnégation, résilience à toute épreuve… : le Onze national nous a donné une belle leçon de vie, avec beaucoup d’humilité. Qui aurait pu imaginer un tel parcours ? Qui aurait pu miser un iota sur cette équipe ? Qui aurait pu prévoir que ces lions allaient déjouer tous les pronostics, donnant le tournis aux bookmakers ? Qu’on l’admette : il n’y a pas meilleur ambassadeur, meilleur VRP que les Lions de l’Atlas. Durant leur campagne footballistique historique, ils ont porté haut l’étendard national. En seulement quelques jours, ils ont su vendre la destination Maroc mieux que le ministère du Tourisme et l’Office national marocain du tourisme réunis; mieux qu’ils ne l’ont fait en plusieurs mois, voire plusieurs années. Car leur épopée a eu une résonnance mondiale. Aux quatre coins du monde, retentit désormais le nom «Maroc». Washington, Paris, Pretoria, Moscou, Canberra…, partout on chante les louanges de ce pays d’Afrique du Nord qui a enterré dans la trappe de l’Histoire les préjugés sur le football africain et qui a écrit, en lettres d’or, une nouvelle page du football mondial en bousculant cette hiérarchie établie. Partout, on salue le courage et la vaillance de ces bonshommes qui ont défendu bec et ongles les couleurs marocaines, portés par un coach, Walid Regragui, qui est entré au panthéon du sport national, grâce à sa lucidité et à la cohérence de ses choix. Un coach qui a su tirer le meilleur de chacun de ses joueurs pour bâtir un collectif impressionnant. Un collectif qui a empli de bonheur les foyers marocains et redonné la joie de vivre à des citoyens d’abord meurtris par les conséquences de la crise sani- taire, avant de subir de plein fouet une inflation sévère qui lamine leur pouvoir d’achat. Et hop ! Par la magie du foot, les Lions de l’Atlas ont réussi à tout effacer : nos soucis, nos souffrances, nos angoisses… Ces moments d’euphorie passés, nous serons certes confrontés de nouveau à la réalité quotidienne. Mais, pour l’instant, savou- rons ces instants inoubliables qu’ils nous ont offerts. Et soyons fiers de nos Lions de l’Atlas qui méritent tous les honneurs. De ces fils du pays qui ont sué, peiné, combattu dans la dignité. De notre Maroc. De notre Royaume que les étrangers ne regarderont certainement plus de la même manière. Oui, soyons fiers ! u FIERS DE VOUS !!!

Sommes-nous allergiques à l’impôt ?

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Rencontres scientifiques de la CMR : L’innovation et le

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Fiscalité de l’autoentrepreneuriat : Où placer le cur-

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digital à l’honneur

seur ?

Ressources hydriques : L’eau ne coule plus sous les

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ponts

Entretien avec Abdelmajid Belaïche : Médicaments,

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«Aujourd’hui, peu de pays échappent au phénomène

des pénuries»

Intelligence économique : Regards croisés sur l’inno-

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vation en Afrique

Droit de la concurrence : Un levier magnétique pour

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capter les investissements

Subvention de la farine : Un système biaisé ne profi-

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tant pas assez aux consommateurs

Immobilier : «Il faut s’attendre à une année 2023 très

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compliquée»

> L'univers des TPME

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Direction administrative et financière : BDO lance un

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baromètre

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> Focus Agricole

Filière laitière : La sécheresse met à nu les fragilités

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du secteur

> Tribune libre

L'histoire sous nos yeux… 31 > High-tech 32 Technologies : 7 tendances à surveiller en 2023 > Culture Exposition : Younes Khourassani, visions 34

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embrassées

• Directeur Général responsable de la Publication : Fatima OURIAGHLI Contact : redactionfnh@gmail.com

• Directeur des rédactions & Développement : David William • Journalistes : Charaf Jaidani, Leïla Ouriaghli, Adil Hlimi, Momar Diao, Youssef Seddik, Khalid Aourmi, Réda Kassiri Houdaifa, Ibtissam Zerrouk, Malak Boukhari, Meryem Ait Ouaanna, • Révision : M. Labdaouat • Directeur technique & maquettiste : Abdelillah Chamseddine • Mise en page : Zakaria Beladal • Assistantes de direction : Amina Khchai • Département commercial : Samira Lakbiri, Salma Benmakhlouf, Rania Benchaib • Administratif : Fatiha Aït Allah, Nahla Sahlal • Édition : JMA CONSEIL • Impression : Maroc Soir • Distribution : Sochpress • Tirage entre 15.000 et 18.000 exemplaires • Dépôt légal : 157/98 • ISSN : 1114-047 • Dossier de presse : 24/98 • N° Commission paritaire : H.F/02-05

V OYONS VOIR

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Côté pluie, côté foot

Par D. William

C eux qui sont aux affaires n’ont pas du tout été gâtés ces trois dernières années. Vous me direz certainement qu’ils ont choisi leurs voies, qu’ils ont voulu faire de la politique et briguer des postes ministériels. C’est vrai, mais ils n’imagi- naient certainement pas qu’ils allaient se farcir une crise sanitaire planétaire, une guerre russo-ukrainienne avec des répercussions mondiales et une flambée des prix des matières premières et éner- gétiques qui chahute fortement les fonda- mentaux de l’économie nationale. Le tout, saupoudré d’épisodes de sécheresse de plus en plus récurrents et de plus en plus sévères et d’un déficit hydrique qui inquiète politiques et experts. Dans ce panorama sombre, un léger éclairci cependant émanant de deux élé- ments : • D’abord, il y a la pluie. La météo reste assez clémente ces derniers jours. Les précipitations sont de retour et ont

