Hors Série 42_compressed

C onjoncture

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F. N. H. : Mais comment apprécier la respon- sabilité du gouvernement dans ce dilemme ? M. B. : Le gouvernement a une res- ponsabilité nationale sur le plan de la santé, mais aussi sur le plan économique et social. Quelle que soit l’orientation qu’il serait amené à adopter, il sera jugé sur les consé- quences de sa décision, et on dira qu’il a pris une mauvaise décision. La prise de décision est difficile dans la mesure où cette épidémie nous noie dans une mer d’incer- titudes. A ce jour, après des mois et des mois, nous ne sommes pas sûrs de l’origine du virus; nous ne savons pas encore les mutations que subit ou que pourra subir le virus au cours de sa propagation; nous ne savons pas quand l’épidé- mie régressera et si le virus demeu- rera endémique; nous ne savons pas jusqu’à quand et jusqu’à quel point le confinement nous fera subir empêchements, restrictions, rationnement; et surtout nous ne savons pas quelles seront les suites politiques, économiques, natio- nales et planétaires de restrictions apportées par les confinements. Chaque incertitude nous conduit vers de nouvelles incertitudes. Les vagues de pandémie se succèdent en se régénérant à chaque fois, fai- sant défiler des phases d’espoir sui- vies de phases de désespoir… Et c’est loin d’être fini. Personnellement donc, je com-

prends les décisions du gouverne- ment marquées par un sens aigu de la responsabilité et de la prudence en privilégiant, dans un monde incertain, la santé de la population. Nous ne sommes pas seuls à choisir cette voie. Omicron n’arrêtera pas notre économie ! Elle continuera de fonctionner avec des rythmes diffé- renciés. On l’a vu au cours de cette année qui a enregistré une crois- sance largement positive malgré les mesures préventives de confine- ment adoptées. F. N. H. : Quelle attitude avoir alors face aux conséquences de ces décisions ? M. B. : Si nous naviguons aujourd’hui dans une mer d’incertitudes, nous devons apprendre à vivre avec l’inattendu, et renforcer surtout nos investissements en termes de flexi- bilité et en capacité d’adaptation. Psychologiquement et matérielle- ment. Pour sortir de la crise plus fort dans un monde en mutation. Tous les pays sont en train de tirer des leçons de la crise. La reprise d’activité réelle dépen- dra du rythme de déconfinement adopté par notre pays et celui des autres pays. Elle dépendra du temps d’adaptation humaine et psycholo- gique pour reprendre confiance et vivre probablement avec les vagues successives et changeantes du virus. Mais, surtout, elle dépendra de l’efficacité et de la vaccination

massive de la population…, et pro- bablement avec des doses complé- mentaires successives pour main- tenir la vigueur des anticorps. Ceci dit, je ne pense pas que nous aurons en 2022 une croissance similaire à celle de cette année, tout au plus 3,20%. F. N. H. : Vous avez parlé tout à l’heure du programme de réformes structurelles engagées par le gouvernement. Quelles sont les actions économiques que l’on peut mener sur le court terme pour consolider la reprise d’activité dans la perspective de cet Omicron ? M. B. : Dans l’immédiat, on a besoin surtout d’une action énergique sur l’offre. Il ne faut pas oublier que cette crise est une crise d’offre ! Une crise qui se manifeste par une réduction de la produc-tion, due au confinement, et à d’autres pro- blèmes comme les problèmes d’ap- provisionnement. L’entreprise est une source de pro- duction et de revenus pour les sala- riés, mais aussi pour l’État. La prio- rité est la survie de ces entreprises, dont les équilibres financiers sont aggravés par les impayés. Ce sont les PME et les TPME qui souffrent d’ailleurs le plus, et certaines d’entre elles sont devenues des zombies. Plus le coma économique est long, plus on assistera à des faillites, plus le réveil sera doulou- reux. Il faut veiller à la pérennité de l’outil de production. Pour cela, il faut injecter massivement des fonds destinés à assurer la survie d’entre- prises qui continuent de dépenser sans avoir des rentrées d’argent. Renforcer leurs fonds propres ! Mais il faudrait aussi profiter du moment pour moderniser l’outil de production et le rendre plus com- pétitif ! En énergie alternative par exemple. C’est en période de crise qu’il faut inves-tir ! Les États-Unis et l’Europe l’ont fait pour relancer leurs écono- mies à la suite des crises écono- miques et financières vécues, avec le «Quantitative-easing». Évidemment, ces pays financent leurs déficits et s’endettent avec leur propre monnaie, ce qui n’est pas notre cas.

Ce sont les PME et les TPME qui souffrent le plus de cette pan- démie.

FINANCES NEWS HEBDO / HORS-SÉRIE N°42 12

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