Carillon_2016_10_07

Danielle Duplantie : une femme qui s’assume

ÉLISE MERLIN elise.merlin@eap.on.ca

Cheveux courts, sourire aux lèvres, te- nue décontractée, mais chic… Danielle Duplantie, âgée de 61 ans, est une femme bien dans sa peau. C’est une femme enthousiaste qui contamine sa bonne humeur lorsque l’on s’entretient avec elle. On lui confirait avec plaisir ses secrets. Elle laisse le sourire aux lèvres de bien des personnes qui croisent sa route. Très active au sein de la communauté, Danielle Duplantie a grandi à Hawkesbury jusqu’à l’âge de 10 ans. Elle a fréquenté l’école l’Assomption, située sur la rue Cameron. C’est d’ailleurs là qu’a grandi cette femme, aux ongles vernis de couleur jaune pailletée, a grandi. Ses parents avaient une maison située sur la rue Cameron, son père, Jérôme, était enseignant de formation, mais travail- laient au service de la paie à la CIP, et samère était une enseignante. Mais comme c’était souvent l’habitude à l’époque, samère arrêta de travailler lorsqu’elle s’est mariée à 21 ans. « Je suis et je serai toujours une fille de Hawkesbury. C’est ma ville de cœur. J’y ai passé des moments formidables avec ma sœur. J’avais beaucoup d’amis… c’étaient mes cousins », confie Mme Duplantie. Son père est le dernier d’une famille de 13 enfants. Des cousins, Danielle en a donc beaucoup. « J’avais quelques cousins dans la région, on les visitait souvent. J’ai grandi auprès d’eux à Hawkesbury. C’étaient mes amis avec qui je jouais », poursuit-elle. L’un de ses meilleurs souvenirs de jeu- nesse à Hawkesbury c’est, entre autres, lorsqu’elle a joint les Jeannettes à l’âge de 8 ans. « J’étais attirée par l’uniforme des Jeannettes, et le sentiment d’appartenance à un groupeme plaisait énormément. On était importante, c’était valorisant » explique-t- elle. Elle l’exprime sans hésitation qu’elle a eu une jeunesse heureuse. Mais le choc de sa vie a été en 1962 lorsque, à l’âge de 10 ans, elle quitte Hawkesbury. Un jour, son oncle appelle à la maison pour proposer à son père un poste d’ensei- gnant à l’École secondaire de Cornwall, son père accepte rapidement et la famille part en décembre 1962 s’installer à Cornwall. « C’était le choc de ma vie, je ne parlais pas anglais, et tous les élèves de mon école parlaient anglais. J’étais perdue au début dans cette foule anglophone. Ce fut un choc culturel », confie-t-elle. Mais elle va se sur- passer, travailler, et lire dans la langue de Shakespeare, pour apprendre cette langue qu’elle ne connaît pas. « Les notes étaient très importantes pour mes parents. En plus, ils sont tous les deux enseignants, il fallait que j’obtienne de bonnes notes » explique Danielle. Ce chapitre plus difficile de sa vie, elle va le vaincre avec courage et à la fin du secondaire, elle poursuit ses études en obtenant un diplôme de formation des maîtres. Elle devient d’ailleurs enseignante à