concerné plusieurs régions, avec un impact positif sur le couvert végétal et les activités agricoles. Jusqu’à lundi, elles ont atteint 90 mm. Certes, il y a un déficit de 20% par rapport à une année normale (110 mm), mais c’est largement mieux que la précédente saison (84,6 mm), selon les chiffres communiqués par le ministre de l'Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et forêts, Mohammed Sadiki. Qui précise que les eaux de barrages destinées à des fins agricoles se sont élevées à 3,23 milliards de mètres cubes, soit un taux de remplissage d'environ 24%, et un taux de déficit de 25% par rapport à la saison précédente. Du coup, les agriculteurs ont un peu la banane, après avoir été durement affectés ces deux dernières années par le déficit pluviométrique. Ils ne sont pas les seuls à retrouver un semblant de moral. Le gou- vernement, également, nourrit l’espoir de voir ces épisodes pluviométriques se mul-

tiplier et se prolonger. Car la réussite de la campagne agricole en dépend. Et, in fine, la croissance économique aussi. Après un exercice 2022 au terme duquel le taux de croissance devrait être inférieur à 1%, les prévisionnistes tablent sur un rebond en 2023. Si des institutions comme le FMI et la BERD prévoient respectivement 3,1 et 3,3% de croissance, le gouvernement marocain, lui, fixe la barre plus haut dans la Loi de Finances, tablant sur 4,5% en 2023, avec entre autres hypothèses une production céréalière à 75 millions de quintaux. Une hypothèse qui reste exclu- sivement tributaire des pluies. Il faut donc espérer que les campagnes marocaines continuent d’être arrosées. • Ensuite, il y a ce Mondial 2022, et sur- tout ce parcours historique des Lions de l’Atlas. Le foot nous a fait du bien. Beaucoup de bien. Il a amené joie et bon- heur au peuple marocain, au point qu’il se surprend à oublier la morosité écono- mique ambiante. ◆

Le gouverne- ment nourrit l’espoir de voir les épisodes pluviomé- triques se multiplier et se prolonger.

oui , je souhaite m’abonner à cette offre spéciale pour 1 an BULLETIN D’ABONNEMENT Mon abonnement comprend : ❑ 48 numéros Finances News hebdo & 2 numéros du Hors-série. Voici mes coordonnées : ❑ M ❑ Mme ❑ Mlle Nom/Prénom : ................................................................................... Adresse : ............................................................................................ Ville : ............................. Code Postal : ............................................ Tél : ........................................ Fax : ................................................. E-mail : ............................................................................................. Mon règlement ci-joint par : ❑ Chèque bancaire ou virement bancaire à l’ordre de JMA Conseil : Banque Populaire, Agence Abdelmoumen, Compte N° 21211 580 5678 0006-Casablanca - (Maroc)

www.fnh.ma Ç A SE PASSE AU MAROC L e secteur de l’assurance est en évolution et fait preuve d’innovation. C’est ce que veut mettre en avant l’évènement «Trophées de l’Assurance», qui se tiendra le 15 février 2023 à Casablanca. En présence d’un parterre de personnalités, cette rencontre, qui sera organisée pour la première fois au Maroc, sera l’occasion de récompenser et de rendre hommage aux professionnels du secteur de l’assurance, soucieux de la sécurité de leurs assurés. Après les délibérations du jury qui sera composé de journalistes, industriels et chefs d’entreprises, trois familles de trophées seront décernées, à savoir «Trophées innovation» , «Trophées des assurés» et «Trophées coups de cœur». ■ Première édition des «Trophées de l’Assurance»

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Signature d’un MoU pour favoriser l’inclusion financière L e Groupe Attijariwafa bank et le Groupe Crédit Agricole du Maroc, représentés respectivement par Mohamed El Kettani, PDG, et Noureddine Boutayeb, président du Directoire, ont signé, lundi 12 décembre 2022, un mémorandum d’entente (MoU) portant sur le renforcement du cadre stratégique de collaboration de leurs filiales respectives, à savoir Wafacash et Al Filahi cash. Ainsi, Al Filahi Cash et Wafacash s’allient pour travailler sur les ini- tiatives nationales, la commercialisation des services de transferts et de paiement, l’intermédiation dans les services de prêts, et toute autre opportunité de business. Le réseau d’Al Filahi Cash, qui cible une clientèle principalement rurale et périurbaine dans des zones à forte démographie et à faible couverture en points de proximité, vient ainsi en complémentarité du réseau Wafacash, pour assurer une meilleure présence vis-à-vis de la clientèle. Cette couverture territoriale favorisant la réduction des disparités, s’inscrit ample- ment dans le cadre de la stratégie nationale d’inclusion financière visant la facilitation de l’accès des personnes défavorisées aux différents services et produits financiers. En paraphant cet accord, ces deux établissements de paiement pourront ainsi commencer à collaborer dans différents secteurs, selon la réglementation en vigueur. Elles pourront en outre mieux mutualiser leurs efforts afin de développer des services de trans- ferts d’argent et de paiement ciblant le monde rural et urbain. ■ Attijariwafa bank - Crédit Agricole du Maroc

Première réunion de l'Agence nationale de gestion stratégique des participations de l’Etat

Abdellatif Zaghnoun, Directeur général de l’Agence nationale des participations de l’Etat

