FNH N° 1085

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BOURSE & FINANCES

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 17 NOVEMBRE 2022

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trésorerie en est le plus faible et, de ce fait, le plus proche du niveau du taux directeur. De surcroit, ses fluc- tuations indiquent qu’il est relative- ment plus élastique au taux direc- teur, comparé aux taux débiteurs appliqués aux autres catégories de crédits et dont le mouvement reflète une certaine rigidité. Nous sommes donc face à des entreprises qui puisent leurs res- sources financières dans des comptes débiteurs, afin de combler leurs besoins en fonds de roule- ment et d’éviter une rupture de leurs cycles d’exploitation. Cette situation est à même d’étendre leurs passifs par des dettes de court terme et d’alourdir davantage leurs charges financières. Sachant que ces dernières s’avèrent proportion- nelles à un taux débiteur relative- ment élastique au taux directeur de la Banque centrale. Dans ce contexte, la hausse du taux des crédits de trésorerie, conséquemment à la hausse du taux directeur, constitue un coût marginal de production que les entreprises devraient répercuter sur les prix de vente pour garder leurs marges de profit intactes. Tout compte fait, une hausse du taux directeur augmentera également les coûts de production, ce qui peut entraîner à la fois une hausse des prix et une baisse de la production. Bank Al-Maghrib a jugé opportun de revoir à la hausse le taux de refinan- cement des banques, et ce dans le but de renchérir le coût des crédits. Dans cette perspective, c’est non seulement la demande agrégée qui devrait baisser, suite au renché- rissement des crédits de consom- mation et d’investissement, mais également l’offre, suite à la hausse du coût des crédits de trésorerie. L’économie marocaine a été bru- talisée par des chocs d’offres exo- gènes, en l’occurrence les chocs énergétique, alimentaire et géopo- litique. Aujourd’hui, les effets de second tour de ces chocs se font ressentir à travers une inflation galo- pante et persistante. Or, le resser- rement monétaire mené par Bank Al-Maghrib est susceptible d’ampli- fier ces effets de second tour, en enclenchant un choc d’offre endo-

gène, passant par le fond de roule- ment des entreprises et accentuant, in fine, les tensions inflationnistes. Ainsi, une grande incertitude plane sur les tenants et aboutissants de la politique monétaire actuellement en vigueur au Maroc, du fait que la hausse du taux directeur peut à la fois ralentir l’activité économique et

augmenter les prix. C’est dire qu’une inflation est portée par le vent du resserrement moné- taire mené par Bank Al-Maghrib. L’idée est que dans un contexte d’inflation importée, influer sur une demande d’ores et déjà déprimée revient à conjuguer la stagnation à l’inflation, dans un semblant de

stagflation. À bonne école, repenser son mal vaut mieux que mal guérir. Nul n’en doute, pas même Bank Al-Maghrib. Car à vouloir agir sur les facteurs internes d’un malaise d’origine externe, on déclenche d’autres maux, moins curables et plus extrêmes. ◆

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