FNH N° 1089

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ECONOMIE

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 15 DÉCEMBRE 2022

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d’une nouvelle approche dans le traitement et l’exploitation de l’information utile aux acteurs économiques. A cette occasion, les Prix de la recherche en intelligence économique en Afrique pour meilleur livre et thèse de doc- torat, réalisés par des auteurs et doctorants africains, ont été remis respectivement à deux chercheurs du Mali et du Burkina Faso. Le premier prix a été attribué à Mamadou Lamine Sylla du Mali pour son ouvrage : «Vision prospective du financement des économies de la zone UEMOA à travers l’intelligence économique». Le deuxième prix a été décerné au Burkinabé Honoré Ouedraogo pour sa thèse qui a pour théma- tique : «Contribution du système d’information au pilotage d’une démarche d’intelligence écono- mique : cas des opérateurs de téléphonie mobile au Burkina Faso». L’innovation, clé de voûte du développement économique de l’Afrique Afin de mieux affronter les épreuves futures, l’Afrique devrait à coup sûr miser sur l’innovation. Intervenant lors du panel sur «L’impact de l’inno- vation sur le développement économique» , Philippes Clerc, président de l’Académie de l’intelligence économique en France, souligne que «les pays et les citoyens ont dû s’adapter à un lot de changements dic- tés par la crise de la Covid-19 en misant essentiellement sur l’innovation et la transformation digitale» . Selon cet expert, les organisations sont appelées à suivre le rythme rapide avec lequel le cycle de l’innovation s’accélère, et ce en menant des investissements dans ce sens en vue d’anticiper les risques. Il déclare ainsi que l’innovation doit concerner les outils, les méthodes et les modes d’action en matière d’intelligence éco- nomique. Dans le même sillage, Siham

Harroussi, vice-présidente du FAAIE, considère que les pays africains devraient privilégier deux concepts clés, à savoir la frugalité et l’agilité. En ce qui concerne le premier concept, la spécialiste fait savoir que celui- ci a l’avantage de permettre une innovation avec peu de moyens. «Cette méthode, que nous avons déjà mise en pratique en temps de Covid-19, est essentielle puisqu’elle va permettre aux pays afri- cains de relever les défis qui s’imposent à eux dans un environnement incertain», relève-t-elle. Le deuxième concept consiste, quant à lui, à changer de mindset aussi bien sur le plan individuel que collectif. «Le chemin est loin d’être facile, puisqu’il nécessite de casser des schémas et des processus quand cela s'impose, mais cette solution demeure indispensable si l’Afrique sou- haite surmonter les difficultés», poursuit-elle. Au Maroc comme dans d’autres pays africains, les jeunes s’ins- crivent de plus en plus dans une dynamique entrepreneuriale, quoique souvent ils se heurtent à beaucoup de difficultés, que ce soit par manque d’expé- rience, de moyens ou autres. Selon Omar Ezziyati, directeur veille stratégique, innovation et influence à Bank of Africa, «le projet d’innovation et d’entre- preneuriat doit être suffisam- ment influent pour pouvoir attirer, gagner la confiance et surtout fidéliser les différentes parties prenantes. Il existe trois dimensions d’entrepreneuriat, à savoir l’intention entrepreneu- riale, le profil entrepreneurial et l’écosystème entrepreneurial». Et de soutenir : « En Afrique, beaucoup de jeunes ont l’inten- tion d’entreprendre, mais peu sont ceux qui osent passer à l’action. Les efforts doivent donc être multipliés afin de motiver les jeunes à innover et à se lancer dans l’entrepreneuriat en vue d’assurer la résilience et le développement de l’Afrique».

Selon Philippes Clerc, les organisa- tions sont appelées à suivre le rythme rapide avec lequel le cycle de l’innova- tion s’accélère.

De nouvelles priorités en vue Si l’Afrique n’arrive pas à faire des sauts qualitatifs dans le domaine de l’innovation, c’est en raison de plusieurs facteurs énumérés par Driss Guerraoui à l’occasion de cette rencontre. Il s’agit, entre autres de : • La crise de l’école : Ceci empêche l’Afrique de former des compétences et de pro- duire des élites scientifiques d’un niveau d’excellence à la mesure des ambitions, mais surtout des défis qu’affronte notre continent; • L’absence de l’intérêt réel des Etats pour l’innovation; • L’absence de financement réellement conséquent; • Une gouvernance inappro- priée des dispositifs existants en matière d’innovation; • La fuite des cerveaux, avec l’absence de politiques publiques pour attirer et retenir les scientifiques africains; • Le déficit de coopération panafricaine dans ce domaine. Ces facteurs expliquent, en effet, les faibles classements des pays africains dans tous les indicateurs internationaux en matière de recherche scien- tifique et de l’innovation. «On dénote la part de la contribution de scientifiques et d’inventeurs comparativement au total de la production scientifique et d’innovation dans le monde. Il s’agit aussi de la part faible

des publications scientifiques et de brevets d’invention com- parativement à celle du reste du monde. Chiffres à l’appui : l’Afrique, qui représente 17% de la population mondiale, ne dispose que de 2,4% de scien- tifiques, soit 79 scientifiques pour un million d’habitants. Aux Etats-Unis, le nombre des scientifiques s’élève à 4.500 par million d'habitants. Ces réalités expliquent l’état de l’innovation dans notre continent», détaille- t-il. Pour ce qui est des priorités de l’Afrique en matière d’innova- tion, le président du FAAIE sou- ligne que l’évolution des réalités du monde a fait émerger de nouvelles priorités : «Une inno- vation qui permet à l’Afrique de réussir la transition climatique, économique, énergétique, sani- taire, numérique ainsi que la souveraineté alimentaire. L’idée est de se doter de dispositifs pour être mieux armés face aux risques de la cybersécu- rité. L’innovation doit aussi per- mettre d’accompagner l’Afrique à relever le déficit de l’infras- tructure et celui de la gestion durable des ressources. Mais le grand défi aujourd’hui réside dans la promotion de la dyna- mique entrepreneuriale auprès des jeunes et des femmes, que ce soit au niveau urbain ou rural. C’est aussi une manière de rete- nir les jeunes du milieu rural» . ◆

L’Afrique dispose d’un vrai potentiel de développe- ment de ses

ressources naturelles.

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