L’ Agence nationale de gestion stratégique des participations de l’Etat et de suivi des performances des établissements et entreprises publics (ANGSPE) a tenu, lundi à Rabat, la première réunion de son Conseil d’ad- ministration, sous la présidence de la ministre de l’Economie et des Finances, Nadia Fettah. Elle s'est déroulée en présence des représentants de l’Etat, désignés par le Conseil du gouverne- ment en date du 1 er décembre 2022, en tant que membres dudit Conseil, et s’inscrit dans le cadre du déploiement des hautes orientations royales concernant la réforme du secteur public, en géné- ral, et la création de l’ANGSPE en particulier. Rappelons que Abdellatif Zaghnoun, DG de l'ANGSPE a été nommé par le Roi Directeur général de l’Agence nationale des participations de l’Etat lors du Conseil des ministres tenu en juillet 2022. Le Conseil d’administration tenu lundi acte la mise en place des organes d’admi- nistration et de gestion de l’ANGSPE ainsi que l’entrée en vigueur de la loi n° 82.20 portant création de l’Agence nationale, promulguée par le Dahir n° 1-21-96 du 15 dou al-hijja 1442 (26 juillet 2021). Après une présentation par Zaghnoun de l’Agence nationale et de ses prérogatives au regard de la loi n° 82.20, les autres points de l’ordre du jour traités lors de cette session du CA ont permis

aux membres d’approuver les éléments consti- tutifs de l’ANGSPE, en l’occurrence, le modèle organisationnel, le statut du personnel, le règle- ment des marchés et le modèle de financement, et d’approuver également la feuille de route pour l’élaboration de la politique actionnariale de l’Etat. L’ANGSPE est un établissement public, doté de la personnalité morale et de l’autonomie financière, qui a pour principale mission de veiller aux intérêts patrimoniaux de l’Etat actionnaire, de gérer les participations de l’Etat et d’assurer le suivi et l’appréciation des performances des établissements et entreprises publics. Constituant un des piliers de la réforme du secteur public, l’ANGSPE sera dotée d’une gouvernance adaptée à sa mission, d’une vision stratégique à moyen et long terme permettant d’apprécier et de maitriser les risques des EEP concernés, de proposer des solutions à même de développer un actionnariat public performant, répondant au mieux aux objectifs stratégiques de l’Etat action- naire et s’inscrivant dans le cadre des principes de la réforme globale du secteur des EEP. Le périmètre d’intervention de l’Agence nationale comprend 57 EEP (15 établissements à caractère marchand, 35 entreprises publiques à participa- tions directes de l’Etat et 7 participations déte- nues exclusivement ou conjointement par l’Etat ou les EEP). ■

135.377.744 C’est le nombre des opérations de paiement durant la période de janvier à novembre 2022, pour 58.567.076.938 DH, effectuées par les cartes bancaires marocaines et étrangères, auprès des commerçants, des sites des facturiers et des sites marchands affiliés au CMI. La progression est de +33,0% en nombre et +39,0% en montant par rapport à la même période de 2021.

Le chiffre de la semaine vous est proposé par

Ç A SE PASSE EN AFRIQUE

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Ghana : Accord trouvé avec le FMI sur un prêt de trois milliards de dollars

Afrique : Les États-Unis engagent 55 milliards de dollars sur les trois prochaines années

La BCEAO est dans une «dynamique de normalisation» de la politique monétaire

L a Banque centrale des Etats de l'Afrique de l’Ouest (BCEAO) est dans une « dynamique de normalisation» de la politique monétaire au sein de l’UEMOA, en décidant, à l’issue de la réunion du Comité de politique monétaire (CPM) tenue au siège de l’institution à Dakar, de relever de 25 points de base ses taux directeurs, à compter du 16 décembre 2022. Le principal taux directeur auquel la Banque centrale prête ses res- sources aux banques commerciales passe de 2,50% à 2,75%, a indiqué à la presse le Gouverneur de la BCEAO, Jean Claude Kassi Brou, président du Comité de politique monétaire après la lecture du com- muniqué final de la session. Il a ajouté que cette hausse, la troisième de cette année, s'inscrit dans «le cadre de la normalisation graduelle de la politique monétaire entamée depuis juin 2022 ». ■

L es Etats-Unis vont dépenser 55 mil- liards de dollars en Afrique au cours des trois prochaines années, a annoncé le conseiller à la Sécurité natio- nale auprès du président américain, Jake Sullivan. Cette somme sera engagée dans « un large éventail de secteurs pour rele- ver les principaux défis de notre époque », a-t-il ajouté, à la veille du Sommet des dirigeants USA-Afrique, dont les travaux ont démarré le mardi 13 décembre. De son côté, le secrétaire adjoint au Trésor, Wally Adeyemo, a mis en garde contre l'arrêt des investissements privés dans les pays à revenu intermédiaire et faible, en particulier en Afrique. ■ Niger : La BAD va investir 138 millions de $ pour améliorer l’accès à l’électricité

Accidents de la route en Afrique du Sud : Plus de 10 milliards de dollars perdus chaque année « J'ai le plaisir d'annoncer que l'équipe du FMI est parvenue à un accord avec les autorités ghanéennes sur un programme triennal (...) au titre de la Facilité élargie de crédit (FEC) d'un montant (...) d'environ 3 milliards de dollars américains », a déclaré le chef de mission du FMI au Ghana, Stéphane Roudet. ■ L e Ghana a trouvé un accord avec le Fonds monétaire international sur un prêt de trois milliards de dollars de renflouement, a annoncé le FMI, à l'heure où le pays fait face à une grave crise économique. Déjà accablé par une forte dette, le Ghana est confronté à une inflation historique de plus de 40% et à l'effondrement du cours de sa monnaie - le Cédi -, des difficultés économiques aggravées depuis l'invasion russe en Ukraine. P rès de 190 milliards de rands (plus de 10 milliards de dollars) sont perdus chaque année en Afrique du Sud à cause des accidents de la route, a révélé le ministre des Transports, Fikile Mbalula. « Les automobilistes sont appelés à faire preuve d'une extrême prudence pendant la

prochaine saison des fêtes, car les accidents de la route imposent un énorme fardeau financier à l'État », a déclaré Mbalula lors du lancement de la campagne de sécurité routière de la saison des vacances 2022. Il a rappelé à cet égard que « plus de 90% des accidents peuvent être directement attribués à l'élément humain, qui est invariablement lié à la violation du code de la route ». ■

