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INVITÉ DE LA RÉDACTION
FINANCES NEWS HEBDO
VENDREDI 29 JUILLET 2022
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30.000 dossiers actuellement. «L’écart est très important», avoue Boubrik. C’est pourquoi «nous avons mis en place des centres de traitement (externalisés) avec des prestataires externes. Ils sont sous notre supervision, avec une formation dispensée par la CNSS. Pour une ving- taine de ressources externes, nous avons un superviseur bien expérimenté salarié de la CNSS afin que le traitement des dos- siers se fasse sans problème», explique-t-il. Ces centres vont donc per- mettre d’absorber le surplus d’activité attendue. Tout un process a été mis en place : les dossiers maladie sont déposés dans les réseaux (les 2.000 points), puis ramassés par un logisticien, en l’occur- rence Sapress qui a été choisie pour cette mission, et enfin acheminés chez un presta- taire externe dans un centre d’opération back-office situé à Ain Sebaâ, où opèrent 140 personnes actuellement. «Globalement, 70% des dos- siers jugés simples sont traités sur place puis archivés, et les 30% restants, que l’on estime compliqués, sont scannés et envoyés chez nous, au niveau central» , explique le patron de la CNSS. «C’est tout ce dispositif qui
nous permet de faire face à cette forte hausse d’activité. L’effectif du centre peut être porté à 800 en deux ou trois semaines, le temps de former des compétences, en fonction de l’augmentation du niveau d’activité. Toute la partie archi-
tecture est calibrée pour accueillir jusqu’à 900 personnes supplémen- taires», ajoute-t-il. Ce choix de ne pas recruter des ressources permanentes est légiti- mée par la Caisse par deux éléments : le besoin de flexibilité et un gros projet d’un nouveau sys-
Le gouvernement a prévu la mise à niveau de la gouvernance de la CNSS pour prendre en compte l'octroi de la gestion de la géné- ralisation de l'AMO à cet organisme.
tème d’information qui permet- tra de dématérialiser complè- tement l’AMO. «En misant sur la digitalisation, nous n’avons pas besoin de recruter à terme énormément de personnel. Par contre, nous renforçons nos ressources de 300 personnes sur la partie AMO au niveau central. Parce qu’il faut bien des gens pour traiter les 30% de dossiers compliqués que nous recevons du centre d’opération d’Ain Sebaâ» , précise BoubriK. Soulignant aussi que les RH vont être renforcées dans tout ce qui est inspection, moni- toring par rapport aux pres- tataires de santé, lutte contre la fraude sociale, contrôle et recouvrement. La CNSS ne
dispose que de 140 inspec- teurs pour le contrôle et 140 agents pour le recouvrement, ce qui est très insuffisant. Le recouvrement des cotisations reste par exemple un maillon important de la chaine, car «si on veut mettre en place un système de protection sociale, il faut sécuriser les ressources financières par les cotisations», explique Boubrik. Globalement, les RH vont être renforcées de 500 personnes cette année. «Toutes ces mesures prises et les process déployés nous per- mettent, au final, d’immatricu- ler et de servir les assurés dans de bonnes conditions. C’est quelque chose d’extrêmement important», note-t-il.
Mieux encore, la CNSS estime être dans les délais sur le plan opérationnel, avec l’immatri- culation de 2,03 millions de travailleurs non-salariés au 21 juillet 2022, dont 840.000 agriculteurs et plus de 300.000 artisans. «Sur ces 2 millions, seules 300.000 personnes ont activé leur compte AMO sur notre portail», précise cepen- dant Boubrik. Rappelons que pour les Ramedistes, le processus d’in- tégration à l’AMO démarrera durant ce second semestre 2022, pour une intégration effective avant la fin de l’an- née. En attendant, il va falloir pour- suivre l’adoption et la mise en œuvre de l’arsenal juridique. Il s’agit notamment des décrets relatifs à l'AMO de différentes catégories de professionnels et travailleurs indépendants et personnes non-salariées exer- çant une activité libérale, la loi n°65-00 portant code de la couverture médicale de base, la loi cadre n°34-09 relative au système de santé et à l'offre de soins, le statut particulier des professionnels de santé et la loi relative au régime de la sécurité sociale. Il est aussi prévu la mise à niveau de la gouvernance de la CNSS pour prendre en compte l'octroi de la gestion de la généralisation de l'AMO à cet organisme. ◆
Le déploie- ment de la protection sociale glo-
bale se fait de manière pro- gressive, avec
Les défis que pose l’AMO
L’assurance maladie obligatoire est un sujet à la fois complexe et passionnant qui pose cependant d’énormes défis. L’un des plus saillants a trait au vieillissement de la popula- tion, ce qui impacte fortement l’AMO. Actuellement, les progrès de la médecine font que beaucoup de pathologies mortelles ont évolué vers des maladies chroniques. «Et l’on s’en félicite évidemment. Mais du point de vue du régime de l’assurance maladie, cette évolu- tion médicale fait que le risque se transforme en risque à long terme qu’il faut gérer avec beaucoup de prévention et de monitoring», souligne Boubrik. Raison pour laquelle, poursuit-il, «un grand sujet va se poser avec l’AMO : passée cette phase d’intégration, comment faire pour remplir de façon optimale notre rôle de vrai assureur ? C’est-à-dire faire passer la Caisse d’un d’établissement presque à caractère administratif, qui liquide des dossiers sur la base de la conformité, à un vrai assureur maladie qui va gérer le risque, essayer de le réduire et tenter d’augmenter l’efficacité du système en général». «L’investissement sur la data est donc important à ce niveau. Nous venons de lancer une étude sur la transformation digitale de la CNSS dans ce sens-là», conclut le patron de la CNSS.
la période 2021-2022
pour la géné- ralisation de l’assurance maladie obli- gatoire.
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