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ECONOMIE
FINANCES NEWS HEBDO
VENDREDI 18 SEPTEMBRE 2020
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nations évités et environ 10.000 décès), tandis que l’action du ministère de la Santé et du corps médical, dans son immense majorité, est à saluer également. Sur le plan écono- mique, financier et social, de nombreuses mesures ont également été mises en place, depuis le lancement du Comité de veille éco- nomique (CVE), présidé par le ministre de l’Economie, des Finances et de la Réforme de l’Administration. Aussi, la principale et plus importante mesure à mes yeux est la création, sur ordre du Roi Mohammed VI, du Fonds de soutien de lutte anti-coronavirus, qui a dépassé à ce jour près de 35 milliards de DH. Ce qui fait du Maroc le 4 ème pays au monde dans la lutte contre la pandémie en termes de dépenses allouées rapportées au PIB. Ce fonds a pour objectif, d’une part, de soutenir l’action de l’Etat en termes de mise à niveau des infrastructures sanitaires et, de l’autre, soutenir les TPE-PME en difficulté financière et le pouvoir d’achat des ménages les plus vulnérables (salariés ayant perdu leur emploi inscrits à la CNSS, personnes opérant dans le secteur informel couvertes ou non par le Ramed…). A ce jour, ce sont près de 18.000 entreprises qui ont obtenu des cré- dits bancaires garantis par l’Etat «Damane Oxygène», plus de 134.000 entreprises qui ont bénéficié des mesures de soutien de l’Etat. 950.000 salariés inscrits à la CNSS ont perçu des indemnités de pertes d’emploi (le tiers du nombre total de salariés inscrits) et plus de 4 millions de ménages dans l’informel ont bénéficié des aides financières directes. Cependant, l’ensemble de ces mesures, aussi vigoureuses soient-elles, ne relèvent que du conjoncturel, tandis que notre économie a besoin d’un véritable plan de relance multi- dimensionnel et qui s’étalera sur plusieurs années. Ce plan de relance serait articulé autour d’un certain nombre d’axes straté- giques. Il s’agit, à titre indicatif, de : (i) l’aug- mentation de l’effort budgétaire dans certains secteurs clés; (ii) la mise en place d’une véritable réforme fiscale basée sur l’équité et la solidarité; (iii) la réorientation stratégique de la politique industrielle ; (iv) une politique monétaire qui soit moins «conventionnelle»; et (v) le renforcement du rôle social de l’Etat. De manière plus précise, il découle de cela 4 axes fondateurs en termes de politique économique et ses programmes d’action prio- ritaires. Le premier axe, comme on l’a men- tionné, concerne le système de santé dans sa globalité. L’expérience vécue de ces derniers mois montre toute l’importance de la mise en place des équipements, des matériels et dispositifs sanitaires suffisants pour faire
face aux chocs sanitaires pouvant impacter les populations. Le deuxième axe prioritaire est celui des infrastructures de base néces- saires au bon fonctionnement du système économique, notamment les infrastructures de transport, de logistique et de télécommu- nications. En outre, cet épisode pandémique a montré qu’un système productif résilient, compétitif et à haute productivité est plus en mesure d’absorber les chocs exogènes et assurer un certain degré d’autonomie en situation de crise. C’est particulièrement le cas pour les entreprises opérant dans les activités produi- sant les biens de première nécessité, tels que les produits alimentaires, les médicaments ou les produits d’hygiène. De ce point de vue, assurer un certain degré d’autonomie de l’économie devient l’une des principales priorités de l’action publique. La refondation des choix de politique économique ne peut enfin être conçue sans intégrer la dimension relative au capital humain. En effet, les gains en matière de compétitivité, de productivité et d’emploi restent subordonnés à la qualité du système éducatif et de formation profes- sionnelle. Le dernier facteur de résilience est le degré de cohésion sociale et de solidarité.
Là encore, l’expérience vécue a montré la nécessité de développer de nouvelles formes de solidarité à travers la mise en place de systèmes de protection adaptés, le dévelop- pement de programmes de réduction des inégalités et l’instauration de filets de sécurité sociale au profit des catégories sociales les plus vulnérables. En somme, le renforcement du rôle social de l’Etat. F.N.H. : Enfin, selon vous, quels sont les pans de l'économie nationale qui risquent de faire les frais de la crise de façon durable ? T. E. M. : Tout d’abord, il convient de rap- peler devant cette conjoncture singulière et particulièrement difficile les prévisions de croissance établies initialement par le Centre marocain de conjoncture (CMC), qui ont été révisées à la baisse pour ne retenir que des scénarii modestes, voire médiocres. En effet, en fonction des éléments nouveaux impo- sés par les trois événements cités ci-haut, la trame d’hypothèses de référence a été modifiée et recomposée pour déboucher sur des taux de croissance pour les années 2020, 2021 et 2022 encore plus bas que ce qui a été prévu au départ. Ainsi, le taux de croissance
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