L a Banque africaine de développement (BAD) a annoncé qu'elle va inves- tir 138 millions de dollars au Niger pour développer des centrales solaires et améliorer l'accès de 750.000 personnes à l’électricité. Le Conseil d’administration du groupe de la Banque africaine de dévelop- pement a donné son feu vert pour l’octroi d’un financement de 138,21 millions de dollars américains au Niger. L'objectif est de mettre en œuvre le projet de développement de centrales solaires et d’amélioration de l’accès à l’électricité, au bénéfice de 750.000 personnes, a indiqué la BAD. ■

Ç A SE PASSE DANS LE MONDE

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La BCE prête pour la seconde mi-temps du tour de vis monétaire

A près une inflation plus faible que prévu en octobre, la hausse des prix à la consommation a encore ralenti le mois dernier aux Etats- Unis. L'indice des prix à la consommation a augmenté de 7,1% en novembre, contre 7,7% le mois précédent, a annoncé mardi le département américain du Travail. Bien que l'inflation demeure trop élevée, le nouveau rapport du département du Travail laisse espérer qu'elle pourrait s'atté- nuer davantage. ■ USA L'inflation ralentit pour le deuxième mois consécutif

Le PIB du G20 rebondit

L e produit intérieur brut (PIB) de la zone G20 a augmenté de 1,3% en glissement trimestriel au troisième trimestre 2022, selon les estima- tions provisoires, après avoir reculé de 0,3% au deuxième trimestre, alors que dans la zone OCDE, la croissance du PIB est restée faible au T3 2022 à 0,4%. Le rebond dans la zone du G20 au troisième trimestre a reflété principalement une reprise en Chine, alors que certains des confinements COVID-19 les plus stricts du pays ont commencé à être assouplis, précise l’Organisation. Le PIB de la Chine a progressé de 3,9% en glissement trimestriel après s’être contracté de 2,7% au T2 2022, note la même source, expliquant que l’éco- nomie s’est également redressée aux États-Unis, le PIB ayant augmenté de 0,7% au T3 2022 après une contraction de 0,1% au trimestre précédent, tiré par les exportations nettes. ■ au troisième trimestre 2022

L a Banque centrale euro- péenne (BCE) pour- rait décider ce jeudi de ralentir le rythme des hausses de taux d'intérêt, portée par l'espoir de voir la courbe de l'inflation approcher de son sommet. La BCE a opéré depuis juillet un tour de vis monétaire sans

précédent dans son histoire, relevant ses taux de 2 points de pourcentage au total pour tenter de juguler l'envolée des prix, tirés par les coûts de l'énergie, dans le sillage de la guerre russe en Ukraine. La réunion du Conseil des gouverneurs ce jeudi devrait siffler la fin de la «première mi-temps de normalisation» de la politique monétaire après plusieurs années de taux excep- tionnellement bas, selon le patron de la Banque de France, François Villeroy de Galhau. Ce dernier plaide en faveur d'un relèvement des taux ramené à 0,50 point de pourcentage. ■

B OURSE & F INANCES

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Point Bourse Hebdo

Evolution de l'indice Masi depuis décembre 2021

Une quatrième semaine de hausse pour le Masi ◆ La Bourse de Casablanca se maintient dans une dynamique haussière à court terme. ◆ Le Masi a enregistré un gain hebdomadaire de 2,08% à 11.257 points.

Sur le plan macro et fondamental, la page des trimestriels tout juste tournée, le marché cherche du regard le prochain événement majeur : le Conseil de BAM prévu mardi 20 décembre et qui donnera le ton pour le premier trimestre 2023 en matière de flux. En effet, le marché semble déjà intégrer une hausse com- prise entre 25 et 50 pbs du taux direc- teur, et toute surprise risque d'enrayer la dynamique haussière aussi court- termiste que fragile observée depuis 4 semaines. L'attentisme et la prudence sont donc de mise d'ici mardi, ce qui devrait se traduire par un tassement des volumes. Parmi les commentaires de la semaine, on retiendra celui d'Attijari Global Research qui, revenant sur les trimes- triels des entreprises, a estimé que mal- gré la hausse des revenus de la cote constatée au 3ème trimestre, les signaux ne sont pas encore tous favorables et que la baisse est loin d’être consommée

sur le marché. «Nous ressortons avec le sentiment que le marché actions n’a pas encore consommé l’essentiel de son potentiel baissier. En effet, les répercus- sions de l’affaiblissement de la demande et du contexte inflationniste seraient plus visibles durant les prochains tri- mestres», explique AGR. D'un point de vue graphique, l'indice est en inertie entre une résistance à 11.500 points et un support à 10.900 points à l'intérieur d'un canal baissier de moyen terme. Dans l'agenda de cette semaine, on notera la cérémonie de première cota- tion de Akdital qui a eu lieu le mercredi 14 décembre, avec l’annonce des résul- tats définitifs de l'IPO. Le même jour, la FED a annoncé ses taux et ce sera au tour de la Banque centrale euro- péenne ce jeudi. Mais pour beaucoup, la semaine a été surtout rythmée par l'épo- pée des Lions de l’Atlas et la demi-finale jouée mercredi contre la France. ◆

Par Y. Seddik

L a Bourse de Casablanca a prolongé son rebond cette semaine, portée par l'absence de flux vendeurs sur le mar- ché en début de semaine où le Masi a marqué l'essentiel de sa hausse. Depuis, l'indice piétine, termi- nant même jeudi et vendredi sur de légers retraits. Mais, globalement, ce rebond est accompagné par un moral des investisseurs au beau fixe, sou- tenu par l'épopée historique de l'équipe nationale en coupe du monde et par les pluies conséquentes que nous connais- sons ces derniers jours. En termes de variations, le haut du tableau des hausses est dominé par Salafin (17,12% à 650 DH), TotalEnergies Marketing (10,43% à 1.377 DH), Sanlam Maroc (9,06% à 1.059 DH), Cosumar (8,83% à 223 DH) et Mutandis (5,95% à 219,95 DH).

