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BOURSE & FINANCES
FINANCES NEWS HEBDO
JEUDI 17 NOVEMBRE 2022
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◆ Dans un contexte inflationniste, les marges des intermédiaires d’assurance s’érodent, alors qu’elles étaient déjà limitées. ◆ Le Comité directeur de la Fédération nationale des agents et courtiers d'assurance au Maroc (FNACAM) répond à nos questions. Propos recueillis par Y. Seddik «Nous sommes le seul pays à être assujetti à une TVA de 14% sur commissions» Intermédiaires d’assurance
Finances News Hebdo : Tout d’abord, comment évolue le secteur de l’in- termédiaire d’assurance dans ce contexte macroéconomique chahuté ? FNACAM : Difficilement, d’abord parce que le marché est toujours porté essentiellement par l’assurance automobile, et la capitalisa- tion à travers la bancassurance qui, comme son nom l’indique, est pratiquée par les banques. Si l’épargne continue son ascen- sion et profite aux assureurs et aux banques, la branche automobile génère de plus en plus de charges pour les intermédiaires agents et courtiers, alors que leurs revenus stagnent. Par exemple, l’inflation des prix des carbu- rants pousse de nombreuses personnes à vendre leur véhicule, ce qui génère plus de tâches dans la gestion sans contrepartie. Le «prix» reste un critère de premier ordre au dépens de la qualité; et le recouvrement, qui n’était déjà pas évident, devient également très problématique. Tout ceci pèse sur la trésorerie des agents et courtiers, qui voient, dans un contexte inflationniste, leurs marges s’éroder alors qu’elles étaient déjà limitées. F.N.H. : Comment appréhendez-vous aujourd’hui le sujet de la distribution digitale ? FNACAM : La distribution par le canal du digital est incontournable. Les smartphones ont inondé le marché. Rien n’est plus simple aujourd’hui que de questionner les moteurs de recherche pour obtenir une information ou un devis. Le côté pratique, la simplicité et la trans- parence qu’offre ce canal n’échappent pas aux personnes familières du digital qui sont de plus en plus nombreuses. Mais les avan- tages que les clients en tirent ne pourront être pleinement bénéfiques que si les com-
Le marché doit être sensibilisé à l’assurance et à son utilité dans toutes les branches.
Si l’épargne continue son ascension, et profite aux assureurs et aux banques, la branche automobile génère de plus en plus de charges pour les intermé- diaires agents et courtiers.
pagnies d’assurances associent les inter- médiaires d’assurances dans leur stratégie digitale. Les moyens des compagnies d’as- surances sont bien plus étendus que ceux des intermédiaires. Dans ces conditions, si elles ne prennent pas la peine de concevoir ou plutôt de co-concevoir avec eux des solutions digitales, intégrant à la fois la négo- ciation des prestations et de la rémunération, elles mettent en risque l’avenir du métier de conseil en assurances si essentiel au client à toutes les étapes de la vie de son contrat. En effet, le digital, contrairement à ce que beaucoup pensent, génère plus de charges qu’il n’en économise. Compte tenu de la faible rémunération des intermédiaires, peu sont capables d’ouvrir et de financer les opérations liées à un canal de distribution digital (Investissement dans les outils et la formation, marketing digital, coûts publicitaires, coûts du paiement en ligne, coût de la signature électronique, etc.) et physique. L’assurance est un sujet anxio-
gène et, pour cette raison, l’humain reste indispensable, que ce soit au moment de la conclusion du contrat ou au moment de la gestion du sinistre. Le digital se justifie aussi par la néces- sité d’une offre diversifiée. Or, les clients se soucient peu des assurances, à part la RC automobile qui est obligatoire (et dont la souscription est facilement vérifiable par un agent de police, ce qui n’est pas le cas des autres assurances obligatoires). Le marché doit être sensibilisé à l’assurance et à son utilité dans toutes les branches. Cette sensibilisation nécessite des moyens que seules les compagnies d’assurances, ou peut-être un groupement d’intermédiaires, peuvent prendre en charge. La distribution digitale est donc très pratique pour les clients, mais en même temps pour que son implémentation réussisse et que la qualité de service soit toujours au rendez- vous, elle doit nécessairement intégrer l’inter- médiaire, qui reste un acteur incontournable.
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