Finances News Hebdo N° 1062

P OLITIQUE

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JEUDI 14 AVRIL 2022 FINANCES NEWS HEBDO

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Gouvernement - Parlement : Saison 2 A vec l'ouverture de la session de printemps du Parlement, le ven- dredi 8 avril courant, peut-on escompter une activation de la vie politique ? En tout cas, le gouver- Par Mustapha SEHIMI Professeur de droit, Politologue

nement paraît s'y atteler. A preuve, la réunion de la majorité provoquée par le chef du gou- vernement, Aziz Akhannouch, président du RNI, avec ses deux alliés, Nizar Baraka (parti de l'Istiqlal) et Abdellatif Ouahbi (PAM). Elle s'est tenue d’ailleurs ce même jour au siège du parti du tracteur. Pourquoi les locaux de cette formation ? Personne n'en sait rien... Il a été précisé que c'était là un agenda men- suel - la précédente avait eu lieu le 22 février dernier... Quoi de neuf à l'issue de cette rencontre ? D'abord, une certaine continuité dans la communication, puisque les trois diri- geants se sont strictement limités à une prise de parole sans se prêter à ce que l'on appelle le jeu des questions de la presse et à des réponses. Il semble bien que c’est le chef de l'exécutif qui se cramponne obstinément à cette «règle». Il l'avait d'ailleurs imposée au cours de la campagne électorale... Une approche discutable, sujette à caution : dans de telles conditions, à quoi bon parler de conférence de presse, avec des dizaines de journalistes présents ? Le plus simple n'est- ce pas d'adresser à la MAP les textes des déclarations. Pas de «baguette magique» Cela dit, rien de nouveau non plus pour ce qui a été dit à cette occasion. Aziz Akhannouch a réitéré ce qu'il avait déclaré auparavant, en maintes circonstances : «Rien ne peut impac- ter l'effort de réalisation du programme gou- vernemental» . Quel a été son argumentaire ? Que les fortes contraintes actuelles pesant sur le Maroc sont surtout exogènes : sécheresse, flambée des produits de base, rupture et/ou perturbation des chaînes d'approvisionne- ment, impact de la pandémie Covid -19 et, depuis la fin février, le conflit Ukraine-Russie. Pas de quoi conforter la relance économique qui était pourtant tellement priorisée dans le discours gouvernemental, tant dans la Loi de Finances 2022 que dans le programme gouvernemental d'investiture du 13 octobre dernier. Ce qui a été mis en relief intéresse

surtout en effet ce qu'a fait - ou compte entreprendre - ce cabinet. Référence a été faite à plusieurs secteurs : subvention des produits de première nécessité (sucre, gaz butane, farine, blé tendre, eau et électricité); soutien du monde rural et subventions; appro- visionnement en eau potable des villes et des zones rurales; mise en œuvre du chantier de protection sociale; constitution d'un stock stratégique de produits essentiels; soutien à des secteurs sinistrés comme le tourisme et les transports. Mais, comme pour se dédoua- ner, le chef de l'exécutif a précisé que «le gouvernement n'a pas la baguette magique pour résoudre tous les problèmes» . Qui a dit le contraire ? Tout imputer globalement à des facteurs exogènes ne doit pas minorer ni éva- cuer la part qui revient à ce gouvernement. Six mois après son installation, force est de faire ce constat : le nouveau cabinet va-t-il arriver à imprimer une dynamique à l'action gouver- nementale et à sa cadence ? Les semaines et les mois à venir vont être décisifs à cet égard. Nizar Baraka, dirigeant du parti de l'Istiqlal, a également fait part de la détermination du gouvernement «à travailler pour atténuer l'impact de cette conjoncture sur les citoyens et les entreprises». Il a ajouté que les inves- tissements publics prévus, de l'ordre de 245 milliards de DH, seront maintenus; et que le souci est aussi de «servir les citoyens, notam- ment la classe moyenne et les catégories à faible revenu». De même, Abdellatif Ouahbi

(PAM) a confirmé la «décision du cabinet de relever un grand défi : transformer cette crise internationale en opportunité pour développer notre économie...». Des textes et des réformes en instance Un discours globalement lénifiant que celui de cette majorité. Des textes et des réformes importants sont pourtant encore en instance: la charte de l'investissement, la réforme fis- cale, le code pénal et le code de procédure pénale, le projet de loi sur l'inconstitutionna- lité consacré par la Constitution de 2011, la fiscalité. Il faut y ajouter d'autres : une nouvelle poli- tique des revenus et la refonte du statut de la fonction publique dans une perspective d'une plus grande mobilité et d'une meilleure prise en compte des compétences. Il faudra bien se pencher sur les dépenses de fonctionnement de 241 MMDH (+7%), pratiquement du même montant que celles de l'investissement dans le budget général de l'Etat, dont 147 MMDH pour le personnel ! Ce modèle qui voit ces dépenses consommer 48% du budget général est-il viable ? Où en est le bilan du Plan natio- nal de la réforme administrative (PNRA), avec ses objectifs d'implémentation de transfor- mations structurelles d'ordre organisationnel, managérial, numérique et éthique? Et l’Agence de développement du digital (ADD) ? Que fait-on pour le dégraissage du «mammouth» de la fonction publique qui compte 570.000

Tout imputer globalement à des facteurs exogènes ne doit pas minorer ni évacuer la part qui revient à ce gouverne- ment.

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