Le marché semble déjà intégrer une hausse com- prise entre 25 et 50 pbs du taux directeur.

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BOURSE & FINANCES

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Baisse du Dollar

◆ Le recul de l’inflation aux États-Unis a poussé le billet vert vers une dynamique baissière. ◆ La paire USD/MAD est sur un bas de 3 mois, baissant pour la 4 ème semaine consécutive. Bonne nouvelle pour les opérateurs marocains ?

Quelles prévisions pour le Dirham sur les 3 prochains mois ? Compte tenu des prévisions de la parité EUR/USD et des conditions de liquidité sur le marché des changes, le bureau de recherche a revu à la baisse ses prévisions USD/MAD à horizon 1, 2 et 3 mois. Ainsi, tenant compte des prévisions haussières du Dollar à l’international à court terme et d’une légère amélioration des conditions de liquidité sur le mar- ché des changes marocain, le MAD devrait ainsi se déprécier légèrement face au Dollar à hori- zon 1, 2 et 3 mois. Ce scénario tient compte d’une baisse atten- due des flux import en raison du repli attendu de la demande à l’international. Les niveaux cibles de la parité USD/MAD ressortent à 10,92 DH, 10,76 et 10,76 à horizons 1, 2 et 3 mois contre un cours spot de 10,56 DH. Face à l’Euro, le Dirham devrait s’apprécier à hori- zons 1, 2 et 3 mois. Les niveaux cibles de la parité EUR/MAD res- sortent à 10,86 DH, 10,71 et 10,71 à horizons 1, 2 et 3 mois contre un cours spot de 11,12 DH, tou- jours selon AGR. ◆

moyen terme. Nous préconisons aux Corporates importateurs de réduire leurs horizons de couverture sur le MAD pour bénéficier de la correction du Dollar». Il faut dire qu’un Dirham ou des devises plus fortes sont un outil pour combattre l'in- flation, et si le Dollar s'affai- blit encore, cela aidera les pays à limiter la hausse des prix actuelle. Plusieurs observateurs sont convaincus que le Dollar amé- ricain a atteint un sommet, tout comme l'inflation, et s’attendent à ce que les deux s'affaiblissent encore au cours de l'année à venir. Une bonne nouvelle (ne serait-ce qu’à court terme) pour un pays comme le Maroc qui importe plus de 90% de ses besoins énergétiques et dont la dette libellée en Dollar US avoi- sine les 34% de son endettement extérieur. Par ailleurs, la position de change ressort déficitaire de 2,5 mil- liards de DH en moyenne heb- domadaire. Les flux imports sont importants en raison de l’impact de l’augmentation des prix des importations et de l’augmentation des opérations de couverture.

La paire USD/MAD a baissé pour la 4 ème semaine consé-

cutive, de 1,08% à 10,56 DH cette semaine.

Il s’agit d’un plus bas de 3 mois, a indiqué Attijari Global Research sur son dernier rapport hebdo- madaire sur le marché de change. «A l’origine, un effet panier néga- tif de -0,72% suite à la correction du Dollar et un effet liquidité de -0,36% en faveur du MAD. Pour leur part, les spreads de liqui- dité s’améliorent cette semaine, passant de 4,91% à 4,54% soit un recul de -37 pbs» , précise la même source. Notons que ces spreads ont récemment flirté avec la bande supérieure de fluctuation. Une situation qui aurait pu inciter BAM à intervenir par des adjudications de vente de devises sur le marché des changes interbancaire. Pour autant, il n'y aura pas for- cément de correction majeure, car le Dollar sera toujours une valeur refuge et les nuages qui planent sur l'économie mondiale restent bien présents. Comme l’explique d’ailleurs AGR, «les incertitudes liées au contexte géopolitique et aux évolutions des politiques monétaires inter- nationales pèsent sur les pers- pectives économiques. À cet effet, la volatilité s’installe sur le

L e Dollar Index, qui suit le billet vert contre un panier de six autres devises, est dans une phase de reflux depuis son pic autour des 114. Une baisse qui s’explique en partie par le repli de l’inflation aux États- Unis. En effet, l'année 2022 a été marquée par la lutte de la FED contre la hausse des prix : d'un plus bas historique à presque zéro fin 2021, la Banque centrale américaine a remonté ses taux directeurs en novembre entre 3,75% et 4%. Toutefois, alors que le risque de récession s'accentue aux États- Unis, l’institution a indiqué qu'elle pourrait ralentir le rythme de ses hausses de taux, ce qui a permis aux autres devises de remonter face au Dollar. Le puissant réac- teur qui a donc porté le Dollar tout au long de l'année, à savoir le res- serrement monétaire, perd pro- gressivement de sa puissance. Dans le même sillage au Maroc, la paire USD/MAD a baissé pour la 4 ème semaine consécutive de 1,08% à 10,56 DH cette semaine. Par Y. Seddik

Il n'y aura pas de correction majeure, car le Dollar sera toujours une valeur refuge.

