Finances News Hebdo N° 1052

47

ECONOMIE

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 27 JANVIER 2022

www.fnh.ma

est dix fois plus importante que la russe, et déjà première au monde (si l’on comptabilise en termes de parité pouvoir d’achat). Avec le soutien chinois, la Russie pourra aller jusqu’au bout. Dans ce contexte, la Chine pourrait jouer en coulisses un rôle de pacificateur, car elle privilégie moins le recours au conflit armé, en raison de ses fortes interactions éco- nomiques avec le reste du monde (que la Russie n’a pas). La Chine aurait par exemple plus à perdre de sanctions économiques que la Russie. Cela nous rappelle le rôle pacifi- cateur que joue le commerce international. Lorsque les liens économiques sont forts, les

deux parties ont plus à perdre qu’à gagner d’un conflit, ce qui promeut la paix. Une paix durable avec la Russie passe paradoxalement par le renforcement des liens économiques, et non par l’imposition de sanctions éco- nomiques sans précédent. Une leçon que le monde n’a pas apprise après la première guerre mondiale, et qu’il a fini par retenir après la seconde. Mais de nos jours, il semble l’oublier à nouveau. Alors vive le commerce, et à bas les canons !. ◆ (*) : Omar Fassal travaille à la stratégie d’une banque de la place. Il est l'auteur de trois ouvrages en finance et professeur en Ecole de commerce. Retrouvez-le sur www.fassal.net.

traduit une anticipation de crise par les mar- chés financiers, avec une liquidité qui devient plus précieuse sur le court terme. Le taux sur les emprunts à 6 mois atteint désormais 10%, contre 4% il y a un an de cela. Le Rouble a baissé face au Dollar de -10%, mais l’écono- mie est plus autonome qu’elle ne l’était lors de ses précédentes crises. Les occidentaux menacent la Russie de la débrancher du système de paiements interna- tionaux SWIFT. Cela rendrait les agents finan- ciers incapables d’émettre des virements. En théorie, SWIFT est une entreprise indépen- dante basée en Belgique, mais la nature de ses activités en fait un instrument politique pour les occidentaux. La Banque centrale russe a annoncé avoir travaillé sur un sys- tème équivalent à SWIFT qu’ils ont nommé SPFS. Selon les dires de la Banque centrale, ce système aurait déjà réussi à relier plus de 416 entités. La Russie a également annoncé travailler sur l’interconnexion du SPFS – qui reste national pour l’instant – avec le système de paiement de la Chine, de la Turquie et de l’Iran. Les autres menaces portent sur des restric- tions sur les importations et les exportations. Une première série de restrictions avait été lancée en 2014. Conséquence : les importa- tions américaines en provenance de la Russie ont baissé de -33%, et les exportations vers la Russie de -50%. Les importations euro- péennes de la Russie ont baissé de -25%, et les exportations vers la Russie de -40%. Difficile de penser que cela peut baisser davantage, car l’Europe reste très tributaire de la Russie pour son approvisionnement éner- gétique. L’Europe importe 25% de son pétrole de la Russie, et 47% de son gaz naturel. Une conclusion s’impose : la Russie dispose des moyens militaires et financiers pour aller jusqu’au bout. C’est donc pour cela que le timing semble opportun pour les Russes, et que les occidentaux prennent la menace très au sérieux. Mais pour que la Russie aille jusqu’au bout, elle a besoin d’un dernier élé- ment dans son jeu : le soutien de la Chine. En effet, les trésors financiers de guerre mettent du temps pour être accumulés, mais s’évaporent rapidement une fois le conflit déclenché. Si la Russie bénéficie du soutien financier de la Chine, elle pourra contrer les mesures économiques occidentales dans la durée. La décision des occidentaux de ne pas se rendre à l’ouverture des Jeux Olympiques d’hiver de Pékin au mois de février - alors que les Russes seront aux premières lignes – est un signe de la cohésion grandissante entre ces deux puissances. L’économie chinoise

Made with FlippingBook flipbook maker