Danielle Duplantie en compagnie de ses deux élèves échanges. — photo fournie

l’élémentaire durant sa carrière profession- nelle à Cornwall. Puis elle s’intéressera aux problèmes d’apprentissage liés à certains élèves et deviendra conseillère pédagogique. Puis, à l’approche de la retraite, elle monte les grades, et devient directrice de l’École catholique Jean XXII de Cornwall. Pour cette passionnée de la langue fran- çaise, la famille c’est sacrée, ce qui explique, le lien si particulier qu’elle entretien avec ses propres enfants. Elle est mère d’une fille, Marie-Andrée, 38 ans et d’un garçon, Yves, âgé de 34 ans. Yves habite la région, et sa fille, c’est enNouvelle-Zélande qu’elle a posé ses valises et qu’elle s’est mariée. Danielle a une personnalité atypique, elle est créative, ses passions sont centrées sur l’art et la découverte. Elle a voyagé un peu partout : Europe, Nouvelle-Zélande, États-Unis à plusieurs reprises, c’est une aventurière. Elle peint, elle lit beaucoup, elle adore le théâtre, elle a finalement un goût prononcé pour les arts. Comédienne à ces heures au sein de l’Amalgame, elle a participé à plusieurs pièces de théâtre comme Les belles sœurs de Michel Tremblay; elle s’est vu attribuer le rôle de la dame en fauteuil roulant. La photographie est aussi l’un de ses passe-temps. Danielle est attirée par les nouveautés. Un brin hyperactive, lorsqu’elle prend sa retraite, pas question de s’ennuyer. Elle décide de devenir famille d’accueil pour un programme d’échanges d’élèves. Elle

ouvre sa maison à deux élèves échange de la Chine qui fréquentent l’École secondaire de Cornwall. Les deux « filles adoptives » de Danielle viennent de la région de Harbin, située dans le Nord Est de la Chine. Le but pour ces deux élèves est de perfectionner leur anglais. Elles se surnomment Jennifer et Snow, des prénoms anglophones leur ont été attribués durant cet échange. « Je suis heureuse d’accueillir chez moi ces deux élèves échanges. Une agence inter- nationale travaille avec des conseils scolaires canadiens dans le but d’aller chercher des étudiants échange dans le monde entier (…) Des gens de partout viennent chezmoi, car le conseil scolaire peut très bien attri- buer, dans les foyers, des élèves du Brésil, de l’Italie », explique Danielle Duplantie. Jennifer vit depuis maintenant un an chez Danielle, et Snow est arrivée depuis cette année. « J’essaie de les faire parler une autre langue que le mandarin, à la maison, elles parlent anglais », explique Danielle. Danielle Duplantie est aussi à l’origine du concours LOL, qui connaît un véritable succès depuis sa création. « Je suis très fière de ce projet, c’est l’une demes fiertés » avoue Danielle. Le but était de trouver des jeunes qui pouvaient manifester leur amour de la langue française par le biais de l’humour. « Près de 80 élèves se sont inscrits, ils ont très vite réalisé que l’humour c’était du travail. Pour moi c’est aussi important de démon- trer que dans l’Ontario français que nous sommes capables de faire de belles choses

», explique Mme Duplantie. Le premier concours LOL fut un véritable succès. « La salle du collège était remplie, des centaines de personnes sont venues à la représentation, il y avait quasiment plus de sièges vides pour la finale », explique Danielle. Elle poursuit en soulevant l’engagement du personnel enseignant et des autres per- sonnes qui ont contribué pour mener à bien le concours « Tout le monde a embarqué dans le projet, chacun a mis la main à la pâte, et encore aujourd’hui cela se poursuit. C’est encourageant, on va souhaiter que le succès continu, car en 2017, nous allons avoir un concours provincial dans le cadre du 150 ème anniversaire du Canada », explique Danielle. Cette femme, peu banale, confie son atti- rance pour les gens originaux, qui n’ont pas peur de faire leur marque, elle est engagée au sein de quatre conseils d’administration, dont L’Association canadienne-française de l’Ontario (ACFO) de Stormont, Dundas et Glengarry ; l’Amalgame qui est un groupe de théâtre de lecture et d’écriture ; La Clinique juridique et la Généalogie et Archives St- Laurent, qui est un groupe destiné à faire des recherches sur la généalogie. Danielle est aussi membre de trois comités francophones et du Club Richelieu. Cette femme libre, dont le sourire lumi- neux et la générosité contagieuse irradient l’entourage, est une femme tout simplement bien dans sa peau.

Le Carillon, Hawkesbury ON.

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Le vendredi 7 octobre 2016

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