Selon les dernières statistiques de Bank Al-Maghrib, les avoirs officiels de réserve se sont établis à 344,7 milliards de DH, en hausse de 6,9% en glissement annuel. Pour ce qui est des perspectives, sous les hypothèses d’entrées de dons de 2,2 milliards de dollars en 2022 et de 1,5 milliard de dollars en 2023 et de la concrétisation des financements extérieurs pré- vus par le Trésor, les avoirs officiels de réserves se situeraient à 343,7 milliards de DH à fin 2022 et à 360,7 milliards à fin 2023, soit l’équivalent de 5 mois et 25 jours et 6 mois et 4 jours d’importations de biens et services respectivement. Devises : Les réserves du Maroc toujours aussi bien fournies

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◆ Dans un contexte toujours marqué d’incertitudes, le patron de la CIMR préconise d’être à la fois défensif et opportuniste. La recette anti-crise de Khalid Cheddadi

avec le cycle économique actuel, «sachant qu'aujourd'hui, la situation saine des entre-

prises et du marché du travail laisse présager un changement rapide d'orientation politique et une amé- lioration de sentiment des marchés, dès l'apparition de signes d'atténua- tion de l'inflation», prévoit-il. Et d’ajouter que «l'objectif de relo-

Khalid Cheddadi, préconise de privi- légier des stratégies à la fois défensives et opportunistes.

calisation et de proximité qui s'impose aujourd'hui à nos partenaires économiques, recèle un potentiel d'investissement dans l'industrie et dans la logistique, autour des- quelles il serait judicieux de structurer des stratégies d'investissement à long terme qui peuvent contribuer à faire progresser la croissance économique durable». Selon le PDG de la CIMR, l'impact différen- cié de l'inflation sur les entreprises donnera lieu à un mouvement de M&A dans lequel les gestionnaires de Private equity devront capter le potentiel de création de valeur. Les projets d'énergies vertes largement disponibles au Maroc, qui connaitront une demande croissante sur les années à venir, présentent un potentiel d'investis- sement important pour les industriels, les institutionnels et les banques. «Je pense aussi que l'environnement inflationniste actuel augmentera la demande de solu- tions technologiques dans des domaines tels que le Cloud Computing, la cyber- sécurité et la transformation numérique, l'infrastructure de télécommunications et toute autre activité permettant la souverai- neté numérique», ajoute-t-il. Enfin, les prêts à taux variable peuvent offrir aux investisseurs et aux banques un moyen attrayant de réaliser des revenus supplémentaires intéressants, en plus de l'avantage du Hedging contre l'inflation qu'ils offrent, dans le sens où dans un environnement de taux en hausse, les émetteurs paient des coupons plus élevés. Bien évidemment, ces revenus plus élevés signifient également des frais d'intérêts plus élevés pour les émetteurs, d'où la nécessité d'être très exigeant en termes de qualité de signature desdits émetteurs, préconise-t-il. ◆

capital due à l'inflation (qui restera élevée à court et moyen terme). Cette couverture, en l'absence d'instruments de couver- ture synthétiques, peut être recherchée au niveau des supports d'investissement suivants : • Les entreprises aux fondamentaux solides qui ont de bonnes perspectives à long terme, opérant dans des secteurs défensifs et moins sensibles aux change- ments de l'économie ou à l'inflation [tels que les produits de consommation de base, le secteur pharmaceutique, l'infras- tructure, les matières premières ainsi que les services financiers]; • Les entreprises ayant un pouvoir de fixation des prix (Pricing power), pouvant répercuter la hausse des coûts et de préserver leurs marges bénéficiaires [exemple : marques fortes]; • Les entreprises portant dans leur bilan de la dette LT à taux fixe; • Les entreprises ayant une marge brute élevée offrant un grand coussin pour absorber l'inflation. … Et de l’opportunisme L'aspect opportuniste, quant à lui, se trouverait dans l'exposition aux secteurs portant des thématiques en adéquation

I ntervenant à l’occasion de la confé- rence organisée par Boursenews sur les perspectives des marchés, Khalid Cheddadi, PDG de la CIMR, a pré- conisé de privilégier des stratégies à la fois défensives et opportunistes en matière de placement. D’abord, de la prudence… «L'aversion au risque devrait se renfor- cer davantage au vu de l'environnement économique et géopolitique tumultueux. Le caractère défensif se trouverait au niveau de l'allocation stratégique d'actifs qui devrait respecter plus rigoureusement l'adéquation des actifs et des passifs, en privilégiant cependant le court terme, et où un poids significatif devra être octroyé aux actifs les moins volatils et de haute qualité de signature ou des infrastructures dont la commercialisation du produit fini est dérisquée, aux matières premières et aux activités exportatrices etc». Bourse : Les placements anti-inflation Toujours dans le registre de la prudence, Il est nécessaire, selon Cheddadi, de se pro- téger tant qu'on peut contre l'érosion du Par A. Hlimi

Il est néces- saire de se protéger tant qu'on peut contre l'érosion du capital due à l'inflation.

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Sommes-nous allergiques à l’impôt ? I l me semble nécessaire de prendre un peu de recul vis-à-vis des récentes polémiques relatives au PLF 2023, pour interroger notre rapport à l’im- pôt. Car ce à quoi nous assistons Par Rachid Achachi, chroniqueur, DG d'Arkhé Consulting

