FNH N° 1089

27

ECONOMIE

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 15 DÉCEMBRE 2022

www.fnh.ma

Subvention de la farine

◆ Il engloutit 1,5 milliard de DH par an. ◆ Les boulangers et les minotiers sont favorables à sa révision. Un système biaisé ne profitant pas assez aux consommateurs L e pain est un produit de base fortement consommé par les citoyens marocains et occupe une place Par C. Jaidani

mique est très sensible du fait de son caractère socioécono- mique. A l’instar de plusieurs secteurs d’activité, elle a été impactée par le renchérisse- ment des intrants. A ce sujet, les professionnels ont tiré la sonnette d’alarme et ont appe- lé le gouvernement à plusieurs reprises à prendre les disposi- tions nécessaires. «Nous sommes passés par des moments difficiles lors de la pandémie. De nombreux opé- rateurs du secteur ont mis la clé sous la porte. Nous avons honoré nos engagements envers les citoyens, mais la plupart des professionnels ont cumulé des dettes. La reprise a été timide, elle ne nous a pas permis de compenser le manque à gagner que nous avons enregistré. Malgré ces contraintes, nous avons conti- nué à vendre le pain au prix

nisme plus juste pour soute- nir les ménages vulnérables. L’idée germe depuis le gou- vernement Benkirane. Après la libéralisation du secteur des hydrocarbures, il a voulu s’at- taquer à la filière blé, du sucre et du gaz. Mais pour des consi- dérations sociales, la décision a été repoussée le temps d’ins- taurer le registre social unifié (RSU) en vue d’accorder des aides directes aux ménages vulnérables. «La compensation biaise la transparence, l’éthique et l’équité du secteur. Au cours des années 80 et 90, les opéra- teurs avaient lancé des projets de minoterie dans le seul but d’obtenir le contingentement et la subvention. Aujourd’hui, 80% des conséquences désas- treuses sont dues à la farine subventionnée» , souligne Moulay Abdelkader Alaoui, pré- sident de la Fédération natio- nale de la minoterie (FNM). Et d’ajouter que «si ce produit n’existait pas, tout le monde serait gagnant. Toute situation de rente donne lieu à des pra- tiques malsaines. Nous croyons en le registre social unifié qui aura pour objectif d’attribuer de l’aide à la population pré- caire. Notre Fédération lance- ra une étude pour établir un plan comptable sectoriel afin de prouver notre bonne foi, couper l’herbe sous le pied des personnes malhonnêtes et aussi moraliser le secteur» . ◆

fixé par l’Etat il y a dix ans. Pourtant, les intrants et les charges ont connu une flam- bée record. Nous ne profitons d’aucune aide publique. Seule la farine est subventionnée», souligne Lahoucine Azaz, pré- sident de la Fédération natio- nale de la boulangerie et de la pâtisserie. Et de poursuivre : «il n’y a pas assez de marge dans le pain. C’est grâce aux autres produits que les professionnels arrivent à s’en sortir». Cependant, plusieurs associa- tions de consommateurs esti- ment que la subvention de la farine ne profite pas assez aux citoyens, estimant que les bou- langeries réduisent le poids de la baguette de pain ou sacri- fient la qualité pour dégager des bénéfices. Au final, le consommateur est pénalisé. En face, le système de subven- tion est très coûteux pour l’Etat. Le budget alloué n’a cessé de progresser au fil des ans. Il a atteint 1,3 milliard de DH en 2020, 1,5 milliard de DH en 2021 et risque de terminer l’année à plus de 1,7 milliard de DH. La subvention unitaire est d’environ 150 DH par quintal de blé, sans comp- ter les autres frais liés au stoc- kage. Le gouvernement n’a pas caché son intention de réviser le système de compensation afin de trouver un autre méca-

particulière dans leurs habi- tudes alimentaires. C’est pour cette raison que l’Etat continue de subventionner le blé tendre. La libéralisation du secteur ou sa décompensation risque de faire augmenter le prix du pain de 1,20 DH la baguette à 2 DH, soit une hausse de près de 67%. Certes, une bonne partie des ménages a la capa- cité de supporter cette hausse, mais pour les familles nécessi- teuses, ce sera difficile. Parmi les activités les plus concernées par ce produit, figure en premier lieu les bou- langers. Il faut rappeler que le rôle de cette branche écono-

Il n’y a pas assez de marge dans le pain. C’est grâce aux autres pro- duits que la plupart des profession- nels arrivent à s’en sortir.

Le registre social unifié permettra de distribuer des aides directes aux ménages vulné- rables et de sou- lager la Caisse de compensation.

Made with FlippingBook flipbook maker