actuellement, ce n’est ni plus ni moins qu’un changement partiel pour l’instant et graduel, du régime même de l’impôt, et ce depuis l’introduction de la retenue à la source de l’IR pour les professions libé- rales. Les mots équité, justice, pertinence ont souvent été évoqués dans les diffé- rents débats, mais très peu se sont interro- gés sur les fondements mêmes de l’impôt et de notre rapport à ce dernier. La plupart des gens préfèrent éviter ce genre de questionnement, les jugeant trop abstraits, sans savoir qu'ils en payent sou- vent tous les jours le prix. Car de même que nul n’est censé ignorer la loi, nul n’est censé démissionner de sa citoyenneté, ou la sacrifier sur l’autel de la technicité. Or, les débats citoyens sur les fondements d’une dynamique démocratique doivent être au centre des préoccupations de chaque citoyen. Ainsi, sommes-nous de mauvais payeurs comme certains le pensent pour des rai- sons culturelles ? Ou encore historiques ? Notre réticence à payer l’impôt est-elle des fois compréhensible, sans pour autant être défendable ? Et l’Etat, ne voit-il pas dans l’impôt qu’un moyen de boucher les trous des différents déficits. Nous allons tenter d’y répondre en abor- dant l’impôt sous 4 angles différents, mais complémentaires : • La légitimité : qui décide l'impôt ? et qui en trace les limites ? • Le sens : l’impôt obéit-il à une logique ? Y a -t-il un sens ? • La crédibilité : les résultats de l’usage qui en est fait sont-ils palpables ? • La soutenabilité : le niveau d’imposition est-il contre-productif ? Commençons par la légitimité Dans tout État de droit moderne régi par conséquent par un ordre constitutionnel et par une séparation claire des pouvoirs, l’impôt ne saurait être décidé selon une logique arbitraire. Il est toujours et par-

Sans une vision politique et économique claire, cohérente et réaliste, la perte de sens de l’impôt aura de beaux jours devant elle.

tout le fruit d’une décision souveraine. Il revient donc aux représentants légitimes du peuple de voter l’impôt, en vue de lui procurer une légitimité indiscutable, faisant ainsi l’économie d’une violence, contraire à l’esprit délibératif et participatif de la démo- cratie. Mais si sur le plan formel, c’est bien le Parlement au Maroc qui vote librement les lois fiscales, d’autres aspects viennent interroger cette légitimité. Premièrement, le taux de participation aux élections légis- latives qui a à peine dépassé les 50% lors des dernières élections. Autrement dit, la moitié seulement des électeurs a voté pour ceux qui vont représenter 100% des per- sonnes inscrites sur les listes électorales. Mais ce n’est pas problématique dans la mesure où, comme disait un de mes plus grands professeurs : «les absents ont tou- jours tort !». Autre aspect problématique, une souve- raineté a beau être légitime, tout dépend de l’usage qui en est fait. Car une fois élu, le représentant peut décider de trahir poli- tiquement sa base électorale, notamment sur les questions fiscales, en privilégiant ses intérêts ou ceux d’un groupe d’intérêt, au détriment de ceux qui l’ont élu. Et à part les yeux qui leur restent pour pleu- rer, les électeurs devront de se contenter d’attendre les prochaines élections pour sanctionner politiquement le renégat. Deuxièmement, la question du sens de l’impôt Étant l’un des fondements du contrat

social, l’impôt doit avoir du sens pour la communauté qui aura à le supporter. Dans un Etat providence, un impôt n’a de sens que dans la mesure où il contribue à la réa- lisation de l’intérêt général et au renforce- ment de la solidarité sociale entre classes. Il doit aussi être la contrepartie des presta- tions fournies par l’Etat (Santé, éducation, transport, sécurité,...). Or, au Maroc, c’est loin d’être évident, à en juger par l’état de l'hôpital et de l’école publique, mais aussi du sentiment d’insécurité que vivent bon nombre de nos citoyens, mais surtout de nos citoyennes. Reste la solidarité, mais la solidarité avec qui ? Avec ceux qui ne payent aucun impôt et qui veulent rester dans l’informel ? Difficile de donner du sens à tout cela. De même, si je paye des impôts et des taxes pour la santé et l’école publique, et que par ailleurs, je me retrouve obligé de placer mes enfants dans le privé pour leur garantir un espoir d’avenir et de me soigner dans une clinique ou auprès de médecins privés, ces impôts ont-ils tou- jours un sens pour moi ? Le sentiment d’injustice et de non-sens qui peut en découler, donne souvent lieu à un sentiment de contrainte et d’expropriation inique au moment de payer l’impôt, ou pire, à la tentation de trouver un moyen fraudu- leux pour ne pas payer tout court. Ainsi, sans une volonté politique claire et affirmée, et sans un modèle de dévelop- pement économique crédible, palpable et efficace, aucun sens ne peut être donné à l’impôt, sinon celui de réduire les déficits,

Dans tout État de droit moderne régi par consé- quent par un ordre constitu- tionnel et par une séparation claire des pou- voirs, l’impôt ne saurait être décidé selon une logique arbitraire.

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de boucher les trous budgétaires et de gagner du temps pour le gouver- nement. Car quand il y a un quel- conque désir politique d’opérer des changements au niveau fiscal, ce que le gouvernement appelle «réforme fiscale» , revient au fait ni plus ni moins qu’à des adaptations conjonc- turelles et à des jeux de vases com- municants entre différentes rubriques budgétaires. Le résultat est que toute notre architecture fiscale est le pro- duit de plusieurs strates qui se sont successivement accumulées dans le temps, donnant lieu à une sorte de nœud gordien qu’aucun gouverne- ment n’ose ne serait-ce que tenter de dénouer. Une complexité ineffi- cace, qui paralyse autant le marché et l’esprit d’initiative que le pouvoir d’achat des citoyens. Il en résulte que la question du sens ou de la fonction de l’impôt, est étroi- tement liée à l’usage qui en est fait et au degré d’efficacité dont découle la crédibilité. Comme évoqué précédemment, sans une vision politique et écono- mique claire, cohérente et réaliste, la perte de sens de l’impôt aura de beaux jours devant elle. Et vous aurez beau collecter tous les impôts possibles et imaginables, leur effi- cience en l’absence de stratégie et de vision demeurera très faible, voire même contre-productive. Mais de plus grands dangers peuvent découler de cette perte de sens et du manque d’efficacité budgétaire. Car parmi les fonctions fondamentales de l’impôt, figure la création d’un lien social solide et d’un sentiment d’ap- partenance fort à une communauté politique qu’on appelle «Nation» . De ce point de vue, l’opacité, le non- sens et la complexité stérile de notre système fiscal ont pour corolaire la fragilisation de ce sentiment de commun, au profit d’appartenance corporatiste, de classe ou d’intérêt particulier. En témoigne la cacopho- nie des représentants des différentes professions libérales au Maroc qui, face à l’instauration d’une retenue à la source de l’IR décidée dans le cadre du PLF 2023, ont décidé de négocier chacun de son côté avec le gouvernement, en cherchant à tirer la couverture de son côté, là où nor- malement ils auraient dû parler d’une voix commune.

Enfin, la question du poids et de la soutenabilité de l'impôt, qui pour le coup relève d’une dimension tech- nique, qui certes est pertinente, mais doit se situer en aval de tout le pro- cessus de réflexion évoqué depuis le début de cette chronique, et non «à la place» de ce dernier. Ainsi, chers représentants du peuple, avant de voter tel ou tel impôt,

tâchez de garder à l’esprit que votre référentiel doit être celui de la légi- timité, du sens et de la crédibilité, avant de vous poser la question : «combien cela va rapporter à l’Etat ?» . Car je vous rappelle que vous avez été élu par le peuple, et non par le déficit budgétaire, le FMI ou la charge de la dette. Car, en tentant de réduire à tout prix et par tous les

moyens le déficit budgétaire, vous risquez d’en aggraver un autre, celui de la confiance entre les citoyens et l’Etat. Le Marocain est par conséquent un citoyen et un contribuable comme un autre. Il payera avec joie tous les impôts qu’il faudra, dans la mesure où il les jugera légitimes, cohérents et efficaces. ◆

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Le Conseil d’Administration de la société s’est réuni le 13 décembre 2022, sous la présidence de monsieur Abdellatif GUERRAOUI, Président, pour examiner l’activité et les résultats du Groupe Auto Hall et arrêter le budget pour l’année 2023. ➲ Recul du marché automobile à fin novembre compte tenu du contexte difficile de 2022 conjugué à la baisse de disponibilité des véhicules consécutive à la pénurie des semi-conducteurs ➲ Réalisations Auto Hall en recul par rapport à 2021 (année dopée par le rattrapage de 2020) mais en hausse par rapport à 2019 ➲ Contribution positive dans le chiffre d’affaires de l’activité véhicules d’occasion Autocaz ➲ Démarrage de la distribution de Abarth, Alfa Romeo, Fiat et Jeep avec des ventes supérieures aux prévisions

Contexte 2022

Facteurs favorables : • Montée en régime de l’activité Autocaz, • Démarrage de la vente de Chery, Maserati et du véhicule électrique Seres, • Partenariat avec FCA : ventes Abarth, Fiat, Jeep et Alfa Romeo à partir de septembre. Contraintes : • Marché automobile orienté à la baisse, • Difficultés sur l’approvisionnement en véhicules auprès de certains constructeurs.

Marché national en unités

nov-19 nov-21 nov-22

137 544

128 023

128 895

19 376

16 394

15 970

3 740

4 820

4 110

1 512 1 773

903

Véhicules ulitaires légers

Voitures parculières

Tracteurs agricoles

Véhicules industriels

Réalisations commerciales à fin novembre

Les réalisations du Groupe Auto Hall ont affiché une baisse de 22% par rapport à fin novembre 2021 mais restent en progression de 4% par rapport à fin novembre 2019. Cette baisse s’explique par le manque de disponibilité de plusieurs modèles en raison des difficultés de production chez les constructeurs conjuguée au recul des marchés VP/VUL et agricoles. Le Groupe maintient son leadership dans les marchés des véhicules industriels et des véhicules utilitaires légers avec des parts de marché de 35% et 38 %. Pour la voiture particulière, la part de marché a baissé à 8% contre 10% à fin novembre 2021. Il est à signaler que la commercialisation des marques Abarth, Alfa Romeo, Fiat et Jeep a démarré courant septembre avec des réalisations supérieures aux prévisions. L’activité des véhicules d’occasion confirme le bon démarrage de 2021 avec la vente de près de 1 850 unités apportant un chiffre d’affaires de 240 millions de dirhams.

Comptes sociaux et consolidés à fin septembre

• Le total produit d’exploitation social a suivi la baisse des volumes de vente et s’établit à 2,7 MMdhs, • Le résultat avant impôt social est à 326 Mdhs. Hors immobilier, ce résultat est de 143 Mdhs contre 192 Mdhs à fin septembre 2021. • Le résultat avant impôt consolidé ressort à 164 Mdhs. Le résultat de 2021 hors immobilier était de 283 Mdhs. • EBITDA consolidé ressort à 345 Mdhs.

En millions de dirhams

sept-19 sept-21 sept-22

4 157

3 664

3 157

3 176

2 669

576

2 327

403

326

313

345

323

183

177

164

Chiffre d’affaires Auto Hall

Résultat avant impôt Auto Hall

Chiffre d’affaires consolidé

Résultat avant impôt consolidé

EBITDA

Clôture 2022, budget de l’exercice 2023 & investissements

Les résultats 2022, hors immobilier, devraient se rapprocher de ceux de 2019 . Pour l’année 2023, Le conseil a approuvé le budget de la société Auto Hall et de ses filiales qui table sur une nette progression des chiffres d’affaires et des résultats sociaux et consolidés. Par ailleurs, le Conseil a examiné la situation des investissements et a pris note de la poursuite du programme de développement de nouvelles succursales.

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